Bonjour à tous,
J'ai une question concernant les deux courants issus de la scission du Parti Ouvrier Social-democrate de Russie en 1903. Dans les premières années, les deux courants ne semblent diverger que sur deux points: le nationalisme et les relations avec la classe moyenne.
Ma compréhension est elle correcte ?

Merci d'avance

Agesilas.

Non. Il ont divergé sur la question des statuts du parti. Cf wikipedia, qui est exact.

OK. Merci pour la réponse!

J'avais cru comprendre que les uns (les bolcheviks) visaient une action plus au niveau de l'Empire et étaient contre les différents mouvements nationaux, alors que les autres (les mencheviks) étaient plutôt favorables aux différents mouvement marxistes nationaux pouvant amener a l'indépendance dudit pays.
Ceci entre 1903 et avant 1917.

Leur grande différence réside au niveau du mode de la prise du pouvoir.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine

Non.
Avant 1917, bolcheviks comme mencheviks étaient partisans du droit à l'autodétermination des différents peuples de l'empire. Après le coup d'Etat d'Octobre et jusque à la fin de l'Union soviétique, cela est resté la doctrine officielle. Concrètement, bien entendu, les bolcheviks, qui ont pris le pouvoir en Russie proprement dite, ont tenté de reconquérir les pays non russes, et y sont parvenus sauf pour ce qui de la Finlande, des pays Baltes et de la Pologne.
Avant 17, la Géorgie était la forteresse électorale des menchéviks (après aussi, d'ailleurs : c'est leur parti qui a dirigé la Géorgie indépendante). Un de leurs principaux dirigeants était Géorgien, Tséretelli, un des chefs de l'opposition à la Douma. C'est peut-être ce qui a pu vous faire croire à une différence entre les deux partis sur la question nationale.

A première vue, La scission entre bolcheviks et menchéviks semble le comble de l'absurdité et du sectarisme : elle s'est produite sur un article du statut du parti. Or, qui lit les statuts d'un parti ? Il est évident que cette phrase n'aurait aucune conséquence sur l'audience du parti, et sur la façon dont il serait perçu. Tout ça a abouti à une scission d'un parti qui était minuscule, et pourchassé par la police. Quand les militants du parti en Russie ont appris la scission, ils ont été incrédules, et ils n'y ont rien compris...

En un autre sens, on peut dire ceci : à propos de cet article, en soi insignifiant, Lénine avait perçu deux sensibilités différentes : la sienne, qui tendait à réserver la qualité de membre du parti à des révolutionnaires professionnels, donc à des chefs dépositaires de la légitimité marxiste et extérieurs à la classe ouvrière ; et celle des menchéviks, qui tendait à accepter dans le parti qui voulait en être. L'antidémocratisme, le totalitarisme latent de Lénine prenait conscience de lui-même à cette époque dans l'opposition entre la classe ouvrière, spontanément réformiste ("trade-unioniste"), et le parti procédant de la théorie vraie (marxiste), donc de la science (Tout ceci est exprimé dans "Que faire ?").
Ce totalitarisme se manifestait aussi dans l'extrême propension de Lénine à considérer quiconque divergeait d'avec lui comme un ennemi. Un menchevik, ce n'était pas pour lui un moins bon combattant de la même cause, c'était un serviteur d'une autre cause, donc un ennemi.
De scission en scission, le parti bolchevik épuré est devenu un parti où il n'y avait plus qu'une seule position exprimée : celle de Lénine. C'est devenu de fait un parti quasi dictatorial.

En Russie, sur le terrain, à la longue les bolcheviks ont plutôt rassemblé les éléments les plus radicaux, les mencheviks les éléments ont rassemblé la majorité : le bolchévisme a été une scission d'une minorité radicale, pré-totalitaire. C'était d'ailleurs une très grande originalité russe, l'existence de deux partis marxistes (je crois qu'il n'y avait pas l'équivalent en Europe). Si bien qu'il y avait finalement trois partis russes membres de l'Internationale : le parti socialiste-révolutionnaire, le POSDR menchevik et le POSDR bolchevik. Le plus important des trois était le parti SR.