Duc de Raguse a écrit :
Merci encore Adulith pour ces précisions.
Citer :
Ces "somnambules" ont accepté la guerre, ils ont accepté le risque d’une guerre.
Personne n'a réussi à maîtriser la situation.
Le risque calculé - mais mal finalement - est déjà observable ici, dans nos échanges.
Quant au fait que "personne" n'ait réussi à "maîtriser la situation", je pense qu'un groupe a justement très bien réussi : celui des militaires (les auteurs des calculs faux au passage...).
Car ce sont bien les militaires qui ont réalisé la partie pratique de chaque système d'alliances. Lorsque les évènements s'enchainent, ce sont eux qui sont les plus efficaces et les plus rapides, pas les services diplomatiques. Cependant, ils sont partis sur des postulats erronés et ont lancé la machine mobilisation/concentration très vite, de telle sorte qu'il était impossible pour les politiques de reculer, au risque de se faire désavouer, voire de se nier soi-même. A ce sujet, les deux pays qui ont offert un "accélérateur" au processus sont ceux pour qui la rapidité de l'exécution était vitale : l'Allemagne et la Russie - cette dernière, sous la pression de la France, puisque c'était un des gages de l'alliance franco-russe (gagner toujours plus de rapidité dans la concentration).
En poussant plus loin, je comprends aussi pourquoi en 1918 la caste des officiers supérieurs prussiens a véhiculé le mythe du "coup de poignard dans le dos" et a permis qu'on fasse défiler les troupes allemandes de retour du front dans les villes allemandes : cela les a déresponsabilisé de la défaite, mais aussi, peut-être, empêché qu'on aille chercher plus loin vers le plan Schlieffen...
Je ne comprends pas votre phrase "Cependant, ils sont partis sur des postulats erronés et ont lancé la machine mobilisation/concentration très vite, de telle sorte qu'il était impossible pour les politiques de reculer, au risque de se faire désavouer, voire de se nier soi-même".
Loin de moi l'idée d'exonérer les militaires mais la décision de la mobilisation est du ressort du politique. On ne peut reprocher aux militaires d'avoir été trop rapides ou trop efficaces dans ce moment crucial. Et si on se focalise sur la mobilisation, alors la responsabilité, ou tout au moins une grosse part de celle-ci revient à la Russie qui ordonne la mobilisation dans certains districts militaires dès le lendemain de l'ultimatum.
A ce stade la mécanique est enclenchée et effectivement chacun joue sa partition sans plus pouvoir rien changer à celle des autres. Il n'est donc plus question de "responsabilité", un état ne pouvant indéfiniment plier devant un autre sous peine d'être ravalé au rang de puissance de seconde zone (ce qu'à priori ni la Russie alors en pleine expansion économique et industrielle, ni la France qui vient de se forger un empire colonial considérable, ne sont prête à accepter)... Je reste pour ma part persuadé de la responsabilité première (primaire?) de l'Allemagne. Je reste cependant dubitatif quant à la volonté de celle-ci d'entrer en guerre. S'agissait-il d'une nième provocation destinée à asseoir un ascendant moral sur les autres puissances du continent ou d'une volonté délibérée de déclencher un conflit car certains trouvaient le moment idéal? Les deux thèses peuvent se défendre et je serais tenté de penser qu'il y a sans doute des deux...
@ le Bonapartiste: je ne partage pas votre avis sur le plan Schlieffen car il a tout simplement... échoué! L'idée était sans doute bonne mais les hommes qui ont conduit l'opération ont failli et un plan est un tout...