Liber censualis a écrit :
Qu'entendez vous par "lyrisme de la révolte ou révolution" ?
Il y a toute une mythologie autour de la Commune, longtemps vue par les marxistes, et aujourd'hui encore, comme la première révolution ouvrière moderne.
Imaginez-vous que Lénine a improvisé quelques pas de danse après 74 ou 84 jours (ça doit être à peu près cette durée) de gouvernement des Soviets, parce qu'ils avaient d'ores et déjà tenu aussi longtemps que la Commune !
J'aurai toujours plus de sympathie pour Jules Vallès que pour Gallifet, je partage l'indignation de J.B. Clément lorsqu'il écrit "La Semaine Sanglante", mais enfin je ne suis pas de ceux qui regardent avec attendrissement le dépôt de gerbes au Mur des Fédérés : la Commune c'est d'abord une "grosse connerie", passez-moi l'expression.
Pour moi l'absence d'éducation politique (ce qui nous ramène à l'éducation tout court) a compté au moins autant que le patriotisme dans le lancement de cette folie. Et puis il y a les circonstances historiques, qui ont fait que le peuple de Paris s'est soudain retrouvé mobilisé et armé, beaucoup trop sûr de sa force. Une hallucination collective...
(Pour être honnête, il faudrait y ajouter la fin du moratoire des loyers et de la durée des dépôts au Mont de Piété, dont je me suis toujours demandé si ce n'était pas une provocation délibérée, dans un Paris encore partiellement encerclé par les Prussiens et où il n'y avait pas de travail.)
Citer :
Je pense qu'elle fonde sa critique, sans le dire, au fait que seule l'école primaire était gratuite. Pour la suite, il fallait payer ou avoir une bourse "octroyée sans largesse", qui débouche au mieux sur le "primaire supérieur" et surtout pas sur le collège, réservé aux "couches supérieures" de la société. Ferry tenait particulièrement à cet hermétisme, garant du maintien des hiérarchies sociales (Cf J.M Gaillard, J Ferry, Fayard, 1989). Bien sûr, les parois se sont avérées poreuses et la suite a montré que les enfants de paysans ou d'ouvriers ont pu accéder au secondaire, mais avec parcimonie. Et l'accès indifférencié au bac que l'on a connu dans les années 70, avec un succès pour le moins mitigé, a au moins eu le mérite de supprimer la sélection par la fortune.
Dire "seule l'école primaire était gratuite" c'est sous-estimer l'effort budgétaire consenti pour une institution qui va s'étendre à l'ensemble de la métropole, jusqu'au dernier village de montagne.
Au delà du primaire, à partir de 1900, ils sont nombreux les enfants d'artisans, par exemple, qui percent jusque dans le secondaire, voire le supérieur. Une partie non négligeable du personnel politique et administratif de la IIIe République ne provient pas de familles fortunées.
Edit : c'est amusant, j'avais pensé moi aussi à Joffre, fils de tonnelier.
Ce n'était certes pas la promotion des plus pauvres, mais enfin l'ascenseur social fonctionnait... (Il est exact qu'il n'a jamais autant fonctionné que pendant les années 60/70, mais c'est lié à une situation d'expansion jamais vue dans l'histoire, et qu'on ne peut donc pas prendre comme référence : c'est une période où on progressait avec la moindre ébauche de diplôme, voire même sans.)