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Cette lettre est magnifique, bouleversante et parle à l'âme.
L'Histoire ne connait que la raison en nous instruisant de bien faire fi des sentiments toujours si propices au changement.
On pourrait clore le sujet, y avait-il d'ailleurs à discuter sur "
Bismarck et l'annexion de l'Alsace-Lorraine"
Pas de point d'interrogation, rien. Un peu comme énoncer :
"Clémenceau et son traité de Versailles : un revanche allemande inéluctable". Qui pourrait y croire un instant ?
Comme outre-Rhin, nous avons aussi abusé du
fallacieux, cette récurrence de renvoyer l'autre devant les Droits de l'Homme, évoquer la liberté n'a plus de sens. L'encre à peine sèche, les mots en étaient galvaudés. La République est Une, les républicains, devant cette évidence, ne devraient faire qu'un. La République offre l'égalité et la liberté : c'est donc un concept d'échanges mutuels et de compréhension, une utopie devenue réalité.
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"Le parti républicain, tel qu'il s'est constamment manifesté jusqu'à ce jour, a eu deux très grands torts. Le premier, c'est de rester toujours dans l'absolu … ; le second, c'est d'avoir toujours paru ignorer … qu'il existe un art de la vie qui consiste à savoir quels sont les moyens de traiter avec les hommes"] (E. Ollivier). La conviction est donc absente, les valeurs nulles, le discours fermé car on n'échange pas : on traite et il faut savoir le faire. Le chancelier Bismarck n'était pas républicain, ne connaissait pas l'art de vivre mais -pas toujours en position de force- celui de traiter.
La beauté de la République évoquée par M. Fustel l'était aussi par Béranger en 185 (III) :
"Ne voyez-vous pas que nous sommes à jamais délivrés du drapeau blanc ? Ne voyez-vous pas ici le triomphe de la Révolution ?" Il semble donc que chacun à une vue bien personnelle du rapport à la Révolution, mot mis à toutes les sauces et qui perd/a perdu tout son sens.
Les objectifs de Bismarck peuvent être vu comme pas très reluisants, on peut leur accorder tous les qualificatifs. Il ne faut pas oublier que ce conflit a lieu sous l'Empire (le second) et voici ce que j'ai pu lire :
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Poursuivant un objectif plus lointain, la révision des traités de 1815, il (Napoléon III)
veut, en intervenant contre le pilier de la réaction, s'assurer l'appui ultérieur de la libérale Angleterre et rompre l'entente des puissances conservatrices (Russie, Prusse, Autriche), bref déblayer le terrain pour avoir ensuite les mains libres.
… les troupes françaises vite enlevées par le choléra doivent affronter de dures souffrances pendant le siège interminable de Sébastopol … l'intendance est insuffisante … On ne sait comment atteindre la Russie dans ses forces vives … Si l'opinion française n'avait pas demandé une guerre … celle-ci a d'abord été bien accueillie aussi bien par les catholiques … que par les libéraux ou même les républicains, patriotes à la Béranger...
Pour obéir aux principes de 89 -et par principes de 89- il (l'empereur)
entend la chute de l'ancien régime dans l'Europe entière …E. Ollivier :
"L'Empire est encore de fraîche date … on attend qu'il ait subi l'épreuve de sa maladie originelle … que j'appellerai la réaction des traités de 1815. Tant que la crise européenne prévue depuis 40 ans ne sera pas arrivée, on ne jouira pas du présent, on ne croira pas à l'avenir. La guerre d'Orient pouvait être la révolution attendue et c'est dans cet espoir que je l'ai entreprise. De grands changements territoriaux pouvaient en être la conséquence..".] Comment comprendre ceci ?
[… et en France, tandis que Le Siècle pousse à poursuivre une guerre révolutionnaire, les ministres souhaitent en restreindre l'ampleur...]...
[ La latinité était l'idéologie conquérante napoléonienne … Napoléon III a voulu établir la grandeur française dans le monde en forçant au besoin les pays à accepter le bonheur et le progrès … la domination n'était pas égoïste mais altruiste, dans le meilleur esprit saint simonien...] Il existe donc deux sortes de domination. La Prusse aurait pu avancer que, la concernant, ceci s'inscrivait dans l'altruisme le plus pur.
[ Viennent les élections de 1869 … les réunions se multiplient … rappelant le temps des clubs de la Iième république ...140 journaux se créent en un an … Le coup d'Etat devient un crime et ses victimes des martyrs … Gambetta attaque … l'opposition est désormais révolutionnaire ... La guerre de 1870 découle de tout un contentieux qui remonte à Sadowa et aux demandes de pourboires … se voit même refuser le Luxembourg.] Où sont les plumes animées de l'esprit de 89 ?
Où sont les avocats du Luxembourg ?
Qui élève alors la voix pour rappeler que la France ne mange pas de ce pain là ?
Que le Luxembourg a le droit de choisir un maître... ou pas mais qu'aucun état ne peut en user comme d'une viande à jeter, bonne à manger d'autant qu'elle n'a coûté que la promesse d'un silence ?
Après Ems :
[… un élan de patriotisme soulève alors Paris : le Corps législatif, malgré Thiers vote les crédits pour une guerre qu'Ollivier déclare … "accepter d'un cœur léger parce-que cette guerre que nous faisons, nous la subissons"...] N'est-ce pas une étrange vision des choses ?
[Sans doute Thiers et les esprits modérés, soucieux de mettre fin à une guerre coûteuse et sans espoir, s'étaient-ils opposés à Gambetta et ses amis acharnés à la poursuite … Le pays en 1871 (février)
avait donné raison au premiers. … Les amis de Thiers avaient clairement marqué le choix qui s'offrait : "Ceux qui voudront la guerre à outrance voteront pour la liste jacobine qui … veut faire tuer jusqu'au dernier homme et dépenser jusqu'au dernier écu. Ceux qui veulent une paix honorable votent pour la liste de la paix"...] Il semblerait qu'à ce moment la liste de la paix ait été choisie.
Que comprendre par l'adjectif
"honorable" de Thiers ? L'ensemble de la France a choisi cet
"honorable". Que penser d'un Gambetta qui démissionne de son siège de député du
Bas-Rhin et revient à Paris se faire élire après un silence durant tout l'épisode de la Commune ? Thiers le qualifiait de
"fou furieux" : rester dans le Bas-Rhin partager la souffrance de ceux qui l'avaient élu eut été plus grand. Que penser de Renan et de son approche lapidaire de l'empereur :
"C'est un crétin" mais acceptant la légion d'honneur et une chaire au Collège de France en 1860 ? La chaire lui ayant été retirée, Renan se fendra d'un "
Pecunia tu tecum sit" ; ce qui eut été grand avant la médaille et la chaire.
Contrairement à beaucoup, il ressent déjà en la Prusse, un monolithisme qui ne peut qu'engendrer des catastrophes mais se montre sur la même ligne concernant une autorité supérieure sur des populations à éduquer (des échanges de colonies ont été évoqués entre Ferry et Bismarck). Là encore, sur quelles bases ? Droit ? Devoir d'altruisme ?
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http://www.anticolonial.net/spip.php?article4 Tout n'est pas si simple à ce moment et dans ce siècle. Seul le sort des annexés, quels qu'ils soient, où qu'ils fussent, a toujours été limpide.
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