La 3° république de 1870 à 1914 a fait de la laicité, sa "marque de fabrique".
Pourtant quand on observe la société de l'époque l'on constate la permanence du fait religieux (Lourdes, construction des basiliques de Montmartre, Fourvière).
Peut-on considérer qu'à l'époque, comme durant la révolution française, la masse de la société était croyante tandis que seules les élites étaient agnostiques ?

De 1870 à 1914, on n'est pas à la Belle Epoque mais dans ce que les historiens appellent le XIXe siècle, même s'il empiète sur le XXe.


A mon avis non: le XIXe siècle est une période de reconquête pour l'Eglise. Le nombre de pascalisant est en chute libre, surtout chez les hommes et chez les citadins. La situation n'a rien de comparable avec celle de la Révolution (qui est au demeurant singulièrement plus compliquée que celle que vous énoncez).

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"Il est plus beau d'éclairer que de briller" (Thomas d'Aquin).

Vous affirmer que le 19° siècle est une période de reconquête religieuse.
On peut en douter pour la fin de cette période compte tenu du développement de l'enseignement laique, d'idées politiques nouvelles, et du développement de l'esprit scientifique mais si vous avez des données exactes....

Un débat fort intéressant !
Bien malin dans la communauté des historiens contemporains qui peut tracer, avec exactitude et précision certaine, les bornes de la Belle Epoque. Ce qui est certain c'est qu'elle se termine en 1914, puisque le terme a été "inventé" après la Première Guerre mondiale, dans un contexte d'une conscience collective qui pensait avoir perdu un âge d'or. Maintenant, son point de départ est plus délicat à fixer...
Certains, comme O. Lejeune, pensent que c'est après le Second Empire en 1870 ; d'autres, lors de la phase de prospérité économique qui débute en 1896 ; d'autres encore, lorsque la IIIème République est définitivement installée en 1881 ; enfin, certains pensent que la Belle Epoque rime avec le progrès scientifique qui atteint son paroxysme dans les années 1890...
Je trouve personnellement que la date de 1870 n'est pas si fausse que cela !

duc de Raguse.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine

Oui. Je recommande Patrick Cabanel Le Dieu de la République - Aux sources protestantes de la laïcité (1860-1900) Presses Universitaires de Rennes (Avril 2003) . dont la 4ème de couv' dit :



Encore que, AMHA, il faille distinguer :
*l'école laïque dans laquelle et à tous les niveaux, surtout pour l'enseignement supérieur féminin, ledit courant théologique a un rôle ;
*la séparation des églises et de l'état, dans lequel , en France comme en Europe (spécifiquement la Suisse et en Belgique, avec Alexandre Vinet) ce sont surtout les courants libristes qui ont un rôle.


Les ligues de l'enseignement laïques furent fréquement transfrontaliers, spécialement avec la jeune Belgique et interconfessionnels (ce qui semble stupéfiant à l'époque ?) et elles furent le fait des courants du libéralisme théologique juif et protestant alliés aux agnostiques. Parallélement il faudrait parler des ligues pour une morale indépendante

Les hommes qui l'illustrèrent furent :
* rabbins, penseurs et théologiens juifs : James Darmesteter, Elie-Aristide Astruc, Joseph Salvador,
* pasteurs et théologiens protestants : Ferdinand Buisson, Félix Pécaut, Charles Renouvier, Albert Réville, Jules Steeg, Théophile Bost, Matthieu-Jules Gaufrès, Edgar Quinet

Pour des infos plus détaillées, on peut encore se procurer le numéro 3 de 1992 de la revue "problèmes d'histoire des religions", édités par Alain Dierkens, Presses de l'ULB, qui est un dossier sur le libéralisme religieux en Europe (quelques excursions minuscules du côté de l'islam).

Nota : lequel à l'époque, atteint également l'Islam

En ce qui concerne le 19ème siècle "période de reconquête religieuse" la même revue publie un numéro sur le Syllabus, fracture de l'intelligentsia européenne avec un intéressant article sur le légitimisme et les apparitions mariales, spécifiquement une dans les alpes dont le nom m'échappe sur l'instant. C'est pas Lourdes, c'est pas Pontmain, Fatima, c'est plus tard..... Et bien oui, c'est l'autre et j'ai le trou de mémoire !



Espérant avoir été utile

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"Mal nommer les choses, c'est participer au malheur du monde" Albert Camus

AMHA, l'esprit scientifique atteint aussi les questions religieuses. Et dans ce domaine, le 19ème siècle se termine en 1908, avec l'excommunication de Loisy.


En sorte, que la reconquête catholique prend un forme de repli défensif comme le montre cette [petite chronologie de la Crise Moderniste mais aussi, dans le protestantisme américain, on assiste, depuis 1870, à toute une série de mouvements de "Réveil" qui donneront naissance aux églises fondamentalistes bien connues aujourd'hui mais dont l'engagement politique a peut-être été un peu négligé jusqu'à une période récente. Par exemple, trouvant que les protestantismes européens étaient trop libéraux, nos libérateurs américains nous envoyèrent une bande de missionnaires le TEAM, dans l'idée de "refondamentaliser" le protestantisme français compromis avec la laïcité. Ils financèrent une université fondamentaliste à Aix en Provence et une foultitude de petits courants dont l'un, en 1947, voulut réclamer à l'ERF (unie depuis 1938) la totalité des temples de France. Il perdit en Conseil d'Etat.

Ce style de missionnaires, venus dans les camions militaires, on en a vu aussi en Corée du Sud. D'aucuns disent qu'actuellement, on en trouve en Irak. On en a vu au Zimbabwe pour attiser les rixes entre musulmans et chrétiens. On en a vu noyauter et convertir des kabyles en Algérie. (Source : série d'émissions sur France-Culture sur le fondamentalisme chrétien, les chemins de la connaissance. Comme c'est de la semaine dernière, on peut encore l'enendre sur le WEB)

Pour revenir au 19ème siècle, le christianisme social peut être considéré comme l'une des formes de reconquête. Voir à ce sujet :

Klaus-Peter Blaser Société, Philosophie, Théologie et Églises au XIXè siècle. Le lien donne sur le téléchargement du document qui montre par où christianisme et socialisme (celui de Jaurès) eurent des acquointances.

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"Mal nommer les choses, c'est participer au malheur du monde" Albert Camus

L'enseignement laïc a été justement voulu par les républicains.

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"La France n'est plus qu'un simple simulacre. On ne peut plus parler de déclin, ni de décadence. Nous sommes devant la mort et la disparition." Jean de Viguerie