Quelques informations complémentaires avec la réponse de Roméo. Concernant les travaux de J. Marseille : d'une part, à la Belle Epoque, le marché colonial (exports et imports) représente 10% des échanges de la métropole. J.Marseille souligne combien cela peut être modeste, mais certains rappellent parfois combien cette activité économique remarquablement stable peut être utile : tout est relatif en somme. C'est par exemple l'avis de Michel Winok dans son ouvrage "la Belle Epoque". Par ailleurs, Jacques Marseille a relevé le paradoxe du chassé-croisé de l'opinion et des benefices des colonies, à savoir qu'avant (grosso-modo) l'exposition coloniale (1930), les colonies sont rentables mais que l'opinion publique y est peu attachée, puis qu'après, les colonies ne sont plus rentables mais que l'opinion publique se met à y tenir. C'est schématique naturellement mais cela signifie donc une rentabilité des colonies à un moment donné. Par ailleurs, la rentabilité économique n'est pas la seule à prendre en compte. A cet égard, les arguments de Ferry (contre un Clemenceau par exemple) sont instructifs : les hommes du parti colonial voyait dans les colonies des bases arrières en cas de guerre, un déploiement geostratégique en quelque sorte et bien sûr, comme vous le relevez, des troupes supplémentaires. Après 1914-1918, cette idée s'est imposée, en raison des combattants fournis par les colonies pendant la guerre, à tel point que les colonies sont même plébiscitées dans le programme politique de la coalition de droite du Bloc National fin 1919. Il ne s'agit donc plus seulement d'argent, mais de données plus larges et moins facilement quantifiables en termes économiques.
Pour finir, à propos de la mission civilisatrice et de son importance absolument capitale dans la conception des opportunistes, Agulhon (La République, T1) remarque que Jules Ferry et Paul Bert ont eu en charge l'Instruction Publique avant les colonies : ce sont des hommes qui croient (à tort ou à raison, là n'est pas la question) au devoir pédagogique de la République et plus certainement encore aux benefices qu'apportent des populations élevées au dessus de leur condition d'origine.
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