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L'unité italienne.
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Auteur :  Julien sapori [ 09 Sep 2005 20:22 ]
Sujet du message : 

Erreur cher duc de Ragusa (ou de Dubrovnik?) : Zara est devenue italienne après la 1ère guerre mondiale, et l'est restée jusqu'en 1945, comme d'ailleurs deux autres "provincie" (départements) : Fiume et Pola.
Quant à Trieste, l'Italie, qui avait perdu la guerre, n'avait pas son mot à dire et ne pouvait pas lancer une campagne pour en réclamer haut et fort la restitution, mais l'opinion publique italienne était très attachée au retour de cette ville dans l'ensemble italien - sans parler des habitants de Trieste qui réclamaient à corps et à cri le rattachement à l'Italie, seul moyen pour préserver leur ville d'une annexion yougoslave, avec son cortège prévisible d'épuration ethnique, de stalinisme et de mysère. Entre 1945 et 1954 (les gens de cette génération s'en souviennent) Trieste fut un point de friction majeur en Europe qui culmina en 1953 par des incidents gravissimes dans la ville à l'occasion desquels une manifestation réclamant le rattachement à l'Italie fut durement réprimée par la police alliée, provoquant 9 morts et des centaines de blessés. C'est à leur sujet qu'on a parlé (ce n'est pas moi qui l'ai inventé) des "derniers morts du Risorgimento italien".
Il s'agit d'un épisode certes significatif mais marginal par rapport à la "grande histoire", sur le fond vous avez raison de dire qu'historiquement le Risorgimento s'est terminé en 1870 avec la prise de Rome ; c'est incontestable. Mais le Risorgimento reste le "mythe fondateur" de l'Italie (un peu comme la Révolution de 89 en France) et demeure, d'une génération à l'autre, la référence pour les valeurs patriotiques et démocratiques : en ce sens, on a parlé souvent de la 1ère guerre mondiale comme de la 4° guerre du Risorgimento et, surtout, de la Résistance comme du 2° Risorgimento.

Auteur :  Duc de Raguse [ 10 Sep 2005 9:08 ]
Sujet du message : 

Zara est devenue italienne en 1918 vous avez raison, mais il me semble que cela était insuffisant pour certains nationalistes, qui réclamaient la totalité de la côte dalmate, pour reconstituer les possessions de l'ancienne Venise.

Citer :
Entre 1945 et 1954 (les gens de cette génération s'en souviennent) Trieste fut un point de friction majeur en Europe qui culmina en 1953 par des incidents gravissimes dans la ville à l'occasion desquels une manifestation réclamant le rattachement à l'Italie fut durement réprimée par la police alliée, provoquant 9 morts et des centaines de blessés.

Vous avez raison de rappeler ces faits, qui sont moins développés que leurs homologues du XIXème siècle.

duc de Raguse.

Auteur :  Heloïse_khâgneuse [ 04 Avr 2016 16:57 ]
Sujet du message :  Re: L'unité italienne.

Bonjour,

Discussion qui m'est d'une grande aide pour appréhender la marche vers l'unification de l'Italie. Une question à laquelle quelqu'un pourrait peut être répondre:

N'y a-t-il pas un véritable clivage du peuple (entendu comme le petit peuple, popolo minuto) en tant qu'acteur favorisant l'unité italienne? Puisque par ex à Naples, les lazaronis (brigands italiens, en fait paysans qui n'ont pas de terre) s'allient avec Ferdinand IV pour réprimer les poussées libérales et garantir l'ordre public, pour autant ailleurs en il y a bien eu des insurrections à Naples en 1820 par ex où il s'agissait de jacqueries paysannes, non? Je n'arrive pas à percevoir le rapport du peuple àl'unité italienne, que ce soit dans le duché de Toscane ou ailleurs...

Merci à vous!!

Auteur :  calade [ 04 Avr 2016 17:22 ]
Sujet du message :  Re: L'unité italienne.

Mais existe-t-il un peuple italien à cette date ? L'horizon national arrive surtout avec politisation des campagnes dans les années 1850 pour le nord et la Toscane si on suit Pécoud. Seule insurrection véritablement nationale et populaire, celle de Milan en 1853, fomentée par le "Parti d'Acton" et qui a suscité les sarcasmes ironiques de Marx. Mais on est dans le Nord
Les Italiens du Sud sont surtout des Napolitains ou des Siciliens. Lorsque le général Pepe mène un mouvement libéral à Naples, il doit aussitôt faire face à la révolte palermitaine qui revendique la restauration des droits anciens de la Sicile. Le soutien des Siciliens à l'expédition des Mille repose largement sur un malentendu. Quelques années plutôt (1857) les paysans de Campanie mettaient en échec le débarquement de Mazziniens.
Et franchement, pourquoi des paysans de Sicile ou le petit peuple de Naples se mobiliseraient pour des Messieurs du Nord ?
A lire et relire, la première page du Christ s'est arrêté à Eboli de Carlo Levi pour comprendre cette Italie du Sud.

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