frenchinamst a écrit :
Disons qu'en bref vous ne lui reconnaissez pas son attitude de femme essayant de vivre suivant ses propres codes et qu'en cela elle avait une dimension originale...
Je n'ai pas à entrer dans une analyse psycho/historico/empathiquo/fan.
Il y a les faits de l'époque, la manière d'occuper une place et je copie un intervenant en écrivant :
"Le reste n'est que littérature"Le problème avec ce personnage est qu'il est complexe. J'essaie donc de peser chaque mot tout en remettant l'image véhiculée dans le contexte de l'époque et non avoir la vue d'une "femme visionnaire car libérée bien avant les autres" : ceci serait attribuer au personnage une volonté, un raisonnement qu'elle ne possédait pas. Dans ce milieu, il n'y a pas de places pour une "vie selon ses envies". Le piège est de ne pas mettre peut être les bons mots et de regarder avec nos critères d'aujourd'hui. Je l'écris de nouveau : j'ai été très fan du personnage, la lecture m'a fait revoir ma copie et très vite.
Là où les fans voient une femme libérée alors que l'époque semble à la soumission, je vois une femme capricieuse, incapable de raisonnement, instable, se jouant des sentiments autres que les siens. Je lui reconnais un présence lors d'évènements forts comme lorsqu'elle apprend le décès de son fils mais c'est pour mieux se poser en victime sans oublier de bien charger l'entourage (l'archiduchesse Stéphanie, la baronne Vetsera puis Marie Larisch).
Avant d'aborder Elisabeth, il est bon de connaître le parcours de la famille ainsi que de posséder très bien la fratrie et ce, sur au moins deux générations, donc sur le début de la royauté en Bavière.
Il est bon aussi de connaitre déjà l'Etiquette Habsbourg pour mieux comprendre et les contraintes et les avantages de la place. Il ne faut pas non plus oublier que nous sommes au XIXème siècle, pas plus qu'oublier les années chaotiques dues aux conflits napoléoniens.
Ludovica du sang royal ? Depuis 1806 simplement. Fruit de la seconde union de Maximilien Ier et de Caroline de Bade (dont la soeur est l'épouse du tsar Alexandre Ier -ça pose-) est la benjamine. Toutes ses soeurs et demi-soeurs ont été mieux loties. La famille a une grande importance. On peut noter chez les filles de Ludovica une incapacité chronique au bonheur dans leurs unions, comme la reproduction du schéma parental.
Ces femmes ne sauront jamais se "tenir". Si l'appel des sens est fort chez certaines, il semble manifestement impossible à endiguer et pour l'époque ça fait un peu "tache".
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Et donc qu'elle aurait dû se contenter de rester à sa place et de ne pas faire de vague.
Mais à l'époque, elle ne fait pas de vague, l'Autriche se sent lésée, orpheline avec une impératrice dans l'incapacité de tenir son rang, tout en s'octroyant un budget personnel assez incroyable et laissant son époux régler ses multiples tocades d'un moment (Villas etc.). C'est tout. C'est ensuite que viendront des analyses pipées du style : elle était en avance sur son temps.
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Donc si on suit bien ce raisonnement, elle serait digne d'intérêt si elle s'était conformée à son milieu et avait été une impératrice "comme il faut"...
Cette union est inespérée pour elle. Personne ne l'oblige à accepter. Ce devait être Hélène et voici que François-Joseph, pour la première fois de sa vie se laisse emporter comme un sous-lieutenant, oubliant devoir et raison. Il restera attaché à son épouse car comme chacun sait, tout ce qui échappe appelle à l'envie et comme Elisabeth brille par son absence...
Ceci est bon dans une maison de petite bourgeoisie mais à ce niveau on ne peut se le permettre d'autant que l'objet de la convoitise est très voire trop jeune, ignorante et ne souhaitant pas faire d'effort, se contraindre etc.
La convoitise passera vite chez l'Empereur, d'autant plus vite que l'épouse lui fermera sa porte, chacun sait le reste.
Il est certain qu'Elisabeth peut être intéressante par sa capacité à sortir de ce que vous nommez "conformisme".
Elle fut mauvaise épouse, incapable d'empathie, incapable de tenir son rang, mauvaise mère, mauvaise grand mère, méchange belle-mère, une montagne d'égoïsme, de narcissisme : en fait une femme malade, ce n'est que ceci le mythe...
Alors si pour vous ceci est attractif et à classer dans le non-conformisme de l'époque, je ne comprends pas.
Si elle avait possédé un peu d'intelligence, elle aurait pu être un soutien pour son époux -dans les paramètres de l'époque- au lieu de se gausser bêtement du paraître de Maria Feodorovna, d'autant plus que Dagmar, princesse de Danemark et tsarine était loin d'être une femme laide. Elle ressemble énormément à sa soeur Alexandra, épouse du Prince de Galles et femme renommée à l'époque pour sa beauté. Il est vrai qu'à ce moment Elisabeth est sur le déclin et pour une femme qui n'a vécu que pour son apparence, chacun sait combien ce peut être difficile.
A 40 ans, elle décide de ne plus poser pour les peintres : elle ne veut plus se voir sur les tableaux et au final, les photographies de cette femme autour de la cinquantaine montre combien les tableaux furent exagérés, tout comme cette obnubilation de minceur qui en faisait une femme "maigre". Vous avez j'imagine sa taille, son poids alors en vous basant sur les critères de l'époque nous sommes loin de l'image véhiculée par Winterhalter.
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Mais dans ce même cas, elle n'aurait sans doute pas été digne d'intérêt puisque conformiste...
Si le seul intérêt que vous dégagez du personnage est sa capacité à être ou non "conformiste" -mot anachronique pour l'époque-, vous n'êtes pas dans une démarche d'histoire. Il existe des sites ou le personnage est révéré. Je ne vous les conseillerai pas, on tombe dans le comique et la caricature de la vénération pour "Sissiâtres".
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Concernant le livre d'Hamann, ce n'est pas une étude historique mais une biographie très académique
Alors nous comprenons pas l'adjectif "académique" de la même manière.
Cependant puisque le titre du lien est Elisabeth, donnez-nous ces fameux extraits. C'est déjà une base de débat. Qui a écrit ? Il est par exemple évident que le livre de Corti est un livre "courtisant", il ne peut en être autrement vu la position du quidam. Je donne un exemple, le résumé d'un livre écrit par Bestenreiner, journaliste possédant un doctorat, ce livre évoque la fratrie d'Elisabeth.
Si l'on connait la vie mouvementée et errante de l'impératrice Elisabeth d'Autriche, dite Sissi...
Nous revoici dans les clichés. Des qualificatifs mille fois lus et la conclusion : et bien oui, sa vie est connue donc on passe à autre chose.
... marquée par la mort prématurée de sa fille aînée...Diable, serait-elle donc la seule à pleurer un enfant en bas âge ? Je vous passe la liste du Gotha de l'époque ayant été marqué par ce genre de chose qui n'était pour l'époque que des incidents malheureux. Sa mère a perdu deux fils, son aïeule un fils et une fille de 11 ans. Elles semblent avoir tenu le coup et personne ne le mentionne...
Après tout, c'est peut être la perte de son fils qui a fait que Ludovica ne s'est pas sentie profondément impactée par l'éducation qui sera donnée à ses enfants et surtout ses filles...
... le suicide de son fils Rodolphe...Le suicide fut plus problématique à gérer que la mort du fils, fils dont d'ailleurs elle ne s'était pour ainsi dire jamais occupée si ce n'est une fois afin d'exiger le renvoi d'un précepteur ensuite, le renvoi obtenu, elle partit pour de nouveaux voyages, sous d'autres cieux. Second problème, il n'y a pas de fils de rechange, l'impératrice ayant fermé sa chambre à son époux. Il eut mieux valu que l'enfant "hongroise", dite aussi "de la réconciliation" fut un garçon. Il aurait été encore plus positif d'être moins vénérée peut être et plus prolifique, ceci aurait évité bien des problèmes dynastiques. Le problème est aussi le suicide et de plus avec une toute jeune fille. Des négociations avec le Vatican sont à entreprendre pour des obsèques religieuses. On trouvera une porte de sortie bancale pour expliquer le geste.
Je comprends donc que l'on puisse se sentir un chouïa mal à l'aise, parce-que le moment est venu de se poser les bonnes questions et comme se remettre en cause est du domaine de l'impossible chez les deux époux.
... l'assassinat de son beau-frère, l'empereur du Mexique...Là on atteint des sommets sachant l'entente qui régnait entre les deux frères et entre leurs deux épouses... A ce moment la seule à plaindre est l'impératrice douairière Sophie ; Charlotte aussi qui s'est démenée pour un peu d'aide et désormais est enfermée dans la folie, mais là encore c'est Sissi la plus à plaindre...
... Avant qu'elle-même ne périsse sous le couteau d'un anarchiste.Et oui, sur ce coup là, elle n'a pas eu le temps de se morfondre.
Tiens on aurait pu charger la barque en évoquant Louis II, le fils de son cousin germain, son "âme soeur"...
Nous voici donc parés, la larmichette à l'oeil. La journaliste ratisse large et évoque la fratrie :
... Sophie duchesse d'Alençon, morte brûlée dans l'incendie du bazar de la charité à Paris...Avant de brûler, la duchesse d'Alençon fut plusieurs fois "recommandée" à des "maisons de repos". Ses sens la portaient à s'égarer un peu... L'âge venant, elle donnera dans le caritatif. Lorsque l'on songe qu'elle fut fiancée à Louis II et que Louis II refusant soudain tout engagement plus avant il y eut des tractations entre l'Autriche et la Bavière. Elisabeth essaiera de convaincre Louis II en lui offrant sa soeur tout en étant consciente de ce qui attendait la benjamine. Ce sera le début d'une longue rupture entre l'impératrice et le roi de Bavière qui ne cédera pas.
... Marie, reine de Naples fut mariée à un souverain incapable...Là encore, Marie n'avait nullement le couteau sous la gorge, preuve en est elle trouvera de quoi satisfaire ses sens avec qui bon lui semblera...
... Mathilde... qui s'associa au combat de sa soeur...Tiens ? Il est vrai qu'elle avait épousé le frère. Le combat, quel combat ? Ah, peut être dans le choix des amants... Pas de chance, Mathilde se retrouvera engrossée. Elisabeth arrangera le tout et l'accouchement se fera le plus discrètement possible. C'est chouette une soeur qui se souvient soudain qu'elle peut exiger...
... l'aîné renonça à ses droits dynastiques pour épouser une comédienne...Ludwig fait un mariage morganatique et là encore, François-Joseph ne peut refuser à son épouse de donner un nom à une actrice -dont Ludwig se séparera- et de doter sa "nièce", Marie. Encore un bon tuyau de son épouse lorsque l'on sait que pour problème de Mayerling, Marie est loin d'être très clean sans compter avec les mémoires qu'elle fera paraître où elle évoque sa tante impératrice...
Bref, que du beau monde... Sans doute Marie et Mathilde avaient elles aussi un comportement très anti-conformiste ainsi que Sophie, dommage qu'elles n'aient pas été associées à leur soeur pour l'indépendance sans l'autonomie mais bien heureuse de retrouver l'âge venant des époux bien compréhensifs : normal, c'était le conformisme de l'époque.
Je suis loin de brosser un tableau terne et j'évoque les personnages "second-rôles". Je passe Madame Schratt, un compromis très bien accepté par le couple : quel amour ! Ceci aussi est à classer dans l'anticonformisme ? Ou peut être déjà la vision de la liberté au sein du couple ?
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Je comprends bien cette dialectique de vouloir mesurer l'importance de personnages historiques au regard de leur apport au mouvement et aux transformations de société qu'ils apportent...
Simplement parce-que c'est un forum d'Histoire. J'imagine donc un forum évoquant les personnages qui font l'Histoire mais pas les histoires d'alcôves ou autres. Pour ceci, il existe d'autres forums j'imagine. Pourquoi évoquer des personnes qui n'apportent rien ? Et de plus rien à l'Histoire ? Le tour du sujet est fait, c'est bon. La complexité du personnage n'a pas inversé les pôles, pas même impacté sur la politique de son époux.
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et moi je considère qu'ils peut être tout aussi intéressant d'étudier (et de faire partager à d'autres) les raisons qui en ont fait qu'un mythe ait pu se construire à partir d'autres éléments que ces facteurs.
Devrait-on ouvrir un lien sur la mère de Charlemagne sous prétexte du mythe de ses grands pieds ? Et pourtant ce fut une maîtresse femme.
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Autrement dit, c'est la mystère de ce mythe qui est intéressant
Le mystère du mythe... Ceci va en effet de paire je vous l'accorde : il faut du mystère pour créer un mythe. C'est d'ailleurs au fur et à mesure que s'ouvrent les archives que les mythes tombent un à un. Rien de nouveau concernant Elisabeth, rien de nouveau concernant Mayerling, le tour est donc vite fait.
Je ne vois aucun mystère chez cette femme. De nos jours, on lui aurait indiqué un bon thérapeute et à ceci une médication, rien de mythique donc.