En histoire tout vient souvent de loin.
Aussi, peut-on rattacher la conquête de l' Algérie à l'idée reprise par Bonaparte de profiter du déclin de l'empire ottoman, mis à mal par la Russie, pour implanter la France au sud de la Méditerranée. Bonaparte avait d'ailleurs pensé à l' Algérie mais avait finalement choisi l' Egypte plus stratégique.
Restait à concrétiser la reprise du projet, en évitant l' Egypte, trop lointaine et rappelant un échec.
L'affaire de l'évantail a donc été le prétexte - il y en a toujours un - en sachant que le Sultan aurait du mal à faire face à une prise d' Alger. Le risque était faible.
Concernant l'esclavage de chrétiens blancs, il a du jouer un rôle, car si on n' a trouvé que 120 chrétiens au bagne d' Alger, cette ville n'en était pas moins un symbole, un vieux mythe de l'esclavagisme musulman, qui a quand même touché selon le professeur Davis auteur d'une étude sur le sujet devenue classique, quelque 1.250.000 chrétiens européens blancs esclaves des musulmans entre 1500 et 1800. Le souvenir demeurait dans la mémoire collective.
A cette époque, nait le sentiment qu'il faut mettre un terme au comportement des musulmans vis-à-vis des chrétiens en général et notamment de libérer la partie d'europe qu'iols occupent encore, surtout la Grèce occupée et soumise à des enlèvements institutionnels d'enfants chrétiens mâles pour l'armée, l'administration et de jeunes filles, sous forme d'un tribut devenu régulier touchant un enfant sur cinq.
L'europe a longtemps été sous la crainte des enlèvements de ses habitants par les barbaresques, les femmes étant vendues comme esclaves et les hommes mis au travail dans les bagnes d' Afrique du Nord. Rien n'est jamais oublié en matière d'humiliation comme on sait.

_________________
Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Je n'ai plus les ouvrages sous la main,mais il y avait aussi des raisons extérieures : les pays de la sainte alliance tenaient à occuper l'armée française , 'les baïonnettes de la Révolution"ailleurs qu'en Europe et non seulement n'étaient pas opposés à l'intervention mais y poussaient...et du point de vue Français,c'était aller s'implanter avant que d'autres ne le fassent à notre place..Les Anglais étaient bien conscients d'une certaine menace possible sur leur route des Indes mais Wellington était d'avis que le feu vert pouvait être donné car les Français s'y casseraient les dents.
A l'époque,aucune étude sérieuse sur les ressources éventuelles de matière première ,la seule "richesse" convoitée était peut être agricole ,les gens n'avaient pas conscience que la force d'une nation dans ce XIX ième siècle serait l'industrie et que l'agriculture ne serait plus qu'accessoire......Avoir les récoltes de la mitidja permettait de faire face à des récoltes calamiteuses en France ce qui avait été une des raisons du cyclone révolutionnaire....La préparation de l'expédition, très planifiée avait duré plus d'un an .,même les Russes avaient proposé leur aide

« Vers la fin de 1815 […], on a suivi à l’égard des pirates un système absurde de concessions ruineuses et une condescendance indigne d’une grande et puissante nation. On a ainsi ravalé le caractère de la France et diminué son crédit politique. »
Voici une analyse politique de l’attitude de la France vis-à-vis de la Régence d’Alger formulée en 1826 par William Shaler, consul des Etats Unis.

Bien des choses ont été dites au sujet des causes de la prise d’Alger. La plupart sont vraies, mais je vais essayer de les resituer :
En premier lieu, il y a l’affaire Bacri et Busnach datant de l’époque du Directoire (dont il a été fait état). Cette sordide affaire de dettes impayées (dans laquelle Pierre Deval, le consul qui se prit « deux ou trois légers coups de chasse-mouche » le 29 avril 1827, selon C.-A. Julien) mena à une série d’incidents qui s’amplifièrent.
Pour ne citer que les principaux :
- 12 juin 1829 : ultimatum de la France au dey Hussein ;
- 16 juin : début du blocus d’Alger par quatre vaisseaux français ;
- 3 août : le vaisseau amiral français essuie une bordée des batteries algériennes ;
- 31 janvier 1830 : la France décide de mener une action contre la régence pour venger son honneur offensé ;
- 2 mars : Charles X annonce une prochaine expédition.
La France est diplomatiquement isolée. Mehemet Ali refuse de jouer le jeu de la France. Anglais et Turcs sont opposés à une action de la France. Par ailleurs, en France, l’opinion est divisée.
Cette conquête, voulue pour gagner du prestige, ne sauvera pas le régime. Elle constitua un héritage encombrant pour Louis-Philippe.
L’ordonnance du 22 juillet 1834 fut l’acte de naissance de l’Algérie coloniale, faisant partie des « possessions françaises dans le nord de l’Afrique », placée sous tutelle du ministère de la Guerre et régie par un gouverneur militaire.

_________________
Je n'ai pas cru que tes édits pussent l'emporter sur les lois non écrites et immuables des dieux. Sophocle