JEAN VALJEAN
Citer :
Enfin, pensez-vous que les options diplomatiques françaises - puis leurs concrétisations - étaient-elles judicieuses ?
Je pense qu'ils ont fait deux énormes conneries : _l'alliance russe, qui a créé les conditions de la confrontation mondiale en faisant fusionner le conflit franco-allemand et les rivalités balkaniques tout en donnant à la Russie un chèque en blanc pour poursuivre sa politique expansionniste.
La conquête du Maroc, qui a attisé de façon complètement inutile les risques de conflit franco-allemand.
Duc de Raguse
Citer :
l'alliance russe, qui a créé les conditions de la confrontation mondiale en faisant fusionner le conflit franco-allemand et les rivalités balkaniques
Dois-je vous rappeler que sans cette alliance, la France se retrouvait toute seule sur l'échiquier diplomatique mondial ?
Devait-elle supporter l'hégémonie allemande dans le monde au mépris de ses propres intérêts, sans rien faire ?
Vous oubliez aussi l'Alsace-Lorraine qui venait d'être perdue... Sans alliés, il n'y avait aucune chance de faire pression sur l'Allemagne pour sa restitution.
Citer :
la Russie un chèque en blanc pour poursuivre sa politique expansionniste
Vers où ? Car au moment de la signature de l'alliance, la Russie se tourne vers l'Asie et certainement pas vers les Balkans. Les relations avec la cour impériale de Vienne sont des meilleures...
Citer :
la conquête du Maroc, qui a attisé de façon complètement inutile les risques de conflit franco-allemand
L'intervention politique et économique française - tout comme celle de l'Espagne, ne l'oublions pas ! - au Maroc avait débuté bien auparavant que l'Allemagne ne fut un Etat uni.
L'accélération du processus à la fin des années 1890 ne fut qu'une suite logique de la politique précédente...
JEAN VALJEAN
Citer :
Dois-je vous rappeler que sans cette alliance, la France se retrouvait toute seule sur l'échiquier diplomatique mondial ?
Devait-elle supporter l'hégémonie allemande dans le monde au mépris de ses propres intérêts, sans rien faire ?
Vous oubliez aussi l'Alsace-Lorraine qui venait d'être perdue... Sans alliés, il n'y avait aucune chance de faire pression sur l'Allemagne pour sa restitution
On pouvait retrouver l'Alsace-Lorraine par d'autres moyensq ue la guerre. Par une négociation avec l'Allemagne, par exemple. Ensuite, quand on sait la guerre dont l'alliance franco-russe fût une des causes, on se dit qu'on serait peut-être restés mieux sans l'Alsace Lorraine.
Citer :
Vers où ? Car au moment de la signature de l'alliance, la Russie se tourne vers l'Asie et certainement pas vers les Balkans. Les relations avec la cour impériale de Vienne sont des meilleures...
La politique asiatique de la Russie aurait pu nous conduire à un conflit avec la Grande-Bretagne. Sa politique balkanique nous a conduit à un conflit avec l'Allemagne et avec l'Autriche.
L'alliance française fût décisive dans les politiques impérialistes de la Russie car, sans elle, le régime des tsars se serait tout simplement effondré. La révolution de 1905 allait amplement montrer la fragilité du régime. C'est la France qui a alors rétabli le tsarisme.
Citer :
L'intervention politique et économique française - tout comme celle de l'Espagne, ne l'oublions pas ! - au Maroc avait débuté bien auparavant que l'Allemagne ne fut un Etat uni.
L'accélération du processus à la fin des années 1890 ne fut qu'une suite logique de la politique précédente...
Soit, mais, dans un contexte nouveau, la poursuite de cette expansion ne pouvait que favoriser le risque de guerre avec l'Allemagne. Et encore plus la violation des accords d'Algésiras avec les occupations de Marrakech et de Fèz en 1910.
Narduccio
Citer :
On pouvait retrouver l'Alsace-Lorraine par d'autres moyens que la guerre. Par une négociation avec l'Allemagne, par exemple.
L'Alsace était en voie d'intégration dans le Reich, les Allemands la considérait comme faisant partie de leur empire. A terme, cela aurait dégénéré comme un Corse ou en Irlande.
Jean-Marc Labat
Citer :
A terme, cela aurait dégénéré comme un Corse ou en Irlande.
Je n'en suis pas si sur, l'Allemagne a une tradition de décentralisation inexistante en France. Un parlement dès 1874, une constitution en 1911 ont fait que l'Alsace était en voie de germanisation en 1914. Ce n'était qu'une question de temps. La situation différait paut être en Lorraine.
Alfred Teckel
Un mot sur la germanisation en Moselle, d'après une intervention de M. François Roth sur la presse en Moselle:
"En 1914 il y a à Metz 3 quotidiens germanophones et 3 francophones. Les journaux se rapprochent de leurs modèles allemands ou français. Les journaux alsaciens ne pénètrent pas.
Les journaux "français" sont supprimés en 1914. Mais tout le monde ne comprend pas l'allemand = on recrée la Gazette de Lorraine. [...]
En 1918, les journaux allemands sont supprimés, retour des journaux français. Dans les année 1920, les journaux allemands publient plus que les journaux français, car la majorité du lectorat est devenu germanophone."
Selon monsieur Roth, la germanisation de la Moselle aurait donc plutôt bien fonctionné, mais avec un "effet-retard", qui fait qu'elle était plutôt bien réalisée une fois la Moselle redevenue française.
Duc de Raguse
Citer :
On pouvait retrouver l'Alsace-Lorraine par d'autres moyensq ue la guerre. Par une négociation avec l'Allemagne, par exemple.
Cela a été tenté entre 1893 et 1898 et cela s'est soldé par un échec : jamais l'Allemagne n'aurait rendu l'Alsace-Lorraine à la France. Le ministre des Affaires étrangères, G.Hanotaux, a mené cette politique qui n'a débouché que sur Fachoda et un désengagement allemand face aux rivalités franco-britanniques.
Dans la politique de la Wilhelmstrasse, il s'agissait toujours d'isoler la France et de la contrôler diplomatiquement, tout en faisant en sorte qu'elle se frotte au Royaume-Uni.
Voilà de quoi décourager toutes les bonnes intentions d'entente (voire d'alliance) que ce ministre déploya pendant plus de 4 ans à l'égard de l'Allemagne !!
Citer :
La politique asiatique de la Russie aurait pu nous conduire à un conflit avec la Grande-Bretagne. Sa politique balkanique nous a conduit à un conflit avec l'Allemagne et avec l'Autriche.
Certainement pas ! Non seulement, la France a donné une fin de non-recevoir à la Russie en 1904, tout comme les autres crises balkaniques de 1908 et 1912.
La situation de 1914 ne s'explique pas seulement avec les intérêts russes dans la région. D'autant plus, qu'en 1914 la diplomatie russe est bien moins belliqueuse qu'en 1908 ou en 1904.
Citer :
L'alliance française fût décisive dans les politiques impérialistes de la Russie car, sans elle, le régime des tsars se serait tout simplement effondré.
C'est une lecture politique des choses, ne correspondant pas à la réalité. Ou alors, il faut apporter des éléments et faits plus précis.
Citer :
La révolution de 1905 allait amplement montrer la fragilité du régime. C'est la France qui a alors rétabli le tsarisme.
Je demande bien comment ?!?
Si vous pensez à l'emprunt, c'est insuffisant pour expliquer le phénomène de reconquête du pouvoir du régime impérial.
JEAN VALJEAN
Citer :
Certainement pas ! Non seulement, la France a donné une fin de non-recevoir à la Russie en 1904, tout comme les autres crises balkaniques de 1908 et 1912.
La situation de 1914 ne s'explique pas seulement avec les intérêts russes dans la région. D'autant plus, qu'en 1914 la diplomatie russe est bien moins belliqueuse qu'en 1908 ou en 1904.
En ce qui concerne les relations franco-russes en 1912, je me permettrais de citer la description du voyage en Russie de Poincaré alors Président du Conseil dans Le Grand Jaurès de Max Gallo :
En effet, Poincaré mène sa politique, habilement.[...]
Cette soif de pouvoir, Isvolsky l'exploite. Il insiste pour qu'un voyage officiel soit organisé à saint Pétersbourg. Il a lieu, en Août 1912, après la clôture de la cession parlementaire.
C'est en navire de guerre _pour ne pas traverser l'Allemagne_ que Poincaré se rend à Cronstadt où il est accueilli le 9 Août en chef d'Etat. On le flatte. Des revues et des réceptions somptueuses sont organisées en son honneur. Le tsar le reçoit à Peterhof.[...] Au cours des conversations, Poincaré se rend compte qu'Isvolsky ne l'a que partiellement informé, dissimulant le fait que le traité qui lie la Russie aux petits Etats balkaniques est une convention de guerre. Poincaré constate mais réaffirme sa fidélité à l'alliance, demandant simplement que le gouvernement russe se hâte dans la construction des chemins de fer stratégiques qui doivent permettre aux troupes de gagner rapidement la fronytière allemande.[...] C'est bien un voyage de préparation à la guerre.
Duc de Raguse
Citer :
je me permettrais de citer la description du voyage en Russie de Poincaré alors Président du Conseil dans Le Grand Jaurès de Max Gallo
J'ai un profond respect pour ce qu'écrit Max Gallo, mais je tiens à vous rappeller qu'il n'est pas historien.
Par ailleurs, Isvolsky n'est plus en charge des Affaires étrangères en 1914, puisqu'il s'agissait dans mes propos précédents de montrer une différence dans la diplomatie russe entre 1904,1908, 1912 et 1914.
Citer :
Au cours des conversations, Poincaré se rend compte qu'Isvolsky ne l'a que partiellement informé, dissimulant le fait que le traité qui lie la Russie aux petits Etats balkaniques est une convention de guerre.
Et alors ? Jamais la France n'a signifié à Saint-Pétersbourg un éventuel soutien en cas d'intervention de la Triplice dans les conflits balkaniques.
Citer :
demandant simplement que le gouvernement russe se hâte dans la construction des chemins de fer stratégiques qui doivent permettre aux troupes de gagner rapidement la frontière allemande.
Ne saviez-vous pas que la recherche de tout accord pacifique et négocié passe par des préparatifs militaires préalables. C'est une donnée de relation internationale existant depuis la Grèce antique...
Je ne vois pas trop où nous mène ce témoignage ? Pensez-vous que Guillaume II qui a fait voter des crédits navals en masse depuis 1904 l'a réalisé pour faire quoi exactement ? Qu'il a envoyé une canonnière à Agadir, en 1911, dans un but de provocation évidente, au mépris des accords d'Algésiras qui avaient mis hors-jeu l'Allemagne au Maroc, pourquoi ?
JEAN VALJEAN
Citer :
J'ai un profond respect pour ce qu'écrit Max Gallo, mais je tiens à vous rappeller qu'il n'est pas historien.
Par ailleurs, Isvolsky n'est plus en charge des Affaires étrangères en 1914, puisqu'il s'agissait dans mes propos précédents de montrer une différence dans la diplomatie russe entre 1904,1908, 1912 et 1914.
Que je sache, la guerre ne s'explique pas seulement par la crise de Juin 1914 mais par tout un engrenage de crises qui remonte à une dizaine d'années en arrière au minimum. Et, au cours de ces crises, la diplomatie russe a joué un rôle néfaste et belliqueux.
Citer :
Et alors ? Jamais la France n'a signifié à Saint-Pétersbourg un éventuel soutien en cas d'intervention de la Triplice dans les conflits balkaniques.
Poincaré n'a jamais signifié au tsar le contraire non plus. Il ne l'a jamais dissuadé d'affronter la Triplice dans les Balkans.
Et quand le tsar a vu que Poincaré n'avait pas bronché en apprenant qu'Isvolsky lui avait caché des détails d'une grande importance, il a compris que Poincaré ne broncherait jamais et qu'il ferait toujours du suivisme. Et le tsar avait raison puisque c'est effectivement ce qui se passera en Juillet 1914.
Poincaré n'a pas voulu la guerre, certes. Il ne l'a accepté qu'à la suite de l'ultimatum allemand. Mais l'ultimatum allemand n'est lui-même qu'une réponse à la mobilisation russe aux côtés de la Serbie et la France n'a rien fait pour empêcher cette mobilisation (pas même de soutien aux propositions d'arbitrage britannique). Notre silence a laissé pensé au tsar que nous suivrions. Si la France avait fait savoir qu'elle n'était pas prête à entrer en guerre pour les Balkans, la Russie n'aurait pas réagi de la même façon à la mobilisation autrichienne contre la Serbie. Elle n'avait pas mobilisé en 1908 parce que la France avait annoncé qu'elle ne suivrait pas.
JEAN VALJEAN
Citer :
Ne saviez-vous pas que la recherche de tout accord pacifique et négocié passe par des préparatifs militaires préalables. C'est une donnée de relation internationale existant depuis la Grèce antique...
Je ne vois pas trop où nous mène ce témoignage ? Pensez-vous que Guillaume II qui a fait voter des crédits navals en masse depuis 1904 l'a réalisé pour faire quoi exactement ? Qu'il a envoyé une canonnière à Agadir, en 1911, dans un but de provocation évidente, au mépris des accords d'Algésiras qui avaient mis hors-jeu l'Allemagne au Maroc, pourquoi ?
Les préparatifs militaires sont bien des préparatifs de guerre lorsqu'on accepte sans broncher toutes les initiatives de l'allié en question même celles qui pourraient entraîner un réel danger de guerre.
Deuxièmement, s'il s'agissait de préparatifs militaires sérieux, il ne fallait pas faire la loi des trois ans. Basée sur l'idée d'une guerre-éclair et courte, elle était totalement inadaptée par rapport aux réalités militiares et c'est à cause d'elle si les Allemands se sont retrouvés à 40 kilomètres de Paris en Septembre 1914...
Enfin, la France avait été la première à violer les accords d'Algésiras avec l'occupation de Fèz en 1910.
Duc de Raguse
Citer :
Que je sache, la guerre ne s'explique pas seulement par la crise de Juin 1914 mais par tout un engrenage de crises qui remonte à une dizaine d'années en arrière au minimum. Et, au cours de ces crises, la diplomatie russe a joué un rôle néfaste et belliqueux.
Pas davantage que celle de Vienne ou de Berlin...
Citer :
Poincaré n'a jamais signifié au tsar le contraire non plus. Il ne l'a jamais dissuadé d'affronter la Triplice dans les Balkans.
Car lors de ce voyage, le problème ne se posait pas en ces termes.
Par ailleurs, lorsqu'en 1908 la même crise balkanique fait monter Vienne contre Saint-Pétersbourg, la France refuse de suivre la Russie et la crise s'essouffle. Les Russes l'avaient encore en mémoire et avaient pardonné douloureusement à l'allié français son manque de fermeté à l'égard des chancelleries austro-hongroise, ce qui a permis une occupation totale et une annexion de la Bosnie-Herzégovine par Vienne.
Les Russes ne comptaient plus autant sur les Français après cette affaire...
Citer :
il a compris que Poincaré ne broncherait jamais et qu'il ferait toujours du suivisme. Et le tsar avait raison puisque c'est effectivement ce qui se passera en Juillet 1914.
Vous commencez à écrire n'importe quoi et à livrer une interprétation partialle, en décalage complet avec la réalité. Vous ne pouvez savoir ce que Poincaré pensait réellement...
Par ailleurs, qui a déclaré la guerre à la France en ces jours ? Qui a envoyé une lettre à François-Joseph le 14 juillet 1914 pour lui garantir son soutien en cas de guerre contre la Serbie (et la Russie s'il le fallait) et à lui demander la plus grande sévérité à l'égard du "péril slave" ?
Il me semble que vous oubliez l'essentiel et jugez à charge contre la France, sans reconnaître les velléités belliqueuses de la Duplice !
Citer :
Notre silence a laissé pensé au tsar que nous suivrions. Si la France avait fait savoir qu'elle n'était pas prête à entrer en guerre pour les Balkans, la Russie n'aurait pas réagi de la même façon à la mobilisation autrichienne contre la Serbie.
Renier une alliance n'est jamais recommandé en diplomatie. Le conflit austro-russe intéressait peu la France. Celle-ci ne voulait s'engager que si Berlin était de la partie et en 1914, ce n'est un secret pour personne, c'est Guillaume II qui pressait François-Joseph de faire la guerre...
Citer :
Les préparatifs militaires sont bien des préparatifs de guerre lorsqu'on accepte sans broncher toutes les initiatives de l'allié en question même celles qui pourraient entraîner un réel danger de guerre.
Vous ne répondez pas à mes questions...
Et franchement, je ne comprends pas ce que vous voulez dire...
Citer :
Basée sur l'idée d'une guerre-éclair et courte, elle était totalement inadaptée par rapport aux réalités militaires
Ben si...
Le plan Schlieffen est une offensive courte, justement, qui doit se terminer en quatre semaines maximum. Ce dernier est connu des Français, via son service de contre-espionage, depuis 1905.
JEAN VALJEAN
Citer :
Car lors de ce voyage, le problème ne se posait pas en ces termes.
en quels termes alors ? Et si la question ne se pose pas en termes d'affrontement entre la Russie et la Triplice, pourquoi alors donner à la Russie des conseils pour se préparer à une guerre qui, dans le contexte de l'époque, ne pouvait naître que des rivalités balkaniques
Citer :
Par ailleurs, lorsqu'en 1908 la même crise balkanique fait monter Vienne contre Saint-Pétersbourg, la France refuse de suivre la Russie et la crise s'essouffle. Les Russes l'avaient encore en mémoire et avaient pardonné douloureusement à l'allié français son manque de fermeté à l'égard des chancelleries austro-hongroise, ce qui a permis une occupation totale et une annexion de la Bosnie-Herzégovine par Vienne.
Les Russes ne comptaient plus autant sur les Français après cette affaire...
Si je comprend bien votre raisonnement, après le refus de suivre la Russie en 1908, un nouveau refus en 1914 aurait signifié pratiquement la fin de l'alliance russe. Ce qui revient à ce que je disais au début : le suivisme de Poincaré en Juillet 1914 se situe dans la logique de l'alliance russe. C'est donc que cette alliance était problématique dés le départ. Et si vous me dîtes que cette alliance était nécessaire pour parer au risque d'attaque allemande, je vous répondrais que, en 1914, le règlement de la question marocaine avait diminué les différends franco-allemands. Si l'hostilité monte entre les deux paÿs, ce n'est pas tant en raison de leurs différends propres mais en raison du chèque en blanc donné par les gouvernements français et allemand à leurs alliés balkaniques et orientaux respectifs.
Citer :
Vous commencez à écrire n'importe quoi et à livrer une interprétation partiale, en décalage complet avec la réalité. Vous ne pouvez savoir ce que Poincaré pensait réellement...
Par ailleurs, qui a déclaré la guerre à la France en ces jours ? Qui a envoyé une lettre à François-Joseph le 14 juillet 1914 pour lui garantir son soutien en cas de guerre contre la Serbie (et la Russie s'il le fallait) et à lui demander la plus grande sévérité à l'égard du "péril slave" ?
Il me semble que vous oubliez l'essentiel et jugez à charge contre la France, sans reconnaître les velléités belliqueuses de la Duplice !
Cela n'enlève rien à la responsabilité russe dans son choix d'une intervention aux côtés de la Serbie et à la responsabilité française de n'avoir rien fait pour dissuader la Russie de faire ce choix.
Citer :
Notre silence a laissé pensé au tsar que nous suivrions. Si la France avait fait savoir qu'elle n'était pas prête à entrer en guerre pour les Balkans, la Russie n'aurait pas réagi de la même façon à la mobilisation autrichienne contre la Serbie. Renier une alliance n'est jamais recommandé en diplomatie
Sauf quand cette alliance accroit le risque de guerre. Du reste, ce qui est contestable, ce n'est pas l'alliance russe mais l'alliance avec le régime tsariste, ce qui est différent. Pourquoi la France n'a pas soutenu la révolution de 1905 ? La guerre de 1914 n'aurait peut-être pas eu lieu si la révolution de 1905 avait permis l'émergence d'une Russie démocratique.
Citer :
Le conflit austro-russe intéressait peu la France. Celle-ci ne voulait s'engager que si Berlin était de la partie
Et vu que les généraux russes n'avaient imaginé quun seul plan de mobilisation, contre l'Autriche et contre l'Allemagne tout à la fois, on comprend que la logique même de l'intervention russe était que Berlin soit de la partie de toute manière.
Citer :
Ben si...
Le plan Schlieffen est une offensive courte, justement, qui doit se terminer en quatre semaines maximum. Ce dernier est connu des Français, via son service de contre-espionage, depuis 1905.
Je reviendrais plus tard sur la connaissance que les Français avaient des préparatifs militaires allemands. Bornons nous à dire que le plan Schlieffen et la loi des 3 ans étaient également inadaptés aux réalités militaires d'une guerre qui a duré 4 ans et fait des millions de morts...
Duc de Raguse
Citer :
C'est donc que cette alliance était problématique dés le départ.
Je ne vois pas pourquoi !
Cette alliance a permis à la France de se sortir de l'isolement diplomatique dans lequel Bismarck souhaitait la voir plongé pour l'éternité...
Au contraire, elle a été une aubaine pour les Français, qui ont pu sortir de l'étau façonné par l'Allemagne.
Le bonne question est plutôt : pourquoi avoir fabriqué cet étau ? Bien entendu pour éviter à la France toute chance de restitution de l'Alsace-Lorraine. Pourquoi ce problème de restitution est important pour l'Allemagne ? Car l'Alsace-Lorraine n'est pas si allemande que ses gouvernants ne le pensent et que la France a de justes droits de revendiquer un territoire qui lui appartient depuis Louis XIV et qui lui a été enlevé de force en 1871.
Citer :
en 1914, le règlement de la question marocaine avait diminué les différends franco-allemands.
Certainement pas ! La question de l'Alsace-Lorraine n'était pas réglée.
Par ailleurs, Guillaume II n'a toujours pas digéré son échec à la conférence d'Algésiras, où l'Allemagne s'est trouvée mise en demeure de renoncer à ses demandes par le Royaume-Uni, l'Italie (faisant déjà défection...), l'Espagne, la Russie et n'obtenant qu'un soutien très mou de l'Autriche-Hongrie.
La donne européenne avait changé depuis les années 1880, l'équilibre bismarkien était terminé et l'Allemagne était redoutée par la weltpolitik de son empereur.
Citer :
Cela n'enlève rien à la responsabilité russe dans son choix d'une intervention aux côtés de la Serbie et à la responsabilité française de n'avoir rien fait pour dissuader la Russie de faire ce choix.
Vous semblez à nouveau oublier qui est l'agresseur, à savoir l'Autriche-Hongrie et l'Allemagne !!
Par ailleurs, la Triple Entente, à la différence de la Triple Alliance, est une alliance défensive et non offensive. Il faut que l'un des membres soit attaqué pour que les autres suivent... Ce qui en dit long sur les intentions des différents contractants !
Citer :
Du reste, ce qui est contestable, ce n'est pas l'alliance russe mais l'alliance avec le régime tsariste, ce qui est différent.
Je ne vois pas ce qu'il y a de contestable là-dedans...
En 1914, il était très délicat de trouver un régime démocratique en Europe et de s'allier avec lui...
Par ailleurs, le régime prussien était tout autant despotique que le régime russe.
Citer :
Pourquoi la France n'a pas soutenu la révolution de 1905 ?
Elle l'a indirectement soutenu par l'intermédiaire d'un soutien politique et journalistique au parti constitutionnel-démocrate. Mais, ce sont eux qui n'ont pas réussi à rendre la Douma d'Empire, comme instrument politique viable, en cherchant toujours la surrenchère socialiste, fondée sur la violence.
Citer :
La guerre de 1914 n'aurait peut-être pas eu lieu si la révolution de 1905 avait permis l'émergence d'une Russie démocratique.
Impossible à dire !
D'ailleurs, la plupart des partis politiques russes, en 1914, à l'exception de la fraction bolchévique (ce qui veut dire quasiment rien dans la société civile russe) du parti socialiste ouvrier russe, soutient la guerre et la politique extérieure du Tsar et vote les crédits militaires à la Douma.
Citer :
Quand la politique de votre allié court tout droit au risque de guerre et que, loin d'émettre la moindre réserve, vous l'assurez de votre soutien total tout en lui donnant des conseils de préparatifs militaires, il s'agit bien de la préparation d'une guerre, qu'on en soit conscient ou non.
Quel pays serait assez fou dans le contexte de l'époque de ne pas réaliser ces préparatifs dans un tel contexte géopolitique ?
L'Allemagne précéda largement les Français et les Russes - bien en retard en 1912 !!! - à partir des années 1890 et 1900 dans sa marine militaire notamment.
La course aux armements a commencé à Berlin et vous semblez le nier, ce qui est grave lorsqu'on prétend discuter histoire...
Citer :
Je reviendrais plus tard sur la connaissance que les Français avaient des préparatifs militaires allemands.
Pourquoi ? Parce que je viens de vous l'apprendre ?
Citer :
Bornons nous à dire que le plan Schlieffen et la loi des 3 ans étaient également inadaptés aux réalités militaires d'une guerre qui a duré 4 ans et fait des millions de morts...
Voilà encore une preuve de votre méconnaissance du contexte général des Etats européens de l'époque.
Tous pensaient à une guerre de quelques semaines et tous pensaient qu'elle serait terminée, au pire, à Noël... Les stratégies (plan XIV, plan Schlieffen, invasion de la Serbie...) de tous les commandements militaires allaient dans ce sens et la longueur du conflit a surpris tout le monde.
Quant à vos critiques incessantes sur les Russes, elles m'exaspèrent tout bonnement !!!
Pour votre gouverne, sachez que le Tsar envoie ses meilleures divisions - alors que la mobilisation russe n'est pas terminée ! - sans aucune logistique, ni plan de bataille précis en Prusse Orientale car les Allemands sont entrain de réussir le plan Schlieffen et menacent Paris, paniquée par l'approche des premiers régiments de Uhlans.
Sans le sacrifice des troupes de Samsonov - qui a entraîné le retrait de deux divisions du front occidental de la part des Allemands pour porter secours aux troupes de Prusse Orientale -, la victoire allemande sur les Français semblait inévitable.
Par respect pour ce sacrifice qui entama pour longtemps la puissance militaire russe, je vous demande donc de modérer vos propos et de ne pas céder au dénigrement systématique de ce pays.