En relisant l'ouvrage de Gérard Noiriel, "Les ouvriers dans la société française", un chiffre m'a frappé. Pour une population d'environ 16 millions d'actifs, l'industrie était composé de 2,8 millions d'ouvriers pour ... 1,3 millions de patrons, soit un patron pour un peu plus de deux ouvriers.
Seulement, la France active est encore majoritairement rurale puisque le recensement de 1866 estime à 3,4 millions le nombre d'ouvriers agricoles. Ma question concerne ce chiffre, combien sont-ils, les patrons des exploitations agricoles ? Les 3,4 millions d'ouvriers agricoles prend-il en compte le patron de l'exploitation agricole ?
Nous avons là, 6,4 millions d'actifs, où sont les 10 autres millions et quel est la part "patronale" de ces derniers?

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Liberté, Egalité, Fraternité

Si je calcule bien, 2,8 millions d'ouvriers + 3,4 millions d'ouvriers agricoles agricoles, on arrive effectivement à vos 6,4 millions d'actifs. Ce qui revient à dire que les 1,3 millions de "patrons" sont des inactifs ?
Quant au reste, ne s'agirait-il pas de commerçants, d'artisans, de pecheurs, d'éleveurs, d'agriculteurs et de leurs familles ? Combien d'exploitations agricoles où trimaient la femme, les fils et belles-filles, sans etre vraiment comptabilisés "employé(e)s", combien d'artisans où le fils, le neveu, le jeune parent était employé en apprentissage plus ou moins controlé ?
Nous sommes bien placés pour savoir combien les politiques aiment à triturer les statistiques du chomage, vous pensez bien qu'au XIXe on ne songeait guère à tripoter des instruments encore embryonnaires; il faut faire "au plus approchant"...
Tiens, j'ai oublié les professions libérales & les fonctionnaires. Or il suffit d'ouvrir les almanachs pour voir le poids (héritage de l'ancien régime) des notaires, greffiers, juges de paix, avoués. Sans parler des douaniers & sapeurs à tous les coins de rue !

Effectivement, le monde patronal est un sujet difficile. Les chiffres sont à prendre avec des pincettes, bien que le recensement de 1866 soit considéré comme le meilleur du XXième siècle. Le monde patronal m'étonne par l'originalité de cette expression, par son importance numérique, en soi la part de la population à être maître de son activité. Dans mon imaginaire, l'industrialisation correspondait à quelques gros patrons ou "bourgeois" et des centaines de milliers d'ouvriers dans une France majoritairement rurale. Cela ne correspond pas tout à fait à la réalité de cette époque. Je ne suis même pas sûr que l'on comprenne réellement la lutte des classes sans l'étude de ce sujet.
Il est vrai que l'on peut distinguer le patron inactif du patron actif. Toutefois, la responsabilité patronale m'amène à considérer le patron comme un actif à part entière. Toujours d'après l'ouvrage de Gérard Noiriel, en 1881, les ouvriers constituaient 41,3 % de la population active contre 40 % pour les "patrons" et 14,4 % pour les "employés" (au sens large du terme).
Ainsi, on appréhende mieux la liberté d'entreprise, la liberté des marchés, l'activité humaine puisqu'on est sur un rapport grossièrement de 1 patron pour 1,2 ouvriers...

Fascinante représentation d'une économie à forte diversité. Quel était la part des fonctionnaires ?

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