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Message Publié : 11 Jan 2009 13:24 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 30 Sep 2007 12:09
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Localisation : Klow / Nouillorc
Le 19° siècle se caractérise par un goût du travail très prononcé.
Le temps de travail pour beaucoup d'ouvriers et d'employés dépassait 12 heures par jour.
Le temps de travail a t-il augmenté par rapport aux siècles précédents ou s'agit-il d'une impression ?
Comment expliquer une telle passion pour le travail à la différence des autres siècles ?
Il y avait bien sur la nécessité de sortir de la misère mais il semble que les membres des catégories supérieures travaillaient également durement.

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"Les gosses n'apprennent plus rien à l'école; en histoire-géo par exemple, ils doivent se débrouiller comme ils peuvent. Bientôt, un gamin nous dira par déduction que l'an 1111 correspond à l'invasion des Huns....."

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Message Publié : 11 Jan 2009 18:08 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 27 Oct 2007 17:57
Message(s) : 58
Localisation : Mouscron Belgique
Le temps de travail et le temps de travail sont des notions très relatives. Fallait-il déjà compter son temps ou compter le temps... ? Un artisan ou un commerçant ouvrait son étal ou sa boutique peu après l'aube et la refermait au coucher du soleil, n'arrêtant pas de recevoir ses clients et de "travailler" par ailleurs, souvent secondé par une épouse, un ou des enfants, un parent quelconque. Le temps des paysans n'est pas compté non plus.
Rappelons aussi que dans l'éthique de l'ancien régime le "travail" est une notion presqu'avilissante. Un noble peut perdre son titre s'il se commet dans certaines professions ou activités. Le travail manuel est plus encore mal vu (malédiction biblique : tu gagneras ton pain à la sueur de ton front). La prêtrise, l'armée, la justice ne sont pas considérés comme des "emplois" ou des "travaux" mais comme des officies qui appartiennent souvent en propre à celui qui les exerce.

La Révolution française en opposant le pauvre citoyen laborieux au riche ci-devant oisif va valoriser le travail. Le bouleversement technique de l'industrie va aussi montrer tous les avantages qu'on peut tirer de l'activité. Les artisans et les paysans continueront encore longtemps de fonctionner comme leurs ancêtres mais la nouvelle classe des ouvriers, celle qui reçoit un salaire, doit avoir son temps compté (et au plus juste) car on les paye directement pour leur temps (de travail) qu'ils vendent aux patrons. C'est ce que Marx appelera l'alinétaion du travail. Compter, chiffrer, calibrer le temps de travail c'est aussi pouvoir agir sur son coût, sur sa rémunération. Le facteur salaires est longtemps celui sur lequel les capitalistes peuvent le plus facilement faire pression. En conséquence, évidemment, les premières revendications ouvrières porteront sur des questions de temps : âge limites, durée hebdomadaire, durée quotidienne ...

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Message Publié : 12 Jan 2009 1:41 
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Administrateur
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Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15825
Localisation : Alsace, Zillisheim
Vitalis a écrit :
Le 19° siècle se caractérise par un goût du travail très prononcé.


Euhh, qu'est-ce qui vous permet de dire cela ? N'oubliez pas que c'est une période ou l'un des objectifs est de devenir rentier : donc de ne plus avoir besoin de travailler et de vivre du rendement du placement de son argent. C'est étonnant pour une période ou vous dites que l'on avait le goût du travail.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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Message Publié : 12 Jan 2009 10:06 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 30 Sep 2007 12:09
Message(s) : 468
Localisation : Klow / Nouillorc
En effet je me suis un peu aventuré.
Je me demandais si à l'origine de la révolution industrielle il n'y avait pas une augmentation du temps de travail.
Merci de ces précisions.

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Message Publié : 12 Jan 2009 23:20 
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Thucydide
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Inscription : 22 Avr 2008 15:31
Message(s) : 50
Plus globalement il y a surtout une modification du travail, avec la disparition progressive d'anciens métiers et l'apparition de nouveaux, qui exploitent plus intensément (quantitativement mais aussi qualitativement) des travailleurs qui sont plus nombreux et plus soumis : je pense ici au cas de l'Angleterre, d'après ce qu'en dit l'historien britannique Edward P. Thompson dans son grand livre La formation de la classe ouvrière anglaise.
Quant aux classes supérieures elles "travaillent" peu comme cela a été dit, mais vivent de leurs revenus (fonciers, industriels, financiers) ou ont des fonctions qu'elles n'assimilent pas à un travail. Voir quand même les différences flagrantes dans Germinal pour prendre un exemple canonique. D'où l'opposition dans le vocabulaire politique, social et économique du camp du Travail et du camp du Capital : plus qu'à notre époque où le travail s'est généralisé (et surtout encore modifié), au XIX° on peut clairement distinguer des populations laborieuses (ouvriers, artisans-commerçants, paysans) des populations "oisives" pour reprendre un terme péjoratif de l'époque. Et à ce propos, deux catégories montrent particulièrement ces différences : les femmes et les enfants, qui ne travaillent pas du tout dans les classes supérieures de la société, ce qui n'est bien sûr pas le cas dans une grande partie de la population.


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Message Publié : 13 Jan 2009 15:31 
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Georges Duby
Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
Message(s) : 7445
Localisation : Montrouge
Le XIXème siècle se caractérise par l'industrialisation et le développement des agglomérations. Montent vers les usines et la ville de manière assez massive une population rurale habituée au travail permanent de l'agriculture et soucieuse de réussir à tout prix pour payer son loyer et élever les enfants. Cette population sans repères et inquiète ne regarde pas au temps de travail. C'est comme les immigrés d'aujourd'hui, ils ne peuvent résister à la demande de l'employeur et il arrive que certains travaillent plus de 60 heures, par crainte de déplaire et pourtant il y a des interdictions qui n'existaient pas au début du XIXème siècle.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 08 Sep 2009 12:17 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 06 Août 2009 23:05
Message(s) : 42
Localisation : Sarreguemines
Passer de longues heures au travail est resté quand même pendant longtemps une forme d'infâmie.
Il suffit de voir l'Antiquité dans laquelle, un homme vraiment libre est celui qui n'a pas à travailler. Même s'il existe des traités techniques comme ceux de Xénophon, par exemple. D'ailleurs, ce sont plutôt des traités faits pour des dirigeants exploitant une masse de personnes laborieuses. Le Moyen-Age n'a jamais porté le travail dans son coeur en tout cas dans les écrits. Il suffit de constater qu'Adelbéron de Laon met les Oratores et les Bellatores en tête avant de parler des Laboratores. Les oeuvres qui traitent des travaux agricoles comme les Très Riches Heures du Duc de Berry servent surtout à la gloire de son commanditaire. Jusqu'à l'exigeance de ne pas déroger de l'Epoque Moderne.
Ce n'est qu'à partir des Lumières (Voltaire et surtout Diderot) que le travail manuel est vraiment mis à l'honneur et que le nombre d'heures passés au labeur devient un sujet de fierté. La bourgeoisie du XIX° siècle fera du travail soutenu une des bases de sa réussite, il existe souvent dans les manuels de 4° un texte dans lequel un industriel fait la leçon à son fils en insistant sur les heures passées dans son entreprise ("sans lesquelles, nous serions vite réduits à zéro!").


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