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Message Publié : 06 Mai 2012 23:39 
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Jean Froissart
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Inscription : 03 Jan 2008 23:00
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Ce sont les brigades Garnett et Kemper qui sortent les premières des couverts. Leurs bataillons viennent sur l'artillerie d'Alexander, la dépassent et se reforment.

La brigade d'Armistead arrive en queue de division.

Les canons sudistes se taisent, car ils ne peuvent plus tirer ayant devant eux, montant la pente, leurs propres troupes.

Et, pendant quelques minutes, un étrange silence s'installe, car l'artillerie fédérale, qui se contentait pour le moment de contre-battre le tir sudiste, s'est arrêtée à son tour.

Hancock est un vieux combattant; il comprend tout de suite ce que signifie ce silence, donne l'ordre à sa première division de se relever et de prendre ses positions de tir, à sa seconde division de se rapprocher de suite. Le Vème corps est prié également de se pointer avec ce qui lui reste.

Dans le silence et la chaleur étouffante, tout à coup, les fédéraux commencent à entendre les roulements de tambours des régiments du sud, qui, alignés à la parade, commencent à gravir la pente.

Les officiers d'artillerie du IIème corps n'ont pas besoin d'attendre l'ordre de leur général : eux aussi ont des jumelles. Et l'artillerie se met à tonner de nouveau, mais maintenant d'un seul côté.

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"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


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Message Publié : 06 Mai 2012 23:40 
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Cependant que les brigades s'avancent, les premières arrivées de boulets et de shrapnells commencent à trouer les rangs.

Pas question d'accélérer tout de suite la cadence de progression, car cela destructurerait cet ensemble de 10 000 hommes, qui a pour objectif d'aborder la ligne fédérale en ordre.

Les rangs se resserrent, les unités continuent à avancer.

Tout à coup, alors que le feu de l'artillerie nordiste semble s'intensifier, les colonels des régiments de tête, tétanisés, tombent sur la double barrière de bois de la route.

Il faut alors en catastrophe arrêter les colonnes, franchir les barrières le plus vite possible pour se reformer de l'autre côté.

Les fusants yankees commencent à dévaster les premières unités, cependant que les coups à moyenne portée arrivent maintenant en plein dans les bataillons intermédiaires.

Armistead suit toujours, sa brigade est à peu près intacte.

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Message Publié : 06 Mai 2012 23:40 
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Jean Froissart
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Pickett essaye désespérément de suivre la progression de ses hommes. La fumée devient tellement intense que lui, à cinq cent mètres derrière, n'arrive plus à repérer les positions exactes des brigades de tête.

Hancock, lui, commence à s'affoler en constatant qu'une marée d'uniformes gris est en train de se déployer de toute part depuis la route, et déferle vers ses positions.

Il donne l'ordre à son artillerie d'intensifier encore son tir, mais certaines gueules de canon sont déjà au rouge, et les feux deviennent imprécis. Peu importe : à huit cent mètres maintenant, tous les coups portent.

Les brigades Garnett et Kemper se mettent à fondre de manière terrifiante.

Une brigade d'infanterie fédérale fait mouvement sur le flanc droit de la position, et se met à tirer sur les bataillons sudistes par le côté.

Garnett fouette son cheval et prend le galop pour entraîner ses hommes décimés. Un coup de canon, de la fumée ... le cheval du général repart en arrière, la selle détruite et les étriers disloqués.

Kemper essaye de son côté, à la gauche de l'attaque, de grouper ses compagnies. La brigade fédérale déployée le repère avec son état-major : une volée de coups de feux, tous les officiers sudistes sont foudroyés, abattus sur place de leurs chevaux.

Armistead arrive de l'autre côté de la route, et constate le désastre en train de se faire. Lui est à pied, en tête de ses troupes.

Il prend alors une décision.

Se saisissant de son chapeau à larges bords, il le plante sur son épée, se retourne vers ses hommes et hurle : "virginiens, virginiens, qui veut venir avec moi ?" et il part à la charge. Et toute sa brigade se met à charger derrière lui, entraînant avec elle des débris des deux autres unités.

Et ils avancent, ils avancent. Les hommes tombent, la troupe continue, Armistead devant et bien visible des tireux fédéraux qui, pris d'un stress effroyable, n'arrivent plus à le viser.

Et ils arrivent au muret de pierre, sur les premiers canons fédéraux.

Et ils passent le muret. La défense fédérale manque se disloquer. Des renforts, par régiments, par compagnies éparses, arrivent de partout.

Hancock hurle des ordres de regroupement; il prend une balle en plein corps et tombe à son tour de son cheval. Ses officiers veulent le relever; il leur lance "je vous interdis de me relever d'ici tant que que le combat est en cours !"

Armistead arrive sur un canon, hurle de son côté "la victoire est pour nous, retournez les canons, retournez les canons !" et à son tour reçoit une balle; il s'écroule, blessé à mort.

Sa brigade est anéantie.

La grande attaque de la division de Virginie a échoué, et vient de se terminer dans le sang et la fumée.

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Message Publié : 06 Mai 2012 23:41 
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Jean Froissart
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Lee, qui avait suivi avec angoisse puis avec désespoir l'attaque, s'approche alors de Pickett, qui a l'air complètement égaré.

"Général, ressaisissez-vous : regroupez votre division" lui ordonne Lee.

Et Pickett, le regard dans le vague, lui répond alors : "mon général, je n'ai plus de division ..."

Si Pickett n'a plus de division, Lee, lui, n'a carrément plus de centre. Entre les division Hood et Mac Laws au sud, et les divisions de Hill et Ewell au nord, se trouve maintenant un trou béant.

Pour peu que les fédéraux passent à la contre-attaque, c'est l'armée de Virginie du Nord qui risque l'anéantissement.

Mais ils n'attaqueront pas. Vainqueurs, mais décimés, les régiments des Ier et Vème corps arrivent à peine à tenir encore leurs positions.

Hancock est blessé et ne peut plus donner d'ordres. Meade, le général en chef, se demande si ces fous de rebelles n'ont pas l'intention de redéclencher une autre tempête, à l'une des extrêmités du champ de bataille. Il n'ose pas bouger.

Les premiers à reprendre leurs esprits sont les confédérés. Lee, le désastre digéré, donne aussitôt une série d'ordres extrêmement précis qui ont pour effet un repli général de toutes les unités, avec artillerie, chariots, blessés : tout le monde repart, dans la nuit même du 3 au 4 juillet par ou ils étaient venus pour gagner la guerre de sécession.

La retraite sudiste sera un modèle du genre, et Lee ramènera tout son monde, sans même laisser derrière lui de blessés ou de traînards, de l'autre côté des collines bleues.

Meade, qui compte ses morts et n'ose pas croire qu'il vient de gagner l'un des plus grands chocs de la guerre, met trois jours à commencer une molle poursuite de l'adversaire. Cette indécision dans le succès lui coûtera son commandement, le président Lincoln appréciant assez peu qu'après tant de sacrifices on ait laissé échapper la principale armée sudiste.

Lincoln n'a pas tort d'être mécontent. L'armée de Virginie du Nord a perdu le tiers de son effectif, mais elle est encore combative et sera renforcée.

La guerre va encore durer deux ans ...

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Message Publié : 06 Mai 2012 23:42 
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Inscription : 03 Jan 2008 23:00
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l'autre bout du pays, le même 3 juillet 1863, le général Pemberton rend la ville de Vicksburg au général Grant et ses lieutenants, Sherman et Sheridan.

Le Mississippi est définitivement coupé pour la confédération.

Et Lincoln ne va pas tarder à appeler à l'est ces généraux du front ouest, peu appréciés des état-majors de Washington, limite vulgaires, mais qui, eux, "font la guerre" comme le demande le Président des Etats-Unis à ses généraux depuis deux ans.

La triade infernale Grant-Sheridan-Sherman va crucifier la confédération, et, dans un flot de sang, mettre fin à la guerre en la pratiquant de manière totale mais aussi moderne, par une capacité inédite à l'époque de modification permanente des lignes de communication.

Ils vont aller vite, de plus en plus vite. Les pertes humaines ne les arrêteront pas, sachant qu'ils disposent d'une réserve d'effectif que le sud ne peut pas se permettre.

Sherman lancera la terrible course à la mer, qui dévastera la Georgie et les Carolines.

Sheridan et sa cavalerie vont imposer aux sudistes de grandes batailles de cavaliers qui n'étaient pas l'habitude dans la guerre. Il détruira la belle cavalerie des gentlemen du sud à Yellow Tavern.

Et Grant va imposer à Lee une terrifiante guerre d'attrition, qui mènera à la destruction presque complète de l'armée de Virginie du Nord, et à Appomatox.

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Yves Modéran


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Message Publié : 31 Juil 2012 22:10 
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Plutarque
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Inscription : 15 Nov 2007 18:46
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Localisation : Breizh
La Saussaye a écrit :
l'autre bout du pays, le même 3 juillet 1863, le général Pemberton rend la ville de Vicksburg au général Grant et ses lieutenants, Sherman et Sheridan.

Le Mississippi est définitivement coupé pour la confédération.


Le général Pemberton rend la ville de Vicksburg le 4 juillet 1863, jour de la fête nationale...

_________________
Mard eo bet trec'het Breizh er brezelioù bras,
He yezh a zo bepred ken bev ha biskoazh,
He c'halon virvidik a lamm c'hoazh 'n he c'hreiz.
Dihunet out bremañ, ma Breizh!


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