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les machines nécessitent des ouvriers compétents
Une fois réglées et mises en marche, des armées d'enfants en assuraient la surveillance. Dans les usines du nord, on les plaçait sur de hauts tabourets étroits pour les empêcher de s’endormir... Vous ne répondez pas sur d'autres points: et le nettoyage ? la maintenance ? le travail dans les mines ?
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Si l'enfant est si rentable, les employeurs se les arrachent en augmentant leur rémunérations jusqu'à ce qu'ils soient payés au mieux, réduisant leur rentabilité...
Vous avez une vision tellement mécanique du fonctionnement du marché de l’emploi que c’en devient caricatural. Vous oubliez (ou évacuez) d'autres facteurs, notamment démographiques. Le réservoir d’enfants est inépuisable en raison de l’exode rural. Que je sache, on ne voit pas les salaires des enfants (250 millions d'enfants) augmenter aujourd’hui, ni leur sort s'améliorer dans les nombreux pays qui le pratiquent, pour la même raison, à laquelle s’ajoute l’accroissement naturel. Et les rares progrès qui s’accomplissent ne viennent pas du marché, et ne sont pas provoquées par une supposée vertueuse loi de l’offre et de la demande dans le marché de l’emploi, mais par des pressions des organisations humanitaires internationales relayées par les injonctions des entreprises donneuses d’ordre occidentales (qui ne sont pas philanthopes, certes mais qui doivent soigner leur image) ; rien de tout cela au XIXème siècle, mises à part les enquêtes de quelques hygiénistes comme Villermé dont il a été question plus haut, alors que restait-il sinon l’action publique ?
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les parents choisissaient l'usine plutôt que de rester dans leur misère rurale.
Les parents ne « choisissaient » pas l’usine, ils étaient chassés des campagnes par le chômage provoqué par la mécanisation. Et ils passaient de la misère rurale à la misère urbaine, bien plus profonde, mais sans possibilité de retour ; là encore pas de choix possible.
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L'exploitation" n'est pas moins scandaleuse...
Ah ! enfin, on parle d’exploitation...et même scandaleuse
Mais faites attention quand même, Txomin, vous frisez là l’aveuglement marxiste.
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Les réductions du temps de travail n'ont pas été octroyées
Vous avez raison, le mot est mal choisi. Elles ont été
arrachées par les luttes sociales.
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c'est accorder une bien faible puissance aux choix individuels et une bien grande capacité aux choix politiques que de voir les évolutions du monde comme des résultats de décisions du palais Bourbon.
C’est accorder une bien grande confiance aux seules lois du marché que d’espérer que de lui-même, il évolue naturellement et si l’on vous suit, quasi inéluctablement vers l’amélioration de la condition humaine...
Mais je ne suis pas aussi mécaniste que vous en la matière ; j’admets que le travail des enfants n’a pas disparu comme par enchantement grâce à ces lois ; je dis seulement que les lois sociales ont créé une contrainte qui a accéléré le processus, et que cette contrainte était salutaire sans être destructrice : que je sache, l’industrie française ne s’est pas effondrée après 1841, par contre de nombreux très jeunes enfants ont été soustraits à un univers qui n’était pas fait pour eux.
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Non, bien avant, il devient rationnel de consacrer des gains de productivité à l'éducation des enfants.
Mais de quoi parlez-vous ? Ce soi-disant « rationnel » n’est qu’un mot vide de sens. Depuis la disparition des corporations et du compagnonnage, quelle entreprise a consacré au XIXème siècle une part de ses « gains de productivité » à l’éducation, ou même à l’enseignement professionnel des jeunes, qu’elle pouvait raisonnablement considérer comme un investissement ? En 1913 encore, voilà ce que répondait le vice-président d’une chambre de commerce à un questionnaire préfectoral sur l’utilisation de fonds destinés à l’organisation de cours professionnels :
« Ces cours donneront-ils les résultats espérés ? Peut-être, s’ils sont organisés d’une manière pratique, c’est-à-dire s’ils se font le soir, après la journée de travail, et sont exclusivement dirigés par des professionnels. » Alors former, d’accord, mais surtout produire d’abord.
Et donc, ce que les entreprises sont incapables à l’époque de concevoir, vous voudriez que les parents de ces enfants en fassent une stratégie consciente et raisonnée (je vous cite :
« rentabilité croissante de l'investissement en éducation qui font faire des arbitrages à leurs parents »). Soyons sérieux...