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Message Publié : 16 Nov 2013 17:25 
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Localisation : l’Oisans en Isère
Bonjour à tous et à toutes.
Je travaille depuis plusieurs mois en collaboration, sur la constitution d’un dossier, que je dois présenter en mairie, afin d’éviter la destruction d’une maison située sur un alpage devenu dans les années 50 une grande station de sports d’hiver.
D’un premier travail aux Archives, consistant à ressembler les éléments propre à cette construction, me permet d’affirmer aujourd’hui, que cette maison a été construite soit à la toute fin du XVIIIe soit au tout début du XIXe (un problème d’homonymie laisse un flou sur la date exacte de la construction de cette maison). Cette date correspond à la forte augmentation démographique qu’à connue notre région (l’Oisans en Isère) entre 1806 et 1851, avant un déclin progressif encore plus important à partir de 1861. Si les raisons du déclin de la population sont très vite cernées et expliquées par la désertification, et l’exode rural, l’augmentation de la population entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe, quant à elle, me semble beaucoup moins évidente.
Je cherche donc des informations, ou des conseils de lecture concernant cette période et les éléments clés qui sont à l’origine de cette forte augmentation démographique, qui poussera certaines familles du village à partir s’installer sur les hauteurs, construire un nouveau village, dont cette maison, et transformer ces alpages d’estives en villages permanents, qui restera habités pendant 90 ans, pour redevenir une estive durant, environ 60 années, avant l’arrivée sur le plateau de l’or blanc.
Je remercie par avance toutes les personnes qui pourront m’aider dans ces recherches d’informations.


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Message Publié : 16 Nov 2013 22:31 
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Yorigami a écrit :
Si les raisons du déclin de la population sont très vite cernées et expliquées par la désertification, et l’exode rural, l’augmentation de la population entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe, quant à elle, me semble beaucoup moins évidente.


J'ai lu une explication pour l'Alsace. On sait que les années 1785-1790 furent difficile avec beaucoup de famines. Il est possible que cela ai commencé plus tôt, vers 1780.

Mais, les récoltes furent excelle,tes les années suivantes. Tellement excellentes que l'Alsace a connu un accroissement notable de sa population. Du coup, on augmente les surfaces cultivables. Malgré cela, il y a eût des répercussions sur la santé des gens et cela se voit sur les carnets de conscription de l'époque en Alsace.

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Message Publié : 17 Nov 2013 12:04 
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Localisation : l’Oisans en Isère
Merci pour cette réponse.
Je n’ai pas cherché du côté des récoltes sur cette période. Je vais regarder si je trouve quelque chose.

Effectivement, les courbes commencent bien plutôt, mais sur le village concerné elles sont en progression significative à partir de 1800 ou 1806 (environ +20 %), puis elle plafonne entre 1821 et 1836 (+20 %), puis elles stagnent entre 1841 à 1866 (-10 %), pour descendre régulièrement jusqu’en 1946 (-65 %), date à laquelle la station va commencer son développement ou la les courbes s’inversent. La vie moderne et le confort le développement des axes routiers que nous connaissons aujourd’hui ne parviennent pas à atteindre les seuils de 1836 ou la population du village atteint 1 000 habitants, contre 935 habitants en 2006 (hors période touristique ou la population passe entre 20 000 et 30 000 durant quelques semaines).

Il est très difficile d’affirmer avant 1808, car il est exceptionnel de voir sur les registres d’état civil le nom des hameaux, mais à partir de cette date, on ne peut que constater que les noms des habitants du « nouveau village » sont des noms connus et recensés depuis le Moyen-Âge dans notre canton et plus particulièrement dans le village. Ils sont même parfois attachés à plusieurs hameaux, un en vallée, et un sur le plateau, comme s’ils avaient choisi les estives comme habitat permanent à partir de cette période, sans doute poussés par la crise démographique.
Donc la seule certitude est que l’augmentation de la population n’est pas liée à de nouveaux arrivants, ou alors ces derniers auraient chassé pour une raison que j’ignore les locaux sur les hauteurs, ce que je refuse comme hypothèse, car je n’ai rien lu ou vu de tout cela jusqu’à maintenant.
Si je regarde les décès, et les naissances et les mariages, exclusivement sur le hameau concerné, par comparaison aux autres hameaux, je ne trouve rien de significatif qui le différencie des autres aux mêmes périodes, avant, après et pendant la montée démographique. Tout semble fonctionner sur le même modèle. Pourtant la population va augmenter d’environ 42 % en 30 ans !
Pour le village voisin, le phénomène est le même, avec pour seule déférence, qu’il commence aussi en 1806, il progresse et stagne plus lentement, et atteint le seuil plafond 15 ans plus tard.


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Message Publié : 17 Nov 2013 12:21 
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Localisation : Alsace, Zillisheim
J'oubliais, il y a aussi eu des progrès dans la médecine qui conduisent à une baisse de la mortalité enfantine. Ce qui conduit aussi à l'augmentation des adultes.

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Message Publié : 17 Nov 2013 17:26 
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Pour l'augmentation des rendements agricoles, je me suis demandé si ce n'est pas lié à la fin du "petit âge glaciaire", mais Wikipédia indique que celui-ci a connu un dernier regain de basses températures entre 1815 et 1860. (qui n'a toutefois pas atteint les conditions hivernales souvent épouvantables à l'époque de Louis XIV.)

Je me demandais si cette occupation permanente des estives n'était pas liée à une fonte des neiges plus précoce, mais les données climatiques suggèrent plutôt l'inverse. C'est au milieu du 19ème que les glaciers alpins connaissent leur plus grande extension.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Petit_%C3%A2ge_glaciaire

En 1818 les habitants de Chamonix organisent une procession au glacier des Bossons, craignant un barrage glaciaire de l'Arve. Cette inquiétude dure jusque vers 1850.
http://www.montblanc.to/fr/glacier/index1.html

Citer :
Ces catastrophes ne durent pas. Dès 1861, le recul glaciaire, stimulé par les printemps et étés chauds est général dans les Alpes. L'ampleur de ce recul est considérable, et pour la première fois depuis trois siècles, un point de non retour est assez rapidement atteint.


Je n'ai rien trouvé spécifiquement pour l'Oisans, ceci dit.

Mais ça donne plutôt l'impression que cette progression de l'habitat en altitude s'est faite en dépit de mauvaises conditions climatiques. Il faut chercher ailleurs la cause de cette progression.

remarque : ce que vous dites du fait qu'on retrouve dans les hameaux occupés les mêmes noms que dans la vallée suggère que ces familles ont davantage d'enfants qui grandissent et se marient, donc des foyers supplémentaires à installer, ce qui correspondrait bien à l'observation de Narduccio sur la diminution de la mortalité infantile.

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Message Publié : 17 Nov 2013 17:49 
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Localisation : Alsace, Zillisheim
Pierma a écrit :
remarque : ce que vous dites du fait qu'on retrouve dans les hameaux occupés les mêmes noms que dans la vallée suggère que ces familles ont davantage d'enfants qui grandissent et se marient, donc des foyers supplémentaires à installer, ce qui correspondrait bien à l'observation de Narduccio sur la diminution de la mortalité infantile.


Je pense qu'il faudrait voir si ce sont des branches cadettes qui s'installent sur les estives. Les aînés gardant le bénéfice du domaine principal.

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Message Publié : 18 Nov 2013 7:56 
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Localisation : l’Oisans en Isère
À Pierma. Je dispose de quelques notes sur le climat de cette époque en Oisans, et je pense, suffisamment pour 50 années à cheval sur le pic démographique.
Il faut que je les relise, mais je crois me souvenir que la période de la fin du XVIIIe était très médiocre, voire même catastrophique certaines années, pour le blé et les vignes. Pour le début du XIXe, je ne sais plus, je vais reprendre tout cela.

À Narduccio. Là, il va falloir que je demande l’aide d’un ami qui a travaillé sur la généalogie du village, car si les familles sont au nombre de 5, elles sont toutes affligées (de par les habitudes endogamiques très présentes dans notre région), d’un nombre d’homonymes qui rendent l’identification impossible sans reprendre toute la filiation.
Pour les progrès de la médecine, cela m’intéresse si vous avez des pistes plus détaillées.
J’avais cherché sur cette première idée, mais je dois avouer que la seule découverte, notable à mes yeux, qui pouvait expliquer une augmentation significative des courbes démographiques était un traité sur l’accouchement qui date des années 1770. J’ai ensuite pensé à l’hygiène, mais là encore les références me semblent plus parler des améliorations dans les villes, maisons bourgeoises plutôt que dans les campagnes ou dans le monde rural.


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Message Publié : 18 Nov 2013 10:09 
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Localisation : Montrouge
Dans la revue Population:
" Au début du xvin* siècle d'après les mémoires des intendants, Vauban attribuait à la France un peu plus de 19 millions d'habitants. 80 ans plus tard, à la veille de la Révolution, d'autres estimations donnaient 25 ou 26 millions. Soit un taux d'accroissement annuel moyen de 4 %0 (2). "
Il y a donc eu un assez fort accroissement démographique du pays au 18è siècle, à un moment où entre 80 et 90 % de la population était rurale.
Au 17è on a des taux de naissance et de mortalité également élevés, donc peu d'accroissement, puis s' amorce au 18è, la deuxième phase démographique, la diminution spectaculaire du taux de mortalité. C'est la différence qui fait l'accroissement de population du 18è.

On peut supposer que l'accroissement de population du 18è s'est en partie porté sur un habitat plus écarté des bourgs-centre traditionnels, en altitude dans les parties montagneuses.
Par exemple dans une commune située à 800 mètres, de 3000 habitants dans les années 1800, le bourg-centre atteint 1000 habitants et de nombreux villages excentrés jusqu'à 900 mètres habritant 2000 habitants.
L'habitat rural est donc dispersé dans un réseau de villages qui permet l'élevage ou la culture dans tout le territoire paroissial.
Pour les habitants, c'est le village qui compte et pas le chef-lieu de paroisse, future commune. On est de tel village et pas de la paroisse ou commune. Il y a de gros villages et chaque commune peut en comporter une dizaine dont certains plus importants que le chef-lieu. Le recul de la population va frapper les villages écartés. Certains vont disparaitre au 20è siècle.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 18 Nov 2013 14:30 
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Localisation : l’Oisans en Isère
Bonjour Alain.g,
Alain.g a écrit :
Dans la revue Population:]
… Au 17è on a des taux de naissance et de mortalité également élevés, donc peu d'accroissement, puis s' amorce au 18è, la deuxième phase démographique, la diminution spectaculaire du taux de mortalité. C'est la différence qui fait l'accroissement de population du 18è.

Savez-vous si cette baisse de mortalité touche plus les cas d’enfants morts nées, les nourrissons ou les très jeunes enfants ?
Et si cette baisse et le résultat d’une ou d’avancées médicales significatives dans le domaine de l’hygiène, ou si cela est imputable à de meilleures conditions de vie ?

Alain.g a écrit :
Dans la revue Population:]…On peut supposer que l'accroissement de population du 18è s'est en partie porté sur un habitat plus écarté des bourgs-centre traditionnels, en altitude dans les parties montagneuses.
Par exemple dans une commune située à 800 mètres, de 3000 habitants dans les années 1800, le bourg-centre atteint 1000 habitants et de nombreux villages excentrés jusqu'à 900 mètres habritant 2000 habitants.

Oui ce cas de figure existe aussi dans les différentes sources que j’ai consultées avec des hameaux élevés, avec une population forte que les hameaux les plus accessibles, voir même dans la vallée.
Cependant, le cas qui m’intéresse est un hameau (1650 m d’altitude) qui de temporaire est devenu permanent pour un siècle pour des habitants (une poignée 5 familles) qui à l’origine vivaient dans un village dont les hameaux étaient situés entre 900 m et 1200 m.
La différence est que pour cette altitude de 1650, même encore aujourd’hui, la vie est très dure (beaucoup craque avant la fin de saison), et je pense que compte tenu des spécificités du territoire, de sa déclivité et de son climat l’hiver ; territoire où chaque mètre carré de terre arable est un trésor, je ne pense pas que la mutation de cet habitat soit le résultat d’autre chose qu’une contrainte de ressource pour la vie elle-même ou de place dans les maisons.
Le plateau étant exploité pour la culture et ses pentes pour l’herbage de stockage (les parcelles cadastrales montrent bien cette découpe spécifique des pentes en longues bandes appelées : coins «cougnes» ou en courroies «coréeux» . L’alpage passant alors à plus de 2000 m durant cette période. Ensuite le plateau est redevenu un alpage pour le plus grand nombre de familles vivant en bas dans le village.

Alain.g a écrit :
Dans la revue Population:]L'habitat rural est donc dispersé dans un réseau de villages qui permet l'élevage ou la culture dans tout le territoire paroissial.

Pour l’alpe la culture devait être suffisante, mais très limitée et rare de par la configuration du terrain, car tout le centre du plateau jusque dans les années 1950 était une sagne ou il était possible de pêcher la grenouille en barque.
Les terres cultivées étaient limitrophes aux maisons, et sur la partie basse des pentes ou toutefois quelques cultures existaient comme le seigle et peut-être l’orge.

Alain.g a écrit :
les habitants, c'est le village qui compte et pas le chef-lieu de paroisse, future commune. On est de tel village et pas de la paroisse ou commune. Il y a de gros villages et chaque commune peut en comporter une dizaine dont certains plus importants que le chef-lieu. Le recul de la population va frapper les villages écartés. Certains vont disparaitre au 20è siècle.

Oui pour cela je vous rejoins complètement, certains villages comptent encore aujourd’hui plus de 15 hameaux dispersés sur des centaines de km2.
Les plus petits et les plus inaccessibles sont aujourd’hui des villages fantômes ou des ruines qui jalonnent les chemins de randonnées.


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Message Publié : 18 Nov 2013 15:30 
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Yorigami a écrit :
Alain.g a écrit :
Dans la revue Population:]
… Au 17è on a des taux de naissance et de mortalité également élevés, donc peu d'accroissement, puis s' amorce au 18è, la deuxième phase démographique, la diminution spectaculaire du taux de mortalité. C'est la différence qui fait l'accroissement de population du 18è.

Savez-vous si cette baisse de mortalité touche plus les cas d’enfants morts nées, les nourrissons ou les très jeunes enfants ?
Et si cette baisse et le résultat d’une ou d’avancées médicales significatives dans le domaine de l’hygiène, ou si cela est imputable à de meilleures conditions de vie ?
Je ne connais pas la ventilation entre les cas et entre les causes de mortalité infantile.
Site de l'INED:
" Au XVIIIe siècle en France, près d'un nouveau-né sur trois mourait avant d'avoir atteint son premier anniversaire, victime le plus souvent d'une maladie infectieuse. La situation change à la fin du XVIIIe siècle : la mortalité infantile se met à baisser rapidement et, vers 1850, la mort ne frappe plus qu'un nouveau-né sur six. Les principaux moteurs de cette baisse sont le succès remporté par la vaccination contre l'une des grandes causes de décès d'enfants à cette époque, la variole, et les progrès réalisés dans l'art d'accoucher, comme dans les premiers soins donnés au nouveau-né.
Mais, au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, la mortalité infantile augmente de nouveau, car l'industrialisation sauvage et l'entassement dans les villes sont propices aux épidémies. Une nouvelle maladie apparaît, le choléra, qui provoque plusieurs épidémies. De plus, les enfants placés en nourrice à la campagne ont une mortalité très importante.

A partir de la fin du XIXe siècle, grâce à la diffusion des pratiques d'asepsie et des politiques publiques de surveillance des enfants et des nourrices, la mortalité infantile commence à nouveau à baisser. Ce mouvement ne cessera plus. Seules exceptions, la pointe de 1911, liée à un été chaud durant lequel la mortalité par diarrhées a été très forte, puis celle causée par la guerre de 1914-1918, renforcée par l'épidémie de grippe espagnole, et enfin la pointe de mortalité de 1945, liée à la désorganisation des circuits de distribution du lait qui suit la Libération.

Image

La poursuite de la baisse dans la seconde partie du XXe siècle s'explique par le succès quasi total de la lutte contre les maladies infectieuses. Le passage en dessous du seuil de dix décès pour mille enfants de moins d'un an ayant eu lieu, en France ainsi que dans la majorité des pays d'Europe, autour de 1980, la mort des enfants est devenue aujourd'hui un phénomène rare et accidentel dans tous les pays développés. Elle continue pourtant de reculer d'année en année.

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Message Publié : 18 Nov 2013 15:51 
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Localisation : l’Oisans en Isère
C’est très intéressant, merci. Je vais chercher des informations sur cette piste.


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Message Publié : 01 Déc 2013 14:01 
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Localisation : l’Oisans en Isère
Bonjour à toutes et à tous.

Je viens de finir d’éplucher les archives ainsi que les notes que je possède sur la fin du XVIIIe siècle.
En ce qui concerne les récoltes, et me basant sur les témoignages que je trouve, entre 1770 et 1792 :
1775, une très bonne récolte de blé et autre céréale.
1771, 1777, 1780, 1784, (1786) récoltes de blé bonnes.
1773, 1776, 1785, (1786), 1789, 1791, 1792, récolte passable à médiocre.
1770, 1772, 1774, 1778, 1779, 1781, 1782, 1783, 1787, 1788, 1790, mauvaise ou très mauvaise récolte.

Dans notre région et surtout dans les villages en altitude, la culture du seigle était plus pratiquée, malheureusement, dans les archives locales il n’est que très rarement fait questions de ces cultures endémiques, je me suis donc basé uniquement sur le blé dont il est fait référence assez souvent, ou alors il est parlé de culture sans les nommées, ou très rarement des récoltes de fruits.
J’ai noté que les hivers leur rigueur et leur durée n’avaient pas vraiment d’influence sur les récoltes, qui, sur une gelée tardive, une tempête, une sècheresse pouvait ou non être catastrophique.
J’ai aussi trouvé des photos du hameau, faites au début du XXe siècle, ou l’on peut distinguer des cultures sur les pentes, et relativement hautes, plus de 1800 m.

Après 1792, je trouve beaucoup moins de données sur les cultures, il est fait quelques mentions sur la « misère écrasante en montagne » et sur les « réquisitions » des mules et des récoltes, sans plus de précision sur les villages concernés. Il est notable que le colportage (qui existait jusque là, de façon très localisée dans notre région) commence à se développer au même moment avec une augmentation des demandes de documents administratifs particuliers à cette pratique, demandes faites en mairie.

J’ai toutefois noté 3 choses qui me semble importantes :
1/ en 1772 il est fait mention d’une école de chirurgie créée par les Pères de Charités à Grenoble, pour former les médecins notamment pour les campagnes les plus reculées.
2/ en 1790, toujours à Grenoble, la formation des sages femmes par le docteur Héraud, 30 femmes et 51 jeunes gens pour « De tous les fléaux qui attaquent l'humanité, un des plus terribles est sans doute l'impéritie des femmes appelées sages-femmes à qui l'on confie l'existence d'une mère dans les douleurs de l'enfantement et celle de l'enfant qu'elle doit mettre au jour. Il arrive trop souvent de ces exemples affreux où ces deux victimes périssent à la fois ... »
3/ en 1799, une épidémie de typhus à Grenoble, et une injonction pour l’absence de tenue des registres de la commune de Venosc (village d’où dépend le hameau de l’Alpe qui est la le fondement de mes recherches).


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Message Publié : 01 Déc 2013 14:08 
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Localisation : Alsace, Zillisheim
Yorigami a écrit :
Bonjour à toutes et à tous.

Je viens de finir d’éplucher les archives ainsi que les notes que je possède sur la fin du XVIIIe siècle.
En ce qui concerne les récoltes, et me basant sur les témoignages que je trouve, entre 1770 et 1792 :
1775, une très bonne récolte de blé et autre céréale.
1771, 1777, 1780, 1784, (1786) récoltes de blé bonnes.
1773, 1776, 1785, (1786), 1789, 1791, 1792, récolte passable à médiocre.
1770, 1772, 1774, 1778, 1779, 1781, 1782, 1783, 1787, 1788, 1790, mauvaise ou très mauvaise récolte.



Et si vous corrélez avec la courbe de la nativité et avec celle de la population ? Cela donne quelque chose d'exploitable ?

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Message Publié : 01 Déc 2013 15:51 
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Narduccio a écrit :
Et si vous corrélez avec la courbe de la nativité et avec celle de la population ? Cela donne quelque chose d'exploitable ?
Vous voulez rapprocher les récoltes d'une année, des taux de natalité et d'excédent de population ? Les deux domaines ont des causes très différentes comme le climat notamment, l'ensemencement, le soin apporté et les techniques, pour la production agricole; l'hygiène, la médecine, les conditions de vie notamment pour l'autre. De bonnes récoltes ne font pas baisser le taux de mortalité, élément clé de l'époque pour calculer l'excédent de natalité/mortalité. Il me semble du moins.
Mais ll' enrichissement peut jouer en partie, si on admet un décalage assez important pour qu'il modifie les conditions de vie et d 'hygiène. A voir mais pas année par année. Bonnes et mauvaises récoltes alternent, l'essentiel n'est pas là en matière de démographie, d' après ce que j'ai compris. Par contre il y a un effet économique et politique fort année par année.

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Message Publié : 01 Déc 2013 16:12 
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Localisation : Alsace, Zillisheim
Alain.g a écrit :
Narduccio a écrit :
Et si vous corrélez avec la courbe de la nativité et avec celle de la population ? Cela donne quelque chose d'exploitable ?
Vous voulez rapprocher les récoltes d'une année, des taux de natalité et d'excédent de population ? Les deux domaines ont des causes très différentes comme le climat notamment, l'ensemencement, le soin apporté et les techniques, pour la production agricole; l'hygiène, la médecine, les conditions de vie notamment pour l'autre. De bonnes récoltes ne font pas baisser le taux de mortalité, élément clé de l'époque pour calculer l'excédent de natalité/mortalité. Il me semble du moins.
Mais ll' enrichissement peut jouer en partie, si on admet un décalage assez important pour qu'il modifie les conditions de vie et d 'hygiène. A voir mais pas année par année. Bonnes et mauvaises récoltes alternent, l'essentiel n'est pas là en matière de démographie, d' après ce que j'ai compris. Par contre il y a un effet économique et politique fort année par année.


Plusieurs auteurs prétendent que l'une des causes de l'augmentation de la population est le fait qu'on puisse nourrir plus de bouches. En fait, je me doute bien qu'il y a 2 raisons : moins d'enfants et de mères meurent grâce aux progrès de la médecine. Mais, si tout les autres paramètres restent identiques par ailleurs, l'augmentation d'une population, si les ressources n'augmentent pas conduit à la forme d'autorégulation qui se nomme famine. En corrélant les 2 séries de données, on peut savoir si cette explication est plausible ou non. Mais, je ne pensais pas être obligé d'expliquer cela sur un forum de passionnés comme le notre. Je pensais que tout le monde aurait la capacité de comprendre que je ne cherche pas une explication simpliste. Mais, que je cherche à savoir si l'explication générale donnée par certains est vraisemblable.

On sait qu'à la faveur du mouvement des Lumières, des méthodes qui permettent l'augmentation des récoltes sont mises en application un peu partout en France. Mais, je sais aussi qu'elles firent l'objet de bien des réticences du monde agricole.

Puisqu'il faut expliciter :
- diminution de la natalité et de la population SANS augmentation des ressources => famines et mortalité déportée. Les enfants qui ne meurent pas dans la petite enfance mourront plus tard du fait de la famine;
- augmentation des ressources SANS diminution de la mortalité => les populations vivent de manière plus aisées et la population augmente plus lentement que dans le cas suivant;
- diminution de la natalité et de la population AVEC augmentation des ressources => plus de gens peuvent vivre sur le même territoire jusqu'au moment où ce territoire "déborde" ce qui conduit à un exode rural. Les jeunes gens cherchant du labeur ailleurs.

Corréler les 2 courbes permettrait de faire le tri entre les diverses propositions.

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