Concernant le XIXème et "l'amélioration des conditions de vie", c'est assez relatif.
Il faudrait déterminer en quoi ces conditions de vie sont meilleures par rapport à quoi, donc "avant" et pour qui.
1/ il faut attendre les "congés payés" pour que les travailleurs (employés ou ouvriers) retrouvent presque le même jour de congé que "avant" (dont ce soi-disant obscur Moyen Age).
2/ la "fée électricité" mais aussi les éclairages au gaz ne contraignent plus les gens à ne travailler que à la lumière du jour...ce qui allonge notablement les journées de travail, surtout en hiver.
3/ c'est aussi le siècle qui voit naître la "médecine du travail", soit l'impact sur la santé physique des conditions de travail. Zola en a fait des descriptions assez éclairantes et en rien exagérées. L'Angleterre (autre pays très industrialisé en ces temps) ne valait guère mieux.
Idem ce siècle voit naître l'étude des accidents au travail, signant que les conditions de travail avaient de très solides incidences et présentaient de gros risques pour les travailleurs.
Ne rêvons pas trop quand à une éventuelle compassion: maladies et accidents du travail présentaient tout bonnement un soucis quant à la rentabilité des entreprises.
4/ le cancer, connus des auteurs anciens (DONT... l'asbestose! les textiles d'amiante sont très anciens!), devient un phénomène statistique à partir de la fin XVIIème, explose au XIXème, signant ainsi que les conditions de vie ne se sont pas franchement améliorées.
Idem le fameux "smog londonien", dû à la concentration de l'usage du charbon en agglomération (pas terrible pour les poumons...)
Ce tableau d'un XIXème avec "amélioration des conditions de vie" ne concerne pas tout le monde et certainement pas une grande majorité.
Grâce à Napoléon, on importe du bétail venu de loin si pas très loin, à pied.. pas toujours dans de très bonnes conditions, amenant les premières épizooties qui contamine petit à petit tout le bétail européen. Quant à l'alimentation de ce bétail, ma foi...bonne question...
Les abattoirs sont envoyés hors les murs. Si, effectivement, on pouvait déplorer les nuisances de l'abattage circoncis dans des quartiers intra-muros, en échange, les gens voyaient arriver le bétail et pouvait estimer de son état de santé. Au Moyen Age, le bétail venait des environnements proches, leur alimentation était contrôlée par la ville, le fait de venir à pied en traversant la ville permettait aux consommateurs de voir si les bêtes étaient saines ou pas (+ contrôle de la ville), etc. Bref: le système de contrôle sanitaire et de traçabilité était remarquablement structuré, chose qui s'écroule après Napoléon (ref. Histoire des peurs alimentaires).
Bilan: il n'est pas certain que, pour tout le monde, soit la majorité, l'alimentation fusse toujours de qualité correcte.
(bon, il n'y avait pas encore les pesticides, les produits phytosanitaires, les OGM)
Voir Oliver Twist et Zola: l'alimentation des petites gens, soit la majorité, était assez restreinte, peu variée, avec un accès aux protéines assez réduits, et des déséquilibres alimentaires suffisamment importants que pour entraver la croissance et le développement, sans parler de déficiences à lutter contre les microbes.
Les nantis, au vu des livres de cuisine de l'époque, même dans les "cuisines bourgeoises", se nourrissaient de façon tout aussi peu équilibrée, à nos yeux actuels: alimentation riche à très riche, abondante: bonjour le cholestérol, les foies chargés et les crises de goutte à répétition.
Concernant la "santé mentale", il faudrait pouvoir comparer ce qui est comparable avec ce qui a précédé, soit la définition ante-XIXème de "folie" et de "santé mentale".
On a effectivement une progression notable de l'alcoolisme, au XIXème, avec comme conséquences les troubles de Korsakov, neurologiques, requérant une hospitalisation en asile. On peut ajouter les dégâts dus à la syphilis, menant également à des troubles d'ordre neurologiques (gommes syphilitiques dans le cerveau), donc un écartement en asile.
Une série d'accidents de travail dont les traumatismes crâniens, peuvent avoir comme conséquences des troubles neurologiques divers: aphasie, dyspraxie, trouble de la mémoire, de l'attention, et modification du comportement (c'est résumé, les pathologies!),plus que probablement rangés dans la section "folie".
HS: Ce n'est que, effectivement suite à 14-18, devant le nombre important de cas de soldats atteints, que on va se pencher sur les troubles consécutifs aux trauma crâniens et/ou trauma psychologiques/psychiatriques du combattant, soit les conséquences des stress traumatiques (qui existent aussi dans le monde du travail). Ces études seront raffinées lors de 40-45 et la guerre du Viet-Nam.
En situation et condition de travail, les ouvriers se retrouvent confrontés avec des substances toxiques dont un bon nombre non seulement provoquent des atteintes physiques (nécrose des mâchoires avec le phosphore par ex., problèmes pulmonaires avec la poussière de houille) mais aussi des atteintes neurologiques entrainant des dysfonctions cérébrales (sensori-motrices, cognitives), donc à sans doute être placés en psychiatrie.
Le travail des enfants les soumets au même conditions que les adultes interférant avec leur croissance, y compris cérébrale: c'est également le siècle qui commence à classifier les individus suivant leur niveau d'intelligence. Des maladies iatrogènes chez l'enfant, on peut y ajouter bien sûr les répercussions de l'alcoolisme parental crée une population d'enfants et d'adolescents (puis d'adultes...) handicapés mentaux. Au XIXème, on ne fait pas très grande différence entre "maladie mentale" et déficience mentale, ni "soucis purement neurologique".
On peut estimer que la bourgeoisie n'est pas exempte de troubles d'ordre mental: le XIXème siècle a été particulièrement coercitif, principalement par la répression de la sexualité, où on en arrive à cacher sous des froufrous les pieds de piano et de guéridon "que cela ne donne pas des "idées"! Tout comportement était plus que soigneusement codifié dans les moindres détails, tout écart était une transgression.
Ce n'est donc pas pour rien que la naissance de la psychanalyse date de ce siècle!
NB: actuellement on "psychiatrise" quasi tout...L'industrie pharmaceutique, afin de tirer plus de profit de molécules ayant déjà fait leur tour, "crée" des maladies psychiques: "syndrome prémenstruel", bleues du lundi matin, etc. deviennent des "pathologies" à soigner à coup de petites pilules...