- La France et l'Angleterre penchent vers le Sud qui constitue un partenaire commercial important. Les sudistes sont nettement plus favorables au libre échange puisqu’ils exportent des produits agricoles que le Nord en phase d’industrialisation est plus protectionniste (voir Bairoch, Mythes et paradoxes de l’histoire économique, Editions La Découverte, Paris, 1995 p. 39-40). Avant la guerre, les exportations US colossales de coton et de blé dépassaient de près du double les importations d’Angleterre. De plus, le Nord cherche à freiner les importations industrielles et à rapatrier les capitaux en surplus pour financer son industrialisation.
Journal des actionnaires, du 2 mars 1861
« En ce qui concerne nos relations avec l’Amérique, l’établissement de la Confédération du sud, dont les Etats sont beaucoup plus sympathiques aux principes de la liberté commerciale que ceux du Nord, peut avoir de très heureux résultats pour notre production nationale. »
Ces mauvaises dispositions à l’égard du Nord sont rapidement justifiées :
Journal des actionnaires, du 16 mars 1861
« Chose remarquable ! Alors que le Nord provoque cette grande scission avec ses théories contre l’esclavage, il fait preuve de l’esprit le plus anti-libéral au point de vue du commerce extérieur ; il affranchit la marchandise humaine, il asservit les marchandises matérielles. C’’est sans doute plus noble et plus généreux mais c’est tout aussi impolitique. Le nouveau tarif discuté en ce moment par le Congrès de Washington aggrave les taxes les plus vexatoires et les plus opposées aux intérêts de la France et de l’Angleterre, c'est-à-dire les droits sur les produits manufacturés. »
- Le Sud ne fait pas pression en bloquant les exportation de coton, ce sont les nordistes qui tentent de bloquer le commerce des ports du Sud.
Le coton st alors la matire première essentielle.
La France, comme les autres pays européens demeure neutre et au début peuvent continuer à échanger avec le continent. Les deux premières années de la guerre, le coton du Sud parvient toujours jusqu’en Europe. Les importations de coton, énormes en 1860 conservèrent presque le même chiffre en 1861 (12 millions contre 11 millions de quintaux) malgré le blocus des cotes des Etats du Sud. Mais après quelques temps, avec la désorganisation, il apparaît que le coton commence à manquer. En effet, en 1862, la France, compte tenu des tarifs, en importe trois fois moins que l’année précédente. Mais en 1863, les stocks probablement épuisés les industriels sont contraints de payer le prix pour s’approvisionner ; En payant une somme équivalente à celle de 1861, moitié mois de coton est importé. C’est l’année où cette matière première est payée le plus cher par la France avec un coût multiplié par trois en trois ans (par rapport à 1860).
Prix du coton à Londres autour de la crise de 1863, par livre
(Source, Juglar Clément, Des crises commerciales et de leur retour périodique, Paris, Picard,1889 p. 382)
1859
6,5
1860
5,75
1861
7,63
1862
14,25
1863
20,5
1864
22,5
Importation de coton en France autour de la crise de 1863
(Sources, Juglar ) valeur puis quantité, en millions de francs et en millions de quintaux métriques:
1856
153:84
1860
202:123
1861
270:123
1862
126:38
1863
261:55
1864
315:67
Il n'y a donc pas de stock paticulier avant la guerre mais une hausse très forte des importations tant que les échanges sont possibles.
Avec la hausse des prix, le coton indien se trouve soutenu mais c'est surtout l'Egypte qui voit affluer les capitaux européens pour investir dans cette plante. Le pays conait alors un premier boom économique avant que le retour du coton américain ne provoque une grave crise.
- Sur le déroulement de la guerre et les anticipations de ses résultats, il faut lire Brown W. et Burdekin R., « Turning points in the U.S Civil War : A British perspective », Journal of economic history, 59, 1999. Ils proposent une pertinente étude, objective et sans anachronisme, de la guerre à patrir des cours d’un prêt de 3 millions de livre’s émis à Londres en mars 1863 par la Confédération Sudiste.
_________________ L'Etat n'est pas la solution, c'est le problème.
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