La Cochinchine et le Cambodge
La première intervention militaire de la France en Indochine, sous le Second Empire, a été directement provoquée par le souci d'assurer la sécurité des missionnaires catholiques que l'empereur d'Annam persécutait. Le désir de développer le commerce français en Indochine même et surtout d'établir, à travers l'Indochine, des voies de pénétration commerciale vers le Sud de la Chine a ensuite poussé à maintenir et à étendre les premiers établissements qu'on avait acquis. Les deux événements essentiels, entre 1852 et 1870, furent la conquête, d'abord partielle (1863), puis totale (1867) de la Cochinchine; l'établissement du protectorat français sur le royaume de Cambodge, voisin immédiat de la nouvelle colonie cochinchinoise (1863).
Le Tonkin, l'Annam et le Laos
Maîtresse de la Cochinchine et protectrice du Cambodge, la France a ensuite étendu sa domination ou son influence sur l'Annam, le Tonkin, les plateaux mois et laotiens. Ces diverses acquisitions ont toutes été réalisées sous la Troisième République, entre 1880 et 1900.
L'idée de conquérir le Tonkin apparut dès avant 1870, à la suite d'une mission d'exploration que Francis Garnier dirigea dans l'intérieur du pays; cette mission permit en effet d'établir que la vallée du Fleuve Rouge, au Tonkin, constituait la meilleure voie d'accès vers les provinces de la Chine du Sud. cependant une première tentative pour occuper le Tonkin échoua tragiquement (1873) ; cet échec entraîna, pendant dix ans, l'arrêt de toute opération. En Indochine, comme en Afrique du Nord, en Afrique Noire ou à Madagascar, l'arrivée des républicains aux affaires marqua la reprise des initiatives. Gambetta et Ferry furent, ici encore, les deux initiateurs. Un incident, au cours duquel une petite force française envoyée au Tonkin, sous le commandement de Rivière. fut anéantie, fut suivi de l'envoi d'un corps expéditionnaire en Extrême-Orient (1883). Après une courte guerre, l'empereur d'Annam, maître du Tonkin, se soumit: L'Annam et le Tonkin passèrent sous le protectorat français. La crise ne fut pas terminée pour autant car la Chine, qui prétendait à une suzeraineté sur l'Annam, refusa de reconnaître le traité. Il fallut faire aussi la guerre à la Chine ; celle-ci dut en fin de compte s'incliner (1885).
La prise de possession des régions situées entre le territoire annamite proprement dit et le cours du Mékong fut effectuée par des moyens surtout pacifiques entre 1885 et 1895. Un courageux explorateur, Maître, fit reconnaître l'autorité française par les rudes habitants des plateaux moïs, tandis qu'un autre explorateur, Pavie, parcourait, tel Brazza au Congo, les montagnes et les plateaux du Laos, passant avec les chefs indigènes de nombreux traités de protectorat.