Il est étrange et même un peu désolant de constater la permanance du mépris, pour ne pas dire de la haine, qu'aujourd'hui encore Garibaldi suscite dans "cartains" milieux.
Lorsqu'en 1871 la France était à genoux devant Bismarck, le seul secours qu'elle reçut du concert des nations, ce furent Garibaldi et ses quelques milliers de volontaires italiens qui, tous, ne demandaient qu'une seule et unique chose : mourir pour la France, leur patrie "idéale", la patrie des droits de l'homme. Les exploits de Garibaldi ne furent peut-être pas à la hauteur de ce que sa légende aurait pu laisser espérer ? On comptait peut-être sur lui pour redresser une situation désormais catastrophique et poursuivre les envahisseurs jusqu'à Berlin ? Peut-être, je ne sais pas.
Au demeurant, Garibaldi et les siens empêchèrent à plusieurs reprises les prussiens de conquérir Dijon et les vainquirent lors de la bataille des 21/22/23 janvier 1871. A cette occasion, un groupe de soldats commandé par Riccioti Garibaldi (le fils du général) arracha aux ennemis le drapeau du 61 régiment d'infanterie, le seul, à ma connaissance, perdu par les prussiens pendant toute cette guerre.
Et voici le bilan de cette épopée dressé en deux lignes lapidaires par le sieur Labat, fleurdelysé jusque dans son avatar:
"Pour ce qui est de la guerre de 70, son intervention fut plutôt brouillonne, individuellement néfaste, notamment pour l'armée de l'Est qui souffrit beaucoup de son inaction. Pour le reste, j'avoue mon ignorence."
C'est un peu court à mon sens, surtout si on compare l'action de Garibaldi à celle de Bazaine ou autres Bourbaki !
Mais point de pitié pour le rital : et en cela, le seiur Labat est le digne continuateur des députés réactionnaires qui ,le 13 février 1871, furent à l'origine de l'ignoble "charivari" à l'Assemblée de Bordeaux. Rappelez-vous les faits : élu député, le "héros des deux mondes" monte à la tribune pour tenir un discours qui devait être, il le savait, le premier et le dernier, car il avait l'intention d'annoncer qu'il allait présenter ses démissions afin de rentrer en Italie. Il prend la parole et il rappelle qu'au cours de sa vie, il avait eu l'occasion de se battre contre les Français et pour les Français, mais ayant toujours comme cause "la justice suprême." Cette allusion aux combats qu'il avait mené (en Italie....) contre les troupes de Napoléon III qui défendaient le pouvoir temporel du pape, lui voudra la sympathie d'Emile Zola et de Victor Hugo, mais, en attendant, les sifflets et les insultes de cette assemblée de notables opportunistes qui, pour beaucoup, aparès avoir servi le 2° Empire, se déclaraient à présent royalistes avant, bientôt, de se rallier à la républque.
Le débât sur Garibaldi et plus encore sur le garibaldisme nous menerait loin. Il est certain que les idées de ce grand homme étaient, en partie, fumeuses et, pour une autre partie, velleitaires. Toutefois, la constance avec laquelle les royalistes et les réactionnaires du XIX° siècle et de 2006 l'attaquent, doit nous indiquer que, dans ses idées, il y avait un fond progressiste et démocratique qui demeure à travers les siècles, et qui gêne les partisants du trône et du goupillon.
Comme l'a indiqué l'historien britannique Denis Mack Smith, le leg de Garibaldi c'est l'émancipation des femmes, l'instruction publique, l'égalité des races, le désarmement, l'abolition de la peine d emort, le droit des travailleurs, le désarmement, le suffrage universel... C'est pas mal comme bilan d'une vie ! Et sans doute pour ces raisons que le sieur Labat ne le supporte pas.
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