Sur le site, il y a certainement beaucoup de petites erreurs. Le site existait bien avant le livre, a reçu beaucoup d'ajouts d'auteur extérieurs et fait presque 900 pages français/anglais. Je vous remercie d'ailleurs de m'avoir signalé les coquilles.
Je m’y appliquerai, arriverai-je aux mêmes conclusions que les vôtres ?Evidemment!
Non, plus sérieusement, je pense que vous partagerez la majorité de mes analyses et mes conclusions si vous étudiez tout le dossier LBH.
Le problème de beaucoup de spécialistes de LBH, c'est qu'ils considèrent l'affaire comme un mystère obsédant, mais aussi amusant, une sorte de jeu d'échec constant. Depuis 1876, ils avancent des théories parfois justes, parfois à moitié juste, ou des hypothèses, sans jamais reprendre le sujet dans sa globalité.
Fait important du "mystère": on se focalise quasi exclusivement sur Custer et on part avec l'idée préconçue que l'attaque devait être folle puisqu'elle a échoué. Ceci était évidemment la théorie de Benteen et de Reno, et celle rapidement adoptée par l'armée sans aucune enquête.
Forts de ces idées préconçues, le public et beaucoup de passionnés de LBH s'amusent à chercher des routes pour "les cinq compagnies disparues", proposent des études psychologiques sur Custer, analysent si la ravine A ou B était la plus praticable, collectionnent les témoignages indiens sans contexte ni chronologie et... puisque cela devient brouillon, on en finit par adopter la version la plus facile, celle du Custer mégalomaniaque, pressé d'en découdre, oubliant de faire un plan et faisant face à des milliers de guerriers imaginaires.
Or ceci n'est pas l'affaire Little Bighorn. C'est une succession d'amuse-gueules dont les conclusions sont déjà écrites à l'avance.
Partons sur un autre principe:
On ne sait rien sur Little Bighorn. On reçoit le dossier à l'état, sans enquête officielle, et on doit découvrir la vérité (comme l'a fait le général en chef de l'armée Nelson A. Miles, qui a commencé son enquête alors qu'il était encore colonel, en 1877). Ce qui nous intéresse, ce sont les témoignages, les données techniques de la cavalerie, les données métérologiques, les ordres, le contexte des témoignages, le parcours et la personalité des témoins et des acteurs.
1) Quels sont les ordres reçus par Custer
2) Quel est l'état des troupes de Custer et de ses adversaires sioux et cheyennes
3) Comment se battait-on dans les guerres indiennes, et avec quel succès (un point le plus souvent ignoré)
4) Quel est le raisonnement tactique supposé de Custer, selon son expérience, ses campagnes militaires passées, ses ordres, sa personalité, les tactiques des guerres indiennes
5) Quels étaient les rôles donnés à Benteen et Reno (point totalement occulté, car le "mystère" part du principe qu'il n'y avait pas de plan, que Benteen et Reno n'en connaissait point et qu'ils n'étaient pas forcément inclus dans l'attaque du village, ce qui est peut-être le point le plus grotesque du mythe)
6) Est-ce que Custer a rempli ses objectifs avec sa colonne? Et Reno? Et Benteen?
7) Quelle a été la réaction des adversaires (conduisant à un possible changement de plan par Custer et une modification des rôles donnés à ses subordonnés)
8) Pourquoi Custer est-il mort sur sa colline, en position défensive (large périmètre défensif sur la collines). Qui attendait-il? Ses plans ont-ils été changés? Par l'adversaire? Par une erreur d'appréciation de ses subordonnés (dixit Waterloo)? Par une trahison volontaire? Quelle résistance ont offert les hommes de Custer? Pourquoi les pertes indiennes sont-elles un sujet tabou, au point d'être absentes des rapports des survivants (même les estimations)?
9) Pourquoi Benteen et Reno ont-ils survécu avec les 2/3 de leurs hommes sur une autre colline, en position défensive?
10) Pourquoi l'armée a-t-elle refusé de lancer une enquête, de produire des pièces à conviction, d'auditionner des témoins? Pourquoi la pression populaire a-t-elle conduit à une commission d'enquête trois ans après les faits? Pourquoi le capitaine Benteen a-t-il gardé sur lui, dans ses poches (!), l'ordre crucial "Benteen, venez vite" (dernier ordre de Custer connu) sans que l'armée ne le réclame ou même l'analyse? Pourquoi les cartes de la commission ne correspondent-elles pas aux originales, dont on prétend pourtant qu'elle en sont les copies? Pourquoi les témoins font-ils part de pressions, d'intimidation, de menaces pendant une enquête qui doit, selon le mythe populaire, donner la vérité sur l'erreur de Custer? Pourquoi des rapports officiels, sous serment, sont contradictoires avec des témoignages des mêmes officiers?
En prenant cette voie, et non celle du "destin" et du "mystère", cela revient à parler du Titanic sans constamment penser à l'iceberg. Comment déterminer l'erreur supposée et la responsabilité du capitaine si on ne fait pas abstraction de l'iceberg?
Une certitude ressort de mon travail sur Little Bighorn, et je sais qu'elle est partagée par bon nombre de spécialistes, d'historiens et de passionnés du sujet: l'attaque du village indien n'était pas suicidaire, et on peut le prouver.
Un procureur italien (et ancien officier de réserve), visitant le portail anglophone de custerwest.org, m'a écrit en 2007 pour me dire que le dossier était solide. Les preuves de manipulation et de parjures pendant la commission d'enquête aurait à elles seules impliqué Benteen et Reno de trahison, punissable par le peloton d'exécution. Et les preuves à charge contre Benteen et Reno pour la bataille à proprement parler ont elles aussi été jugées solides (avis partagé par un avocat militaire en 1997).
Comme l'a écrit le spécialistes de Little Bighorn et ami des survivants de la bataille, le capitaine Robert Carter (lettre pour le colonel William Graham, September 6, 1932):
(Reno was a)
"yellow streaked coward."(Benteen was a)
"disloyal officer openly disobeying his commanding officer's orders, which he had in his pocket, and a traitor to his comrades and his country.""With 380 men and the ammunition packs closed up, Benteen and Reno could and ought to have made that effort to save Custer's command. They they did not do so will always be recorded as a crime, in the history of the U.S. Army (...). Une petite histoire pour terminer: en 1996, Mel Gibson cherchait une histoire de trahison pour raconter son histoire romancée de William Wallace, Braveheart. Et qu'est-ce qu'il a choisi? L'histoire d'un type en pleine bataille, trahi par un noiraud à moustache et un homme d'apprence plus âgée, rasé de près, aux cheveux blancs. J'ai créé une vidéo pour montrer d'où vient l'inspiration (le scénariste Randall Wallace étant intéressé par LBH, le sujet reviendra dans Nous étions soldats, en 2003):
http://www.youtube.com/v/WSrFC5yHcDEMeilleures salutations
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