jerem88 a écrit :
J'ai lu votre sujet d'un bout à l'autre et je l'ai trouvé très intéressant, je voudrais néanmoins poser quelques questions, notamment, je voudrais demander que sais t'on des sudistes unionistes? Pas ceux ce qui était contre la sécessions (au moins au début) ceux ci été légion dont Jefferson Davis ou Robet E. Lee eux même, non je parle des soldats unionistes originaires du sud soit plus de 120000 hommes (seul la Caroline du Sud n'a pas eu sont lot de soldats unionistes) ce qui à fait quand même tout ça de moins pour les armées confédérées (qui auraient pu attendre le demi million d'hommes) et ils prenaient un sacré risque car en cas de défaite ils ce seraient retrouvés apatride et considérés comme des traitres, que sais t'on d'eux ? si il est possible qu'elle est le profil type de ces hommes (car il y a autant d'histoires personnelle que d'hommes j'en suis conscient) mais quels était leurs motivations pour ainsi préférer l'état fédéral à leur état?
Une seconde question toujours dans le même ordre, comment la réunification à t'elle été vécue dans le sud ? Et comment les choses on t'elles évolués avec le temps? Car en effet aujourd'hui la plupart des familles sudistes "natives" (donc sans compter les immigrations de Nordistes vers le sud au XXième siècle. fuite vers la Sunbelt) bien que très fiers de l'héritage sudiste et n'aimant pas du tout être appelés Yankee et ayant même des symboles confédérés sur les drapeaux des états (Mississippi, Arkansas, Alabama,Caroline du Nord,Floride, Texas et Géorgie) reste cependant très patriotes envers les États-Unis (alors qu'ils ce haïssaient pendant la guerre) sont devenu pour beaucoup des votants républicains plus que démocrates.
Merci Jerem88
Il faudrait un ouvrage entier (et même sans doute plusieurs) pour répondre à toutes ces questions, c'est sans doute ce qui a découragé l'auditoire
Ce qu'il faut surtout comprendre ici c'est que la notion de patriotisme n'est entre la Révolution américaine et la guerre de Sécession (certains diront entre les "deux" révolutions américaines) pas encore fixée comme elle l'est aujourd'hui. La place, le rôle et les droits respectifs des états et de l'état fédéral sont dès l'origine et la rédaction de la constitution au coeur de la plupart des rivalités politiques américaines, objets de très violentes controverses qui se soldent pendant plusieurs décennies par une série de compromis plus ou moins satisfaisants. L'esclavage, ou plutôt son extension future puisque l'abolition forcée n'est jusqu'en 1862-63 pas une option, est un puissant catalyseur de ces tensions en scindant le pays entre deux modes de développement et deux "cultures" radicalement différents.
Pour faire simple, le Sud repose sur la force de travail de plus de 3 millions de noirs et n'a pas de plus grande crainte que les voir libres de leurs mouvements. Le Nord n'est pas moins raciste (sauf dans quelques cercles abolitionnistes, et encore) mais méprise l'esclavage comme un fléau moral et économique (la population noire libre des états du nord est d'ailleurs très limitée : en 1860, il y a moins de noirs (libres, mais pas citoyens !) au Nord qu'il n'y a d'esclaves dans le seul état de Virginie !) Les populations noires - essentiellement esclaves - sont même majoritaires dans certains états comme le Mississippi ou la Caroline du Sud.
Les choix de chacun sont largement liés à leur position géographiques entre ces deux mondes : les Nordistes des états "libres" se sentent agressés par la Sécession considérée comme une trahison tandis qu'au Sud, on invoque le droit des états à décider de leurs propres institutions et le respect de la propriété privée (dont, dans cette logique, les esclaves) : les planteurs considèrent que le Nord voudrait à terme éteindre l'esclavage en le confinant et les pauvres qui ne possèdent évidemment pas d'esclaves (on ne compte qu'environ 600000 "planteurs" dont l’activité dépend de l'esclavage), sont sensibles à l'idée que la fin de l'esclavage signifierait leur mise sur un pied d'égalité avec les noirs. Entre les deux "mondes", dans le haut sud, l'esclavage est moins omniprésent et les relations économiques plus ouvertes. Certaines régions (dans l'est du Tennessee, le nord du Missouri, dans le Kentucky ou le nord-ouest de la Virginie), l'esclavage n'est même que marginal et la plupart des "blancs" cultivent seuls leurs terres et ne sentent aucunement solidaires des planteurs sudistes. Ce fait contribue, parmi d'autres, à expliquer l'unionisme très fort dans certaines régions du sud, d'où proviennent nombre des soldats que vous évoquez. Pour des raisons inverses, des régiments sudistes seront levés dans certains états pourtant demeurés fidèles à l'Union comme le Maryland où l'on trouve de fortes minorités pro-confédérées.
Les racines sudistes sont également en moyenne plus profondément ancrées dans les états que celles des populations du Nord car celui-ci bénéficie de la quasi totalité de l'immigration et que les nouveaux arrivants s'assimilent beaucoup plus facilement au drapeau de l'Union qu'aux particularismes d'états issus de l'ère coloniale. Le choix de Robert Lee est sans doute emblématique de ces questions : jusqu'à la veille de la sécession de la Virginie, celui-ci professe que la dissolution de l'Union est une grave erreur et prétend rester fidèle au drapeau. En poste au Texas au moment de la Sécession, il ne songe pas alors un instant à la rejoindre à l'inverse de son supérieur le général Twiggs. Ce n'est que lorsque l'état de Virginie décide de rompre avec Washington qu'il décide malgré la proposition qui lui est faite de prendre le commandement de toutes les forces de l'Union, à démissionner pour se mettre au service de son "état natal", ce que d'autres éminents virginiens (Scott, Thomas...) ne feront pas. Au contraire on trouve le cas de certains
Yankee se ralliant au Sud (exemple éminent de Samuel Cooper) le plus souvent par solidarité familiale avec leur épouse sudiste ou parce qu'ils se sont de longtemps installés dans le Sud et y ont donc leurs intérêts.
Quant à la question du patriotisme actuel des Sudistes malgré le mythe de la "cause perdue", elle se révèle assez par l'attitude de la plupart après guerre : les armes ayant parlé et leur ayant été défavorables, détruisant par la même occasion le socle de leur "civilisation" propre, leur combat a plutôt été de se "réinsérer" et de peser au sein de la nouvelle Union dans le cadre de la "reconstruction" qui leur a été imposée. Le clivage entre républicains et démocrates a depuis 1860 si profondément évolué que les comparaisons avec cette époque ne valent plus grand chose mais il est vrai qu'il est piquant de voir par exemple que l'électorat noir est aujourd'hui très majoritairement démocrate alors que le Sud profond vote largement républicain. Le basculement se fait progressivement au cours du XXe siècle pour des raisons trop longues à expliquer ici d'autant que j'ai déjà écrit un vrai roman