Bonjour,
Qui est responsable du déclenchement de la guerre en 1914 est une question qui fait et fera encore l'objet de nombreuses discussions.
Pour ma part, après la lecture des "Somnambules" de Clark, je ferais débuter le drame avec la Serbie et ses ambitions qui déstabilisent les Balkans avant 1914 - encore que je me méfie de cette image manichéenne de la Serbie dans le rôle quasi-exclusif de "fouteuse de m..." (si vous me pardonnez l'expression
). Ca me paraît trop simple.
Après, le conflit aurait dû être une 3e guerre balkanique, comme la région en avait déjà connu. Mais le jeu des alliances, en premier lieu la "participation" de l'Autriche-Hongrie comme protagoniste direct (c'est son héritier qu'on a assassiné), empêche de fait que le conflit reste restreint. Surtout que les deux pays ont un passif et des comptes à régler.
La suite, à partir de l'ultimatum austro-hongrois à la Serbie, est un enchainement de fierté et de crainte (de mon point de vue). Fierté, car il s'agit de ne pas plier devant l'adversaire, de ne pas abandonner ses alliés. Crainte, car chacun se dit que s'il ne mobilise pas, l'autre en face le fait ou va le faire, et que la prudence élémentaire impose de ne pas rester désarmé.
Ce qui prouve pour celui d'en face qu'il faut en effet mobiliser, d'où un enchainement de mobilisations et d'ultimatums jusqu'aux déclarations de guerre.
J'ajoute aussi, point qu'il me paraît essentiel de ne pas oublier, qu'en 1914, on n'a pas d'email ni de Twitter ! Ce n'est pas parce qu'une décision est prise à une heure donnée qu'en face, on est au courant immédiatement. Il faut plusieurs heures pour avoir l'info et prendre des décisions par rapport à elle.
Et la crise qui déclenche la guerre finit avec des décisions qui se jouent à quelques heures de délai.
Pour revenir à Guillaume II, comme d'autres intervenants, je pense aussi que le bonhomme portait un habit trop grand pour lui. Il m'a toujours paru sacrement immature, pas forcément très rationnel, une sorte d'enfant gâté et capricieux qui ne se rend pas forcément bien compte qu'il est quand même Empereur (mais là, j'avoue avoir du mal à m'extraire des écrits et documentaires du grand historien français de la fin du XXe siècle, Frédéric Mitterrand
)
Mais Guillaume II, ça c'est un fait, a été un magnifique épouvantail durant la guerre, avec sa moustache en croc, ses rodomontades, son ridicule du chef de guerre qui n'y connait rien, affublé d'un héritier tout aussi facile à caricaturer que lui.
La propagande français, en particulier, s'est défoulée sur le personnage du Kaiser, entre le ridicule et le sinistre. Et après l'Armistice, il a continué à faire un bouc-émissaire magnifique.
Au-delà de la réalité de ses responsabilités personnelles dans le déclenchement de la guerre, ce point me paraît essentiel à garder à l'esprit.
D'ailleurs, pendant la guerre, à part se faire prendre en photo en train d'inspecter ses troupes, ou servir de punching-ball pour la propagande alliée, je n'ai pas l'impression qu'il ai servi à grand-chose
. Ce sont les militaires allemands qui font la guerre, pas lui - surtout à partir de 1916.