Aigle a écrit :
Avec la guerre de tranchées et l'échec de l'attaque de Verdun, la situation évolue : les Suisses impressionnés par la violation de la neutralité belge craignent que Berlin ne passe par chez eux pour contourner l'aile droite française. En 1916 des contacts secrets sont pris avec la France qui avancent lentement (visite secrete de Weygand à Berne en avril 1917) et débouchent sur un accord oral début 1918.
Pour être plus précis, Pageot, l'attaché militaire français, mentionne Von Sprecher (qui est le chef d'Etat-Major général) l'intention allemande de faire une percée à travers la Suisse. Cela se passe en avril 1916, donc bien après l'invasion de la Belgique, et je ne sais pas si c'est aussi lié à cet événement. Von Sprecher propose au général Wille de coopérer avec la France. Mais celui-ci, en mai 1916, lui répond qu'il n'y a pas de raison d'approfondir cette possibilité, sauf sir le Département politique (les affaires étrangères) le désire. Quelques jours plus tard, il écrit au Conseiller fédéral Hoffmann, à la tête du Département politique, pour lui faire part de son scepticisme à ce sujet. Notons que Hoffmann était autant germanophile que Wille.
A ce moment, la Suisse garde la porte ouverte pour l'un ou l'autre des belligérants. Ou du moins, elle s'assure, en novembre 1916, que tant les Français que les Allemands lui fourniront des munitions si l'autre attaque le pays.
En décembre de la même année, il y a de nouveaux entretiens avec la France même si Von Sprecher ne croit pas à une violation de la part de l'Allemagne. Il y a discussions en avril 1917 et l'accord oral date de cette année, non pas de 1918. Cette note verbale est disponible en ligne sur le site:
http://www.amtsdruckschriften.bar.admin.ch (il faut taper "L'Attaché militaire de l'Ambassade de France à Berne, A. Morier, au Chef de l'Etat-Major Général de l'Armée suisse, Th. von Sprecher", document daté du 19 avril 1917)
Tous les éléments que je mentionnent se trouvent d'ailleurs dans les
Documents diplomatiques suisses, disponibles sur le site.