Je ne sais pas si nous sommes bien au clair sur le concept de char de rupture. La rupture n'est pas la percée. Un monstre tel que le B1-bis peut être appelé char de rupture - de l'autre côté du Reich, ce rôle était dévolu chez les Soviétiques aux énormes KV1 et KV2, pas aux T-34. Dans le schéma PGM, ce qui importe c'est de pouvoir enfoncer une puissante ligne de défense.
La France disposait donc de chars de rupture pour le cas où il y aurait eu à franchir un front fortifié, aux côtés ou juste devant l'infanterie.
Côté allemand, le Panzer II, le plus présent pendant la campagne de France, ne peut certes pas être qualifié de char de rupture avec sa pétoire de 20 mm ! Il infiltrait et débordait, faisant croire à l'infanterie française qu'elle était irrémédiablement tournée, qu'avec ces chars marchait l'infanterie - puisqu'en France, les chars marchaient à côté d'elle. La doctrine commandait alors de foncer en arrière se rétablir sur une nouvelle ligne. Il n'était pas prévu que des chars pussent être lancés en flèche de la sorte. Ainsi les contre-attaques tant redoutées par l'OKW n'eurent pas lieu.
Citer :
Je me suis mal expliqué : je n'ai pas dit qu'en 39 nous n'avions pas de chars ... mais que dès 18/19 nous avions des masses de chars FT17 d'une part et d'autre part une expérience de la guerre de mouvement blindée qui auraient pu justifier le choix après Versailles d'une armée peu nombreuse, bien équipée et entrainée pour détruire en une offensive fulgurante toute tentative allemnde de remettre en cause le traité.
En y réflchissant je vois deux obstacles : l'attachement de l'EM à des masses d'infanterie, la méfiance des politiques à l'égard d'une armée d'élité (implicitement premier pas vers l'"armée de métier" - expression qui portera un tel tort à De gaulle et Reynaud en 34).
En tout état de cause, avec les moyens techniques de 1918-1939 on ne peut pas si facilement échanger des hommes contre de la technologie. Mais d'une certaine manière la ligne Maginot est une réponse à la question ! Comme je l'ai lu dans une revue de jeu d'histoire, la LM "a permis à un tiers des troupes de tenir les deux tiers du front. C'est l'utilisation des deux autres tiers des troupes sur le troisième tiers du front qui a posé problème."
Pour l'offensive fulgurante, encore une fois, politiquement il n'en était pas question. "La meilleure défense, c'est l'attaque", c'est un précepte qui avait coûté à la France cent quarante mille morts pour à peu près rien en août 14. Oubliez un instant que nous connaissons la fin de l'histoire... la France voulait avant tout noyer une éventuelle offensive allemande dans sa défense avec un minimum de pertes et ne plus jamais reproduire le fameux "Attaquons... attaquons comme la lune !"
Le document dont Bernard Haulotte répond en détail au reste de vos hypothèses.
- Le char FT17 était toujours perçu comme un char d'accompagnement d'infanterie, en dépit des tactiques "presque de Blitzkrieg" (débordements à l'abri de brouillard artificiel) employées à la toute fin du conflit
- Le carnage de la guerre, et les suites diplomatiques (confiance dans le désarmement, etc) condamnaient d'avance toute doctrine offensive, fût-ce dans le but de "briser une offensive"
- Comme vous le supposez, "l'armée de métier" effrayait la Nation.
Par contre il n'y a rien au sujet d'un attachement de l'EM aux "masses d"infanterie". Ils avaient quand même de quoi en être dégoûtés. N'oublions pas que Pétain et 1918, ce n'est pas seulement "les Américains et les chars". La doctrine d'emploi de l'armée française a été complètement refondue à l'été 17 et les Allemands en ont fait les frais.