Savinien a écrit :
Dans Les Croix de Bois , un des personnages, Shulpart, trouve son logis vide au retour de la guerre
Il y a un bref soupçon à la page 190 (édition du livre de poche), même si ça ne concerne pas ici Sulphart:
"Un des nouveaux s'étant essuyé les mains après son pantalon de velours, sortit délicatement une photo de son livret militaire écorné.
- Elle est jeunette, hein ? C'est ma femme... Elle avait pas dix-huit ans quand je l'ai eue.
- T'as plus de goût qu'elle, lui dit Sulphart.
- Qui c'est qui t'remplace depuis qu'elle est veuve ? [...]
- Déc...pas. J'trouve pas mariole qu'on blague là-dessus".A la page 244, c'est en revanche Sulphart qui est concerné:
"- Foutre le camp avec les bois, la garce !... Et pas une lettre, rien...
A raconter éternellement la même histoire, il avait vite lassé tout le monde. Les femmes, généralement, lui donnaient tort, disant que Mathilde ne pouvait pourtant pas rester toujours seule à s'embêter, que "ça" durait depuis trop longtemps et que les hommes auraient peut-être fait pire à la place des femmes".Au reste, nous avons évoqué ce gonflement des divorces au sortir de la guerre (34 800 en 1920) soit par un amour qui s'est éteint, soit par incompréhension. Incompréhension que l'on retrouve plus loin avec la concierge qui en a assez d'entendre ces histoires de tranchées et qui sera une des raisons, les années suivantes, de regroupements en associations d'anciens combattants (pour évoquer ce que l'arrière ne peut comprendre).
Tonnerre a écrit :
Comparé à ça, commettre l'adultère avec un français pour une femme de combattant pendant la PGM, c'était d'un autre ordre, moins grave, honteux certes, mais c'était trahir son mari et non pas trahir son pays.
Si Vercors avait fait dans
Le silence de la mer, de Von Ebrennac et de la nièce des amants, il aurait en effet scandalisé bien plus largement que le livre de Radiguet par exemple. Mais c'eût aussi été un coup extrêmement dangereux pour les Éditions de minuit.