pierma a écrit :
La première guerre mondiale a été une longue tuerie parce qu'à ce moment de l'histoire, la puissance d'arrêt des armes était supérieure à leur puissance de choc. Un nid de mitrailleuses pouvait arrêter une compagnie d'infanterie, un barrage d'artillerie pouvait enrayer une attaque... Il faudra attendre fin 1917 pour que les belligérants trouvent les tactiques et les moyens permettant de redonner une nouvelle capacité offensive aux armées.
Au niveau stratégique, la défense n'est pas plus avantageuse que l'attaque.
Au niveau tactique, vous avez cependant raison, les fantassins chargeant sous le feu des mitrailleuses n'avaient pas forcément une position très enviable. Et il est certain que lors de l'assaut d'une tranchée, le pertes de l'assaillant étaient effroyables.
Ceci dit, il ne faut pas oublier que 70 à 80% des pertes de la Première Guerre mondiale étaient dues à l'artillerie. Pour reprendre l'exemple de Verdun, les troupes françaises ont effectivement perdu légèrement plus d'hommes que les Allemands malgré leur position défensive; mais la cause de cela est l'écrasante supériorité allemande en artillerie.
Au début de la bataille, les Français n'ont que 300 pièces légères ou moyennes à opposer aux 1200 canons allemands, dont une bonne partie d'artillerie lourde. Autrement dit, les soldats ont essuyé pendant plusieurs jours un feu roulant auquel ils ne pouvaient même pas répondre faute de pièce de portée suffisante. Et de fait, on a dénombré plusieurs milliers de morts dans le camp français avant que le moindre soldat allemand ne soit seulement mis en danger.
On ne peut donc certainement pas conclure de cela une infériorité française en armement. Les Allemands ont accumulé en un secteur très étroit du front un nombre énorme de d'hommes et de pièces d'artillerie, créant ainsi le plus gros déséquilibre ponctuel de moyens militaires de la guerre, d'où les pertes françaises très élevées.
Bien sûr, cette écrasante supériorité allemande se réduit (mais ne s'inverse pas non plus) au fil de la bataille, mais pas au point de compenser le "surplus" de pertes françaises subies au début.
En somme, même si l'attaque d'une tranchée française coûte plus aux Allemands qu'aux Français, la supériorité en artillerie des Allemands sur c point précis du front fait que les pertes françaises restent plus élevées sur l'ensemble de la bataille.
Plus globalement, l'équipement français n'a plus rien à envier à celui du soldat allemand en depuis 1915 et l'apparition du casque et du bleu horizon. Le pays a réussi à se doter de l'artillerie lourde qui lui faisait défaut, et ses armes légères sont tout à fait convenables.
Je change de sujet pour parler de l'aide des alliés à la France, encore que je sois étonné que certains croient utile d'en discuter: la Première Guerre mondiale est une guerre entre deux coalitions. Sans ses alliés, la France aurait probablement été en très mauvaise posture (encore que, comme cela a été dit, il ne faut pas se fier uniquement aux chiffres pour la chose militaire). Il en va de même pour l'Allemagne: sans l'Autriche et la Turquie, elle aurait bien peiné, malgré son armée supérieure (et supérieure ne veut pas dire invincible... D'ailleurs, elle fut vaincue). En seul face-à-face, qui aurait gagné, la France ou l'Allemagne?
Intéressantes question pour Passion-Uchronies, pas pour Passion-Histoire.
Le fait est que l'ensemble des forces de l'Entente a vaincu l'ensemble des forces de l'Alliance, et personne n'a cherché à minimiser le rôle d'aucun belligérant.
Mais force est de constater que les Allemands ont tenu bon face aux Américains et aux hars de Pétain.... Contrairement aux fantassins franco-serbes de Franchet d'Esperey qui enfoncent le front germano-bulgare dans les Balkans, forçant les derniers cités à l'armistice, séparent les Ottomans et la Triplice, et envahissent finalement l'Autriche.