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Message Publié : 22 Jan 2012 20:50 
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Jean Froissart
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Inscription : 29 Nov 2005 0:03
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En 1918 l'empire Ottoman n'est pourtant plus obligé de se battre contre la Russie, et peut concentrer ses forces contre le Royaume Uni et la France.
Pourtant les forces ottomanes sont battues en Palestine lors de la bataille de Meggido en septembre 1918. Ensuite les anglais entrent dans Damas et Alep.

Comment expliquer l'écroulement de l'empire Ottoman ?

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Message Publié : 22 Jan 2012 21:07 
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Romeo a écrit :
Comment expliquer l'écroulement de l'empire Ottoman ?

Les forces ottomanes sont, tout de même, présentes (et éparpillées) sur deux fronts : en Palestine, face aux Anglais, et en Syrie, face aux Arabes de Hussein ibn Ali. La combinaison de ces deux fronts désoriente les troupes ottomanes et disperse leur stratégie, d'autant qu'ils ne sont plus maîtres du terrain.

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Message Publié : 22 Jan 2012 21:42 
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Inscription : 20 Déc 2008 15:01
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L'empire ottoman entre en guerre alors qu'il n'est pas prêt à la faire : il vient de subir deux défaites humiliantes (en 1911-1912 contre les Italiens, en 1912-1913 contre les royaumes balkaniques coalisés) qui ont démontré l'obsolescence de son outil militaire.
L'aide allemande, en conseillers et en matériels, permet de le réorganiser, mais l'usure de la guerre sur plusieurs fronts (en Europe contre la Roumanie, la Serbie et la Russie, dans le Caucase contre la Russie, en Palestine et dans la péninsule arabique contre les Anglais) contre des adversaires tactiquement et techniquement supérieurs lui ayant infligé des défaites continues, sans compter des efforts intérieurs destinés à écraser les velléités indépendantistes (Arméniens, Arabes), l'ont épuisé.
A la fin de l'été 1918, on constate que le corps asiatique allemand ne permet pas de compenser l'infériorité ottomane en Palestine, ni de contre-attaquer vers Bagdad. Et à partir du début de l'automne 1918, la défaite semble inéluctable (surtout, pour la Turquie, avec les défaites des Empires centraux en Macédoine et la sortie de la Quadruplice de la Bulgarie le 30 septembre 1918, qui découvrent complètement la Turquie d'Europe).

CNE503

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"Sicut Aquila"/"Ils s'instruisent pour vaincre"/"Par l'exemple, le coeur et la raison"/"Labor Omnia Vincit"/"Ensemble en paix comme au combat"/"Si Vis Pacem Para Bellum"/"Passe toujours !"


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Message Publié : 22 Jan 2012 23:08 
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Inscription : 20 Août 2010 14:58
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Les Ottomans souffrent également d'un manque critique de troupes. Lors des opérations de l'été 1918 en Palestine, ils sont moins nombreux que les forces alliées. La situation est identique en Mésopotamie, et même pire dans la mesure où le front à tenir est beaucoup plus long.

Les forces ottomanes souffrent aussi du manque d'approvisionnement : la logistique ne peut pas suivre, dépendant très largement d"un réseau ferroviaire limité. Il faut aussi compter avec la menace de l'aviation alliée, qui domine les cieux et peut attaquer sans trop de riposte les convois et les positions des Ottomans.

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Il faut toujours éviter de combattre des désespérés.

Extrait du Taktika de Léon VI (empereur byzantin de 886 à 911)


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Message Publié : 23 Jan 2012 15:03 
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Inscription : 04 Déc 2011 23:26
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Localisation : Paris
CNE503 a écrit :
[...] sans compter des efforts intérieurs destinés à écraser les velléités indépendantistes (Arméniens, Arabes), l'ont épuisé.

Je précise, dans le sens de votre propos CNE503, que malgré la paix instaurée par le Traité de Batun, en juin 1918, une partie de la population arménienne maintient une zone de conflit à cette frontière de l'Empire ottoman, avec la République de l'Arménie montagneuse.

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Message Publié : 23 Jan 2012 17:11 
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Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 16:02
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Localisation : Montrouge
L'empire ottoman a un problème financier important, structurel par défaut de ressources et n'a pas les moyens de mener une guerre couteuse moderne semble t-il. Son Etat est moins organisé et moins efficace que les régimes européens.
L'empire ottoman n'a jamais réussi à rattraper son retard sur l'occident qui est apparu dès la fin du 18è siècle (Catherine II démontre sa faiblesse).

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 28 Jan 2012 18:20 
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Hérodote
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Inscription : 02 Sep 2007 11:28
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A mon avis, voici les causes de la défaite ottomane :

1° Voies de communications insuffisantes. Les chemins de fer ottomans n’étaient pas adaptés à une guerre de longue durée. Les lignes étaient à voie simple, le matériel vétuste, sa construction suivait des considérations économiques et non stratégiques et enfin elles n’étaient pas complètes. Un exemple : les divisions envoyées depuis la capitale en Palestine devaient s’arrêter au pied des monts Taurus pour la traverser à pied. Une fois de l’autre coté le chemin de fer longeait la côte sur plusieurs kilomètres (et était donc ouvert à toutes attaques venant de la mer), puis s’arrêtait encore une fois à cause des monts Amanos. Autre le train, avant la guerre, il existait une activité florissante côtière, mais l’action naval des Alliés y mettra un terme.

2° Une dispersion des forces. A des moments critiques l’état-major ottoman à dirigé des forces vers des théâtres d’opérations secondaires. Le raide sur le Canal, bien que stratégiquement une bonne idée, n’a eu comme seule conséquence qu’attirer l’attention et l’engagement massif britannique dans ce secteur. Concrètement, les opérations en Perse n’ont donnée aucuns résultats. Idem pour l’engagement turc en Galicie et en Roumanie (deux corps d’armée d’excellentes factures) Finalement les maigres ressources ont été diluées dans des actions qui si elles arrangeaient les Allemands, n’apportaient que peu de bénéfices aux Turcs.

3° Facteur humain. La vague de lassitude qui avait frappé les Alliés un an auparavant et qui frappera aussi les Allemand toucha aussi les Ottomans. Une lassitude d’autant plus grande que l’Empire était sur pied de guerre quasi continue depuis 1911 et la guerre italo-turque. En 1918 les centres de recrutement avaient du mal à combler les pertes et le nombre de déserteurs et de réfractaires avaient atteint des sommets astronomiques (rien que 200 000 en Anatolie, selon Liman Von Sanders) Ces hommes s’étaient regroupés en bande et vivaient le plus souvent sur le pays.

Par-contre, j’estime qu’il existe quelques « légendes » sur la défaites ottoman. Pour commencer, le déséquilibre matériel existant entre les armées alliés et ottomans. Paradoxalement, bien que cette affirmation soit vraie, cela n’a jamais été considéré comme une raison d’échec par les historiens turc eux-mêmes. La guerre en Orient n’a jamais été une guerre de matériel comme cela le fut sur le front ouest.

Autre fausse idée, celle d’une armée mal entrainé, pour la plupart mal commandé par des officiers incapables et efficaces uniquement lorsqu’il est encadré par les Allemands. L’historien Edward J. Erickson est le principal opposant de cette théorie. Selon lui, l’armée ottoman était une force efficace et en avance sur son époque dans plusieurs domaines (Par-exemple : l’organisation des divisions à trois régiments était déjà effective chez les Turcs). Suite à l’humiliante défaite balkanique, les dirigeants s‘étaient efforcés de rénover les forces armées et y étaient en partie parvenu. Dans une étude qu’il publie « Ottoman army effectiveness in world war I. A comparative study » il affirme même qu’en début de guerre l’armée ottomane est supérieure à l’armée anglaise.


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Message Publié : 28 Jan 2012 18:36 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 29 Nov 2005 0:03
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Merci de ce très intéressant exposé
:mrgreen: :mrgreen:

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