Bonjour,
Comme l'écrit CNE503, le livre du Général Laparra et Pascal Hesse "L'envers des parades" dresse de très intéressants portraits des membres du Haut commandement allemand de 1914 à 1918.
Je pensais par mes lectures antérieures que Moltke en août-septembre 1914 était "juste" péssimiste/dépressif. En fait, il était malade depuis 1910 et affaibli depuis cette époque. En août, il ne peut plus travailler longuement. Par exemple, le Major Tieschowitz, à l'époque 1er adjoint au chef d'état-major général à déclaré en 1921 au sujet de Moltke "il fit seulement du va et vient dans son bureau tandis que les décisions furent prises dans la pièce d'à côté".
Ainsi, suivant Laparra, cette situation a entraîné une altération du fonctionnement de l'Etat-major général et se traduit par une modification des relations et procédures des structures de commandement. Ceci éclaire les conditions dans lesquelles fut menée la "mission Hentsch".
Un officieux et ignoré "conseil de direction des opérations" formés des chefs de section Hentsch, Dommes (section politique) et Tappen (section des opérations) s'est créé. Suivant Tieschowitz "Ces trois hommes furent ceux qui conduisirent effectivement les opérations jusqu'à la bataille de la Marne. A von Moltke, son état nerveux lui interdisait de travailler sérieusement".
Pendant sa mission, Hentsch n'est pas uniquement un délégué du haut commandement comme les officiers que Joffre envoyait aux armées française pour "espionner" la conduite des généraux sur le terrain, mais bien un chef de section important comme le décrit CNE503 et aussi un des membres du triumvirat qui a pris des décisions opérationnelles engageant l'armée allemande.
Je ne peux que recommander la lecture de "L'envers des parades" a ceux qui s'intéressent à ces questions. Par la même occasion je recommande chaudement "Le Plan Schlieffen" de Pierre-Yves Hénin chez Economica; bien que l'aspect maladie de Moltke en soit absent.
Pour répondre à la question de Jadis sur le cercle des relations de Hentsch, à la mobilisation il prend la succession de Kuhl lorsque ce dernier devient chef d'état-major de Kluck, ce qu'il aurait peu apprécié. Kuhl fait une tentative auprès de Hentsch pour reprendre son poste mais ce dernier refuse. Et peu de temps après, c'est Kuhl qui reçoit Hentsch lors de ses deux visites à la 1ère armée. Suivant Laparra, l'incident a pu avoir une influence sur l'accueil que fit Kuhl à Hentsch.
Toujours suivant Laparra l'intervention de Hentsch "a sans doute permis de sauver les deux armées allemandes de l'aile droite, au moins la 1ère, la plus dangereusement exposée". Le reste des considérations est trop long à retranscire ici. Encore ceci "il était plus facile d'imputer l'échec de la bataille de la Marne à Hentsch que d'admettre des légèretés et des négligences coupables".