Quelques autres informations :
"La 3e Brigade d’infanterie russe spéciale, commandée par le général Maruchevski et constituée de 10.300 officiers, sous-officiers et soldats, quitta Arkhangelsk dans le courant du mois d’Août 1916 à bord de sept bâtiments, qui gagnèrent la France en empruntant une route maritime passant par la Norvège, le canal Saint-Georges et les Nouvelles-Hébrides. Le débarquement de ce très important détachement s’effectua à Brest, ainsi qu’à La Pallice." (Rémi ADAM : « Histoire des soldats russes en France (1915 – 1920). Les damnés de la guerre », Éd. L’Harmattan, Paris, 1996, p. 30).
Cinq de ces navires appartenaient à la Compagnie de navigation N. Paquet & Cie, à savoir : Circassie, Médie, Mingrélie, Ionie et Phrygie.
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"Nos cargos amenèrent aussi ...Les Russes : sept brigades - environ 30 000 hommes- de belles troupes, destinées à occuper un secteur du front de Champage. Ils défilèrent à travers la ville, montant à pas lents la rue de Siam, accueillis avec un extraordinaire enthousiasme, comme "messagers de la victoire et de la paix prochaine..."
"C'étaient des hommes bâtis en athlètes, sains, robustes. De placides géants nordiques qui - sous leurs longues capotes de drap roux que des cartouchières prenaient en écharpe, et leurs toques d'astrakans - donnaient une impression de puissance et de gravité presque religieuse... Ils allaient en chantant des hymnes graves comme des cantiques, à deux ou trois voix, qui faisaient songer à des choeurs de Stravinsky ou de Borodine.. On peut dire que, durant trois jours, il n'y eut fleurs et sourires que pour les Russes. Un pope blanc célébra la messe en plein air, place du Château, entouré des régiments en armes qui prêtèrent serment à l'Empereur, devant les îcones. On bénit les étendards... Ce fut une scène inoubliable.
"Qui aurait pu supposer, alors, comment cette belle armée, et les espoirs qu'elle suscitait, allaient finir... Quelques mois plus tard ? On allait apprendre avec stupeur que ces mêmes soldats - tout au moins ceux qui allaient survivre aux combats du front - s'étaient transformés en inquiétants "mutins de la Courneuve" et on les vit revenir à Brest, dix-huit mois plus tard, misérables, désaxés, entourés de suspicion, de pitié ou de haine, et mis au secret, comme des pestiférés, dans les casernements de la pointe"
Amiral Lepotier, "Brest, porte océane", éditions France-empire, 1968, pages 289-290.