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 Sujet du message : Le lieutenant-colonel Hentsch
Message Publié : 15 Oct 2012 13:17 
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Bonjour,

De nombreuses sources historiques soulignent le rôle du lieutenant-colonel Hentsch, délégué par von Moltke auprès de von Kluck et von Bülow, pendant la Bataille de la Marne.

Citer :
Outre les combats de Mondement, c'est le même jour que le lieutenant-colonel Hentsch, délégué de Moltke auprès de Klück (le quartier général de Moltke étant resté au Luxembourg), fait pression sur ce dernier en lui expliquant le danger de sa situation en pointe et en le convainquant de rompre le combat. Le fait qu'un simple lieutenant-colonel puisse engager le sort de plusieurs armées est symptomatique des carences du commandement allemand durant cette période. Hentsch, autorisé en cela d'ailleurs par un Moltke malade, a pris des décisions hors de proportion avec sa fonction.

Source : http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/ ... e-la-marne

Cependant, je ne parviens pas à trouver d'informations de sources sûres sur l'importance de cet officier avant et dans les premiers mois de la guerre (son cercle de relations, ses camarades de promotion à la Kriegsakademie, etc) et sur son devenir après son implication dans la Bataille de la Marne. La plupart des sources numériques sont des sites amateurs et l'approche est relativement non-sourcée. J'ai trouvé une chronologie intéressante dans "World War One, A Student Encyclopedia" (2006) de Spencer C. Tucker et Priscilliar Marie Roberts, aux pages 870-871, mais les faits sont généraux (assignation au service de Ruprecht de Bavière, promotion au rang de colonel, chef militaire des opérations d'occupation de la Roumanie et distinction pour son action lors de la Bataille de la Marne au cours de l'année 1917).

Il est fait, par exemple, mention d'une enquête de la Direction suprême de l'armée sur les actions de Hentsch pendant la Bataille de la Marne (http://1914ancien.free.fr/hentsch1.htm). Il serait, je pense, plus qu'intéressant de connaître la composition de cette commission et les officiers auditionnés. Si vous parvenez à trouver ledit document (du moins, sa copie numérique), même en langue allemande, je vous serai reconnaissant.

Je vous remercie pour votre aide,

Jadis

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Message Publié : 15 Oct 2012 15:10 
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Il est nommé colonel ( Oberst) le 17 janvier 1916. Après un passage à l'état-major de l'armée austro-hongroise de juillet à septembre 1915, il est nommé quartier-maître général (Oberquartiermeister) au groupe d'armées Mackensen le 12 septembre 1915, devient chef d'état major de l'administration militaire en Roumanie occupée le 1er mars 1917, est décoré de l'ordre pour le Mérite le 23 septembre 1917 et meurt à Bucarest le 13 février 1918 d'une opération de la vésicule biliaire.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 11 Jan 2013 7:42 
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Jadis a écrit :
Bonjour,

De nombreuses sources historiques soulignent le rôle du lieutenant-colonel Hentsch, délégué par von Moltke auprès de von Kluck et von Bülow, pendant la Bataille de la Marne.

Citer :
Le fait qu'un simple lieutenant-colonel puisse engager le sort de plusieurs armées est symptomatique des carences du commandement allemand durant cette période. Hentsch, autorisé en cela d'ailleurs par un Moltke malade, a pris des décisions hors de proportion avec sa fonction.


Classique du manque de connaissance du fonctionnement de l'armée allemande, et en particulier du rôle très particulier et décisif des "Generalstäbler"...

Un lieutenant-colonel qui fait partie du corps des officiers d'état-major a tout à fait ce genre de latitude que de s'imposer à un chef opérationnel, fut-il plus gradé : c'est un officier d'état-major, un "Generalstabler", un représentant de l'élite intellectuelle d'une armée qui se veut elle-même ce qui se fait de mieux dans le monde.
C'est plus significatif avec le rôle des chefs d'état-major des armées ou groupes d'armées divers, souvent commandés par des princes pour des questions de prestige dynastique ayant peu de rapport avec leurs capacités de généraux. Le véritable cerveau d'une unité allemande en 1914-1918, c'est l'officier d'état-major qui est généralement son "Ia", son officier opérations. D'ailleurs, en cas d'échec, c'est lui qui est tenu responsable et non le titulaire du commandement. Ainsi, le Generalleutnant Konstantin Schmidt von Knobelsdorf est-il transféré de son rôle de chef d'état-major du Kronprinz en août 1916, après l'échec de l'offensive sur Verdun...
A ce titre, le rôle de l'Obersleutnant Hentsch cadre parfaitement avec son statut, même s'il ne correspond guère à son grade.

Quelques autres exemples pour illustrer cela : le rôle décisif que le Major Kurt Freiherr von Hammerstein-Equord, alors officier opérations du général von Lüttwitz, joue dans les mois cruciaux de décembre 1918 à mars 1920 - il commandera d'ailleurs la Heeresleitung entre 1930 et 1934. Ou celui du Major Werner Freiherr von Fritsch, chef opérations du Grenzschutz "Ost" en 1919 - il commandera également la Heeresleitung en 1934-1935 puis l'Oberkommando des Heeres en 1935-1938 ! Plus ténébreux, l'action de l'Hauptmann Waldemar Pabst, chef opérations de la Garde-Kavallerie-Schützen Division lors de la répression sanglante de Berlin en janvier 1919 : simple capitaine, il est pourtant le véritable chef de la division, s'imposant sans difficulté au général von Hoffmann qui la commande nominalement !
Je ne parle même pas des "Generalstäbler" les plus célèbres, comme Seeckt, Groener ou Ludendorff, même si ce dernier exemple est particulièrement significatif : il est le véritable leader du tandem qu'il forme avec Hindenburg qui est pourtant bien plus gradé et auréolé de prestige. Le pouvoir dans l'ombre, en quelque sorte.

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Message Publié : 11 Jan 2013 10:31 
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Une petite question - que j'espère Jadis saura me pardonner puisqu'elle constitue une légère digression... :
Je suppose que votre remarque développée sur les officiers d'Etat-Major allemands pourrait aussi s'appliquer à la France, non ?

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Message Publié : 11 Jan 2013 13:20 
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En aucun cas, duc.
En Allemagne, ils constituent un corps spécifique. Il y a ceux qui sont "Generalstäbler", comme d'autres sont fantassins, artilleurs ou cavaliers. En France, le corps des officiers d'état-major, de mémoire, a été supprimé après le désastre de 1870-1871. Il n'avait de toute manière aucun rapport, en terme de qualité du recrutement, de l'instruction et de la compétence, avec ceux qui seront issus du corps des officiers d'état-major dans l'armée allemande.

Les parcours sont extrêmement variés. Si on prend deux exemples à peu près comparables, ceux de Ludendorff et de Groener, on a :
1) le premier, cadet à 12 ans, Sekonde Leutnant à 17 ans en 1882, sert initialement dans l'infanterie, puis rejoint la Kriegsakademie en 1890-1893, puis le Grosser Generalstab en 1894-1895, puis en 1904-1906, et retourne à la Kriegsakademie en 1906-1908 en qualité d'instructeur. Il sert de 1904 à 1913 au sein de la II. Abteilung du Grosser Generalstab, le département en charge des questions de mobilisation et de concentration, et à part ses deux années de commandant d'unité en 1896-1898, n'occupe que des fonctions d'état-major (successivement au sein du IV. Armeekorps, de la 9. Infanterie Division et du V. Armeekorps).
2) le second, Sekonde Leutnant en 1886, à 19 ans, est aussi un fantassin initialement, rejoint la Kriegsakademie en 1893-1896, puis le Grosser Generalstab de 1897 à 1902 où il sert en tant que chef de la section ferroviaire. Il est commandant d'unité de 1902 à 1904, à part ça, il ne sert que dans des états-majors (VII. puis XIII. Armeekorps, et surtout le Grosser Generalstab).
On pourrait les comparer tout deux à Seeckt, qui est comme ces deux généraux l'une des "pointes de tungstène" des "Generalstäbler".

Les "Generalstäbler" ne sont pas coupés du corps de troupe : ils ont été chefs de section dans leur arme d'origine, généralement l'infanterie ou la cavalerie ; ils sont commandants d'unité pendant deux ans, puis à la tête d'un bataillon et d'un régiment à un moment ou à un autre. Entre ces temps de commandement limités à deux ou trois ans, ils servent à l'état-major général ou au sein d'états-majors de division ou de corps d'armée où ils sont les véritables cerveaux. Ils sont même mis à contribution dans des fonctions techniques, en l'occurrence celles qui s'occupent du processus extrêmement complexes de la mobilisation et du trafic ferroviaire en cas de concentration.

Rien de comparable dans l'armée française, où les parcours sont beaucoup plus normés et bien moins dynamiques : pendant la guerre, Groener, chef du Kriegsamt au sein du ministère prussien de la guerre en octobre 1916, commandera la 33. Infanterie Division en août 1917, puis le XXV. Reservekorps en décembre 1917, puis le I. Armeekorps en février 1918 avant d'être chef d'état-major de la Heeresgruppe "Kiew" en mars 1918 et premier Oberquartiermeister de l'OHL fin octobre 1918.

Pour Hammerstein-Equord : capitaine à l'entrée en guerre, il sert également au sein du Grosser Generalstab ; commandant d'unité dans un régiment d'infanterie d'août 1914 à 1915, il est chef opérations du VIII. Reservekorps puis du Generalkommando zbV 65 durant toute la guerre, qu'il finit comme Major (depuis 1917).
Pour Fritsch : il est capitaine au sein du Grosser Generalstab au déclenchement de la guerre, et occupe successivement, à ce grade puis à partir de 1917 en tant que Major, des fonctions d'état-major au sein des 1. Garde-Infanterie Division, 4. Armee, des forces aériennes, avant d'être chef opérations du VI. Reservekorps.
Tous les deux seront donc à un moment, capitaine ou commandant, chef opérations (c'est-à-dire le véritable cerveau) d'un corps d'armée. Que dire donc d'un lieutenant-colonel au sujet d'une armée ?

Le maintien des "Generalstäbler" en 1919-1920 est l'un des chevaux de bataille de Seeckt, et leur soutien lui permet de commander l'armée allemande en toute autonomie jusqu'en 1926. Jusqu'en plein milieu de la Seconde Guerre mondiale, l'institution militaire allemande différenciera ceux qui en étaient des autres, par exemple un Rommel plus "plébéien" car sorti de la masse anonyme des officiers de corps de troupe (et servant à l'origine dans le contingent wurtembourgeois et non dans l'armée prussienne, de surcroît...).

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Message Publié : 11 Jan 2013 13:29 
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Pour comparer, qu'a fait Richard Hentsch avant guerre ?

Sous-lieutenant en 1890, il sert dans l'infanterie.
Avant 1899, il effectue ses trois ans à la Kriegsakademie. Il est lieutenant en 1897 et est affecté au Grosser Generalstab en 1899.
Capitaine en 1901, il sert à l'état-major de l'armée saxonne, puis à celui du XII. Armeekorps. Il commande une compagnie d'infanterie avant 1906, année où il est réaffecté au Grosser Generalstab.
Major en 1909, il est chef opérations du XIX. Armeekorps saxon en 1912.
Réaffecté au Grosser Generalstab et Oberstleutnant en 1914, il est chef du département renseignements de l'OHL à l'entrée en guerre, et sera le chef d'état-major de la Heeresgruppe "Mackensen" aux victoires époustouflantes en 1915-1917 (notamment en sortant de la guerre la Roumanie en trois mois en 1916).

Bref, c'est une pointure, pas un lapin de six semaines qui s'impose à un général commandant d'armée parce que l'armée allemande est en plein délitement...

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Message Publié : 11 Jan 2013 14:41 
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Pour poursuivre, et même si comparaison n'est pas raison, deux profils différents, qui ne sont pas "Generalstäbler" mais auront une belle carrière ultérieurement malgré tout. Cela permet d'identifier la différence entre les parcours...

Erwin Rommel :
Né en 1891. Aspirant au sein d'un régiment wurtembourgeois en 1910, il est Leutnant en 1912. Il débute la guerre en tant que commandant d'unité (alors qu'il n'est que sous-lieutenant !), est promu lieutenant en 1915 et combat de 1915-1918 en tant que commandant d'unité du bataillon alpin wurtembourgeois. En janvier 1918, il est aide de camp du commandant du Generalkommando 64, et termine la guerre capitaine. Il restera officier en corps de troupe puis sera instructeur dans diverses écoles sous la république de Weimar, n'atteignant le grade de Major qu'en 1933. Sa carrière méritante n'aurait pas été particulièrement significative par rapport à tant d'autres officiers ayant commandé au feu, sans sa proximité d'avec Hitler (en tant que commandant du Führerhauptquartier en 1939-1940), qui lui vaut son commandement de divisionnaire à la tête de la 7. Panzer Division, et ses exploits subséquents à ce poste en mai-juin 1940, puis au commandement du Deutsche Afrikakorps et de la Panzergruppe/Panzerarmee "Afrika" en 1941-1942.

Heinz Guderian :
Né en 1888. Aspirant au sein d'un bataillon de chasseurs en 1907, il est Leutnant en 1908. Affecté à un bataillon du génie en 1910 puis de transmissions en 1912, il initie un cursus à la Kriegsakademie en octobre 1913 qui est interrompu par l'entrée en guerre (il aurait donc pu faire partie des "Generalstäbler" si la guerre n'avait pas éclaté). Il est alors chef de station radio au sein d'une division de cavalerie, et ne passe Oberleutnant qu'en novembre 1914. Il occupe diverses fonctions d'officier transmissions au sein d'unités telles que la 5. Kavallerie Division, les 4. et 5. Armeen, jusqu'à avril 1917, passant capitaine en décembre 1915. Après avril 1917, il occupe des postes d'état-major en tant qu'officier logistique (Ib) au sein de la 4. Infanterie Division, puis de la 1. Armee, puis de la 52. Reserve Division, avant d'achever ce cycle au sein du prestigieux Gardekorps. Chef de la section renseignements (Ic) du X. Reservekorps à l'été 1917, il retourne à l'état-major de la 4. Infanterie Division brièvement avant de prendre le commandement d'un bataillon de l'Infanterie Regiment "Graf Schwerin" (3. Pommersches) Nr.14 pendant un mois. Il retourne en état-major, à des fonctions opérationnelles cette fois-ci, en étant chef opérations de l'Armee-Abteilung "C" à partir d'octobre 1917, puis chef logistique à l'état-major du XXXVIII. Reservekorps de mai à septembre 1918, puis chef opérations de l'état-major en charge des territoires italiens occupés.
Après l'armistice, il prend part à l'aventure des Freikorps en charge de la protection des frontières orientales du Reich, au sein du Grenzschutz "Ost", et est même, de mai à août 1919, chef logistique et chef opérations de la "Eiserne Division" qui combat dans les pays baltes.
Par la suite, il commandera diverses unités élémentaires de janvier 1920 à janvier 1922, puis rejoint un bataillon de transport motorisé qui orientera la suite de sa carrière.

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Message Publié : 11 Jan 2013 14:48 
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Citer :
En France, le corps des officiers d'état-major, de mémoire, a été supprimé après le désastre de 1870-1871.

Arrêtez-moi si je me trompe. Donc, en France, après 1871, les officiers d'état-major sont donc affectés directement à l'état-major des armées où ils sont nommés.
Mais, que dire alors de l'Etat-Major général de l'armée française, né des réformes de Freycinet, en 1890 ? Certains militaires français (de Miribel) voulaient reproduire l'exemple allemand ? Cela ne constitue pas pour autant une sorte de corps d'officiers d'état-major ?

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Message Publié : 11 Jan 2013 14:56 
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Localisation : Paris
Duc de Raguse a écrit :
Une petite question - que j'espère Jadis saura me pardonner puisqu'elle constitue une légère digression..

Je vous en prie, duc, d'autant que CNE503 maîtrise parfaitement la question et m'a permis d'approfondir ma connaissance de certains de ces personnages-clés de l'histoire allemande.

Jadis a écrit :
Cependant, je ne parviens pas à trouver d'informations de sources sûres sur l'importance de cet officier avant et dans les premiers mois de la guerre (son cercle de relations, ses camarades de promotion à la Kriegsakademie, etc) et sur son devenir après son implication dans la Bataille de la Marne.

CNE503 a écrit :
Avant 1899, il effectue ses trois ans à la Kriegsakademie. Il est lieutenant en 1897 et est affecté au Grosser Generalstab en 1899.
Capitaine en 1901, il sert à l'état-major de l'armée saxonne, puis à celui du XII. Armeekorps. Il commande une compagnie d'infanterie avant 1906, année où il est réaffecté au Grosser Generalstab.
Major en 1909, il est chef opérations du XIX. Armeekorps saxon en 1912.
Réaffecté au Grosser Generalstab et Oberstleutnant en 1914, il est chef du département renseignements de l'OHL à l'entrée en guerre, et sera le chef d'état-major de la Heeresgruppe "Mackensen" aux victoires époustouflantes en 1915-1917 (notamment en sortant de la guerre la Roumanie en trois mois en 1916).

Une question sur ces informations que vous nous apportez : est-ce que sa triple participation au Grosser Generalstab (1897, 1906, 1914) lui a permis d'établir des relations d'estime avec l'état-major des armées allemandes ? Quel crédit lui accordait-on dans les hautes instances de l'armée au moment de sa prise de décision lors de la Bataille de la Marne et quels furent ses défenseurs lors de la commission d'enquête ?

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Message Publié : 11 Jan 2013 15:09 
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Duc,

Je connais bien mieux le parcours d'un officier allemand que d'un officier français à cette époque, mais pour moi la distinction est claire : dans l'armée française, l'officier n'est pas identifié comme ayant un haut potentiel, il réalise des temps de commandement successifs qui, s'ils sont réussis, le propulsent vers les plus hautes fonctions ; dans l'armée allemande, après son temps de chef de section, l'officier au haut potentiel devient officier d'état-major, appartenant à une caste élitiste censée occuper les fonctions les plus névralgiques, et ne réalisant des temps de commandement qui ne sont que des parenthèses obligatoires entre diverses fonctions d'état-major.

Dans l'armée française après 1871, il n'y a pas d'officier d'état-major. Il y a des officiers affectés en état-major, ce qui est différent. Ce n'est pas une catégorie, c'est une fonction. Pas de caste, pas de bande rouge sur le pantalon pour le différencier des autres, pas de promotion plus rapide, voire fulgurante dans certains cas d'officiers subalternes allemands (ainsi de Fedor von Bock, futur Generalfeldmarschall qui, capitaine depuis 1912, est chef opérations - un rôle dévolu à un colonel dans l'armée française ! - du Gardekorps en septembre 1914, affecté à l'état-major de la 11. Armee en mai 1915, chef opérations de la 200. Infanterie Division entre août 1916 et mars 1917, puis à nouveau du Gardekorps en mars-avril 1917 et, simple Major, est chef logistique (Ib) de la Heeresgruppe "Deutscher Kronprinz" en avril-juillet 1917, puis chef opérations de ce groupe d'armées de juillet 1917 jusqu'à la fin de la guerre ! Un jeune commandant chef opérations d'un groupe d'armées de plusieurs centaines de milliers d'hommes, je ne pense pas que la réciproque soit vraie dans l'armée française d'alors).

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Message Publié : 11 Jan 2013 15:25 
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Localisation : Bourgogne
Jadis a écrit :
Une question sur ces informations que vous nous apportez : est-ce que sa triple participation au Grosser Generalstab (1897, 1906, 1914) lui a permis d'établir des relations d'estime avec l'état-major des armées allemandes ? Quel crédit lui accordait-on dans les hautes instances de l'armée au moment de sa prise de décision lors de la Bataille de la Marne et quels furent ses défenseurs lors de la commission d'enquête ?


En fait, il faut considérer qu'en tant que membre de la caste des officiers d'état-major, il fait partie d'un réseau élitiste qui rentre tout à fait dans les "relations d'estime" que vous évoquez.
Il est pour moi certain que, bien qu'il ne soit qu'Oberstleutnant en septembre 1914, il a bel et bien été missionné par Moltke et arrive à l'état-major de Klück nanti de son autorité. Il était tout de même chef de la section renseignements au grand quartier général, c'est-à-dire l'un des "happy few" du premier cercle du chef du Generalstab des Feldheeres, le premier officier de l'armée allemande...
Je n'ai pas de détails sur ses défenseurs lors de la commission d'enquête que vous évoquez, mais ce dont je suis sûr, c'est qu'il en a eu et qu'il a été suffisamment blanchi de toute responsabilité pour être Quartiermeister puis chef d'état-major de la Heeresgruppe "Mackensen" entre septembre 1915 et mars 1917, puis chef d'état-major du Generalgouvernement en charge de l'occupation de la Roumanie jusqu'à sa mort de maladie en février 1918. Il a également été promu au grade d'Oberst le 17 janvier 1916.

Précision : il a appartenu au Grosser Generalstab de 1899 à 1902 au moins (vraisemblablement jusqu'en 1904), puis de 1906 à 1912, et d'avril à août 1914. Je vais chercher voir quand il a intégré la Kriegsakademie et si jamais je trouve certains de ses camarades.

Je crois qu'il y a quelques détails intéressants sur le rôle de Hentsch dans Le commandement de l'armée allemande 1914-1918 : l'envers des parades. Mais je ne l'ai hélas pas sous la main...

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Message Publié : 11 Jan 2013 15:52 
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Citer :
Dans l'armée française après 1871, il n'y a pas d'officier d'état-major. Il y a des officiers affectés en état-major, ce qui est différent. Ce n'est pas une catégorie, c'est une fonction.

C'est très clair ainsi, merci beaucoup. :wink:
Désolé encore pour la digression...

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Message Publié : 11 Jan 2013 18:44 
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CNE503 a écrit :
Je vais chercher voir quand il a intégré la Kriegsakademie et si jamais je trouve certains de ses camarades.


Mmmh, difficile. Il est plus jeune que la "génération dorée" des Groener et des Seeckt (qui sont stagiaires à la Kriegsakademie en 1893-1896), plus vieux que les jeunes loups qui sortiront du bois dans les années 1920 et 1930, Hammerstein-Equord ou Fritsch (stagiaires en 1907-1910 tous les deux) ou encore qu'un Beck ou qu'un Kluge (1908-1911), ou même qu'un Blomberg ou un Rundstedt (1904-1907).

Le General der Infanterie Friedrich von Lossberg, le spécialiste de la défense en profondeur de l'armée allemande au cours de la Première Guerre mondiale, a peut-être été l'un de ses camarades puisqu'il a été stagiaire en 1894-1897 et que cela pourrait concorder avec la période au cours de laquelle Hentsch l'était. Mais la période la plus probable est 1896-1899, et le seul que j'ai trouvé qui pourrait correspondre est le futur Generaloberst Wilhelm Heye, également stagiaire à la Kriegsakademie à cette époque, qui venait de passer Oberstleutnant neuf mois avant le déclenchement de la guerre.

Bref, pas grand chose...

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Marc Bloch
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http://www.military-photos.com/brevetes.htm
Ce lien donne l'histoire du corps français d'état-major qui a existé de 1818 à 1871. On avait reproché à ses membres d'être coupé de la réalité de la troupe et de la vie en campagne. Ce qui m'a toujours intéressé c'est de voir que l'armée allemande avait réussi le pari de sélectionner cette élite avec le pantalon à bandes amarante , sans connaître ce que l'on reprochait au corps d'état-major français. Tout au moins d'après ce que l'on sait des "Stäbler" qui ont réussi. Mais ils ont eu peut-être aussi leurs cloches dont on ne parle pas.

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Message Publié : 11 Jan 2013 20:42 
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Localisation : Bourgogne
Il y eut des brebis galeuses, assurément. J'ai parlé de l'Hauptmann, congédié avec le grade de Major, Waldemar Pabst, l'ombre qui règne sur l'action de la Garde-Kavallerie-Schützen Division lors de la répression anti-soviétique entre janvier et juillet 1919, et l'un des principaux instigateurs du putsch Lüttwitz-Kapp en mars 1920. On peut d'ailleurs citer le General der Infanterie Walther Freiherr von Lüttwitz (Kriegsakademie de 1887 à 1890), la figure de proue militaire dépassée par les évènements de ce putsch.
On peut également parler du Major Kurt von Schleicher, qui à force d'intriguer permit à Hitler d'accéder au pouvoir (Kriegsakademie de 1910 à 1913) ; Franz von Papen, autre acteur majeur de cette accession au pouvoir, fut également diplômé de la Kriegsakademie, mais je n'arrive pas à avoir d'infos sur sa carrière militaire (sauf qu'il termine la guerre Oberstleutnant).

Il y eut d'autres, bien sûr, de ces génies malveillants ou pavant l'enfer de leurs ambitions, mais la qualité intellectuelle, la compétence technique et la capacité d'adaptation des "Generalstäbler" furent démontrées à de multiples reprises.

CNE503

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