En aucun cas, duc. En Allemagne, ils constituent un corps spécifique. Il y a ceux qui sont "Generalstäbler", comme d'autres sont fantassins, artilleurs ou cavaliers. En France, le corps des officiers d'état-major, de mémoire, a été supprimé après le désastre de 1870-1871. Il n'avait de toute manière aucun rapport, en terme de qualité du recrutement, de l'instruction et de la compétence, avec ceux qui seront issus du corps des officiers d'état-major dans l'armée allemande.
Les parcours sont extrêmement variés. Si on prend deux exemples à peu près comparables, ceux de Ludendorff et de Groener, on a : 1) le premier, cadet à 12 ans, Sekonde Leutnant à 17 ans en 1882, sert initialement dans l'infanterie, puis rejoint la Kriegsakademie en 1890-1893, puis le Grosser Generalstab en 1894-1895, puis en 1904-1906, et retourne à la Kriegsakademie en 1906-1908 en qualité d'instructeur. Il sert de 1904 à 1913 au sein de la II. Abteilung du Grosser Generalstab, le département en charge des questions de mobilisation et de concentration, et à part ses deux années de commandant d'unité en 1896-1898, n'occupe que des fonctions d'état-major (successivement au sein du IV. Armeekorps, de la 9. Infanterie Division et du V. Armeekorps). 2) le second, Sekonde Leutnant en 1886, à 19 ans, est aussi un fantassin initialement, rejoint la Kriegsakademie en 1893-1896, puis le Grosser Generalstab de 1897 à 1902 où il sert en tant que chef de la section ferroviaire. Il est commandant d'unité de 1902 à 1904, à part ça, il ne sert que dans des états-majors (VII. puis XIII. Armeekorps, et surtout le Grosser Generalstab). On pourrait les comparer tout deux à Seeckt, qui est comme ces deux généraux l'une des "pointes de tungstène" des "Generalstäbler".
Les "Generalstäbler" ne sont pas coupés du corps de troupe : ils ont été chefs de section dans leur arme d'origine, généralement l'infanterie ou la cavalerie ; ils sont commandants d'unité pendant deux ans, puis à la tête d'un bataillon et d'un régiment à un moment ou à un autre. Entre ces temps de commandement limités à deux ou trois ans, ils servent à l'état-major général ou au sein d'états-majors de division ou de corps d'armée où ils sont les véritables cerveaux. Ils sont même mis à contribution dans des fonctions techniques, en l'occurrence celles qui s'occupent du processus extrêmement complexes de la mobilisation et du trafic ferroviaire en cas de concentration.
Rien de comparable dans l'armée française, où les parcours sont beaucoup plus normés et bien moins dynamiques : pendant la guerre, Groener, chef du Kriegsamt au sein du ministère prussien de la guerre en octobre 1916, commandera la 33. Infanterie Division en août 1917, puis le XXV. Reservekorps en décembre 1917, puis le I. Armeekorps en février 1918 avant d'être chef d'état-major de la Heeresgruppe "Kiew" en mars 1918 et premier Oberquartiermeister de l'OHL fin octobre 1918.
Pour Hammerstein-Equord : capitaine à l'entrée en guerre, il sert également au sein du Grosser Generalstab ; commandant d'unité dans un régiment d'infanterie d'août 1914 à 1915, il est chef opérations du VIII. Reservekorps puis du Generalkommando zbV 65 durant toute la guerre, qu'il finit comme Major (depuis 1917). Pour Fritsch : il est capitaine au sein du Grosser Generalstab au déclenchement de la guerre, et occupe successivement, à ce grade puis à partir de 1917 en tant que Major, des fonctions d'état-major au sein des 1. Garde-Infanterie Division, 4. Armee, des forces aériennes, avant d'être chef opérations du VI. Reservekorps. Tous les deux seront donc à un moment, capitaine ou commandant, chef opérations (c'est-à-dire le véritable cerveau) d'un corps d'armée. Que dire donc d'un lieutenant-colonel au sujet d'une armée ?
Le maintien des "Generalstäbler" en 1919-1920 est l'un des chevaux de bataille de Seeckt, et leur soutien lui permet de commander l'armée allemande en toute autonomie jusqu'en 1926. Jusqu'en plein milieu de la Seconde Guerre mondiale, l'institution militaire allemande différenciera ceux qui en étaient des autres, par exemple un Rommel plus "plébéien" car sorti de la masse anonyme des officiers de corps de troupe (et servant à l'origine dans le contingent wurtembourgeois et non dans l'armée prussienne, de surcroît...).
CNE503
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