jovien a écrit :
L'existence d'une artillerie ennemie en face, au-delà de la tranchée ? Mais cette artillerie ne peut pas saturer l'espace intermédiaire entre les deux tranchées.
En pratique il est très rare que l'unité qui attaque évite la traversée du barrage adverse. Ce passage est très bien décrit dans Le Feu de Barbusse : on voit à peine les voisins qui courent, à cause de la poussière soulevée, il n'est pas question de s'arrêter pour secourir un blessé... Bref le barrage prélève sa quote-part.
C'est peut-être plus dramatique quand l'ennemi détecte les préparatifs de l'attaque avant qu'elle démarre. Là il peut tirer directement sur la tranchée où les soldats sont rassemblés.
Citer :
Je suppose donc que les tirs d'artillerie étaient imprécis au point qu'un obus ne tombait que rarement dans la tranchée ennemie...?
Mais je parviens difficilement à croire à cette imprécision.
Est-ce parce qu'une pièce, à chaque tir, se déplace un peu, et donc que le tir suivant ne va pas tomber au même endroit que le précédent ?
Est-ce que le vent peut faire varier le point d'impact ?
En pratique, UNE pièce est imprécise, mais si vous avez plusieurs batteries qui arrosent une zone de tranchées, statistiquement elles mettent une bonne part de coups au but.
En même temps il ne faudrait pas croire qu'on extermine la tranchée adverse si facilement : les fantassins ont des trous pour s'abriter (dans le parapet), des abris... A Verdun les Allemands sont stupéfaits qu'il reste des survivants à la préparation d'artillerie, et plus encore qu'ils se battent : la préparation a duré 9 heures ! (Georges Blond dit avec raison que si on se met dans l'état psychologique et la situation où se trouvaient ces soldats on ne se serait probablement pas battus.)
(bon en certains endroits les Allemands dépassent les tranchées françaises sans s'en apercevoir : elles n'existent plus. Mais on connaît le cas du Bois des Caures : il reste tout de même 300 chasseurs indemnes sur un effectif de 1300. D'abord un bois ça protège, au moins au début : les obus éclatent dans les arbres. Ensuite le colonel Driant avait fait faire des travaux sérieux de renforcement des abris. Par la suite ce qui reste du bois fournit un réseau d'obstacles qui va aider les défenseurs. - 50 survivants, au final, qui réussissent à s'échapper du bois sous les rafales de mitrailleuses.)
Mais il n'est pas nécessaire d'avoir exterminé tous les soldats adverses pour sauter dans leur tranchée : il y a toujours des passages non défendus après la préparation, et dès qu'on a pénétré dans la tranchée adverse en plusieurs endroits sa défense cède un peu partout. (D'où la tactique des Stosstruppen : les endroits qui résistent sont peu nombreux.) En même temps il s'agit rarement de prendre une seule tranchée, mais plutôt un réseau. Bref c'est souvent (très) coûteux.