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Organisée cette semaine à Strasbourg et Colmar, la « Grande collecte », en vue de leur numérisation, des documents liés à la Grande guerre a été un succès, en quantité comme en qualité. Il y avait des trésors dans les greniers…
14 h, ce vendredi. La salle de conférence des Archives départementales du Haut-Rhin, à Colmar, ressemble à un guichet administratif. Trois agents reçoivent le public, des chaises font patienter les suivants, des numéros sont distribués aux derniers arrivés… 14 h était l’heure d’ouverture annoncée, mais les « contributeurs » sont apparus dès l’ouverture des portes, à 13 h 30. Avec, sous le bras, des pochettes emplies des souvenirs de leurs aïeux. Et en tête un léger doute : ces spécialistes seront-ils vraiment intéressés par des papiers si personnels ?….
Ce qui est particulier est intéressant
La réponse est positive. Dans une salle, à l’arrière, Isabelle Gérard et Nathalie Caussaint sont déjà au travail : elles numérisent, en les photographiant, les premiers documents apportés. « Ceux-ci, on pourra les rendre tout de suite. Mais après, il faudra que les gens nous les confient quelques jours ou semaines… » , prévient Isabelle.
L’appel à la « Grande collecte » a été entendu. Destinée à alimenter la bibliothèque numérique européenne Europeana (lire ci-dessous), cette campagne de numérisation des archives familiales de la Grande guerre a été, en Alsace, un succès. « On le pressentait , confie Lætitia Brasseur-Wild, en charge des projets liés à la Première guerre aux Archives du Haut-Rhin. Suite aux annonces parues dans la presse, nous avions déjà reçu beaucoup de coups de fils. Il y a un élan. Le fait que ce soit une campagne nationale a mis les gens en confiance. Et c’est le bon moment : 14-18 est à la fois suffisamment proche et lointain… »
En France, cette collecte a été organisée du 9 au 16 novembre. En Alsace, trois sites, dans deux villes, y ont participé : les Archives départementales du Haut-Rhin à Colmar et les Archives départementales du Bas-Rhin et la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU) à Strasbourg.
Les Archives du Haut-Rhin ont donc accueilli le public vendredi après-midi et la BNU a fait de même durant toute la jourrnée d’hier (une cinquantaine de contributeurs se sont déplacés). Les Archives du Bas-Rhin, elles, ont procédé différemment, en fixant à l’avance leurs rendez-vous (une cinquantaine, là encore), en les répartissant sur quatre jours, du mardi au vendredi, et en ne débutant pas le travail de numérisation avant demain lundi.
Les entretiens individuels étaient non seulement nécessaires pour bien référencer les documents, mais aussi pour remplir les formulaires autorisant en particulier leur libre accès sur le web. Une clause qui, visiblement, n’a gêné personne : « La phrase que j’ai le plus entendue, c’est : ‘‘L’Histoire appartient à tout le monde’’» , rapporte Éric Syssau, des Archives du Bas-Rhin.
Aussi la vie civile
Tout ne sera pas mis en ligne sur Europeana, mais peu de documents ont été refusés. Pour un archiviste, un vieux papier est souvent un trésor. Tout ce qui est particulier est intéressant. Dans cette collecte, la quantité est allée de pair avec la qualité. « On nous a encore annoncé un fonds de photos amateurs que j’attends avec impatience ! » , se réjouit Lætitia Brasseur-Wild. « Les gens n’ont pas réagi à notre appel pour rien » , renchérit son collègue Éric Syssau. Les documents les plus apportés ? Outre les photos, des livrets, de la correspondance, des journaux, des mémoires…
Tout ne concerne pas directement la chose militaire, et c’est tant mieux. « Le quotidien des civils est aussi très important ! » , insiste l’archiviste colmarienne. Comme, par exemple, cette série de lettres envoyées à sa femme par un paysan soldat malgré-lui : il communique, au fil des saisons, des instructions précises pour la bonne marche de la ferme… et nous dresse un tableau de la vie agricole en Alsace il y a un siècle.
Que ceux qui n’ont pu se déplacer se rassurent : la collecte ne se termine pas avec cette semaine. C’est un début, pas une fin. « Nous resterons disponibles » , promet Lætitia Brasseur-Wild. Les Archives accueilleront toujours les pourvoyeurs d’histoire.
http://www.lalsace.fr/haut-rhin/2013/11/17/une-grande-collecte-pour-que-les-vieux-papiers-passent-des-greniers-aux-ordisEst-ce qu'il y a des démarches similaires dans d'autres régions ?