antonyyy a écrit :
le cas des fusillés a crée et crée un malaise tout simplement parce que ces soldats sont sortis des codes de bonne conduite voulu par la République Française et son État-major. Cela gêne parce que le bon soldat est celui qui défend sa patrie quitte à sacrifier sa vie. Pour moi ses stéréotypes sont totalement devenus anachroniques. Il faut passer à autre chose en les réhabilitant !
Par leur conduite, certains ont mis leurs camarades en péril, voire ont provoqué leur mort, leur blessure ou leur capture. Hier pas plus qu'aujourd'hui, on ne peut tolérer la fuite au combat. Ceux qui s'en rendent coupables sont couverts d'opprobre. La mission est sacrée, il faut l'accomplir, ceux qui échouent sont considérés comme ayant failli. Et traités en conséquence.
Il faut méconnaître lourdement l'institution militaire et son but global - défendre, protéger, y compris au sacrifice de sa vie - pour penser qu'il peut en être autrement.
Autant je trouve que fusiller pour l'exemple est barbare et inique, autant la peine de mort appliqué à un déserteur ou un lâche qui abandonne ses camarades en pleine tourmente ne me choque pas* (sous réserve de définir scientifiquement ce qui est lâcheté et ce qui est blessure psychique - mais en général, un soldat victime de PTSD ne fuit pas, il s'effondre). Sans coercition, il n'y a aucune manière d'espérer obtenir de quelqu'un en péril de mort qu'il tienne sa place dans la ligne - c'est humain. Mais voilà, quand on est soldat, on appartient à quelque chose de plus que sa petite individualité, et c'est ce plus qui fait la différence. L'oublier, l'occulter, l'abandonner, si on laisse aller, cela favorisera l'effet de contagion, et en quelques instants, c'est la débandade, la défaite, la débâcle, avec leur cortège de violences et de morts supplémentaires.
Par ailleurs, cette repentance, ce besoin d'excuser, de pardonner, m'exaspèrent. L'Histoire est un objet froid, mort, qui ne se prête absolument pas au subjectif, à l'effet de mode. Qui ne se prête absolument pas au pardon. Il n'y a rien à pardonner, ce qui a été fait ne peut être défait, et c'est ainsi. Ils se fichent bien de pardon, les morts, et cela leur fait une belle jambe. Quant aux vivants, le problème n'est pas d'avoir dans ses ascendants un fusillé pour tel ou tel raison, le problème est que cela semble avoir de l'importance pour certains. Nous ne sommes pas nos aïeux, et nous ne sommes pas tenus de répondre de leur conduite, tout comme nous ne pouvons nous vanter de leurs succès. On ferait mieux de chercher à comprendre pourquoi les armées d'alors avaient un tel arsenal coercitif, et pour quelles raisons elles l'ont utilisé, cela permettrait bien plus de faire toucher du doigt l'atroce boucherie que ça a été, l'indomptable détermination, les sacrifices sans cesse plus importants, qu'il a fallu concéder pour tout simplement tenir.
* Pour info, en cas de guerre, notamment sur le territoire métropolitain, la justice militaire reprendrait vraisemblablement ses droits et la peine de mort fait partie des peines qu'une cour martiale est habilitée à prononcer. Le cas est certes théorique et peu probable à l'instant présent, mais rien ne prouve - sauf caution par boule de cristal ou madame Irma - qu'il ne se représentera pas.
CNE503