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Message Publié : 08 Fév 2014 23:55 
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antonyyy a écrit :
Ais-je seulement nié ce que vous me présenté d'une façon aussi cynique et désobligeante ?


Oui, là : "Pourtant cela ne correspond absolument plus à notre société. nous vivons aujourd'hui dans un pays en paix avec ses voisins et ces critères ne sont absolument plus à l'ordre du jour." J'en déduis donc que comme aujourd'hui nous sommes en paix, il n'y a plus de soldats qui meurent, et donc que tout ce folklore d'arriérés on n'en a plus besoin.
En ce qui me concerne, ça ne pourrait être plus erroné.


Citer :
Drôle de conception, vraiment !, sous couvert que l'histoire est passée, froide, on ne pourrait donc pas développer de sympathie, de compassion pour certains évènements. Tenez, prenez la boucherie de la PGM, cela ne vous fait rien ? C'est triste.


Elle n'est pas drôle. Tendre à l'objectivité la plus complète - même si je conviens sans difficulté que l'atteindre est impossible - est une nécessité en Histoire. Quand on s'immerge dans la subjectivité que procure des sensations, on ne fait plus de l'Histoire mais de la politique. Et on réécrit allègrement l'Histoire en disant que Louis XIV et Napoléon étaient d'infâmes esclavagistes, entre autres perles récentes.

Citer :
Enfin ! , vous prenez un cas vraiment extrême. Prenez des valeurs, des idées, elles ne sont pas tombées du ciel !, elles nous viennent de nos aïeux. N'en doutez pas !


Mais quel est le rapport ? Ici on ne fait pas de la psychologie ou de la sociologie, on fait de l'Histoire. Zola avait le droit d'accuser, pendant l'affaire Dreyfus, c'était un contemporain, il s'exprimait dans un contexte qu'il maîtrisait avec sa sensibilité de contemporain. Mais nous, de quel droit le ferions-nous ? Vous me faites penser à ceux qui disent, bien confortablement assis dans leur fauteuil et installés dans leurs certitudes, qu'ils sont bien certains qu'en 1940 ils auraient rejoint de Gaulle, tiens : aucune relativisation ou mise en contexte, on juge de ce qui est bien des décennies après les faits que l'on juge, sans se rendre compte que les faits ne se jugent pas, qu'ils sont.

La remise en question des jugements des fusillés de la Grande Guerre est une affaire médiatique et politique, absolument pas historique. Si elle l'était, on creuserait le pourquoi, on étudierait en détail le système judiciaire militaire d'alors, on mettrait en avant l'incroyable détermination, issue de l'état d'esprit revanchard post-1871 qui s'était emparée très majoritairement des Français, on viserait l'historique récent de l'unité incriminée, pour avoir une idée de l'enchaînement des combats qui ont pu amener à une telle conclusion malheureuse, bref on chercherait un faisceau de causes explicatives d'un fait qui est, et qui ne sera pas révoqué jusqu'à ce qu'on invente la machine à remonter le temps.
Mais aujourd'hui, on s'attaque au ressenti actuel, à la sympathie de la démarche (après tout, ça ne coûtera rien à personne et puis ça fera plaisir aux petits-enfants), au fait que les descendants peuvent mieux faire leur deuil, comme ça. Bref, que des considérations actuelles bien éloignées de l'Histoire. Et pendant ce temps, on occulte les autres, ceux qui ont vomi leurs poumons sous les attaques chimiques parce qu'ils avaient refusé de fuir en dépit de la protection dérisoire qu'on leur avait donné ; ceux qui ont été vaporisés par les obus de gros calibre à tel point qu'il ne restait plus assez de dépouille identifiable pour qu'on puisse les inhumer et leur rendre les honneurs qu'ils méritaient ; ceux qui ont été tués dans des corps-à-corps à la pelle de tranchée et au coutelas, dans le sang, la boue et la sueur ; ceux qui ont été affreusement blessés dans leur chair parce qu'ils sont restés à leur poste jusqu'au bout, et qui ont dû vivre avec ça le restant de leur vie...

CNE503

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Message Publié : 09 Fév 2014 0:00 
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CNE503 a écrit :
mais qu'on fasse de ce qui ne reste qu'un épiphénomène (2 000 - et encore, dedans, il y a eu une majorité des fusillés pour des motivations bien plus valables que juste faire un exemple ! - à opposer aux 1 400 000 soldats français MPLF au champ d'honneur, et aux millions de tués des autres nations d'ailleurs) un des thèmes principaux d'ouverture du centenaire, c'est plus que je ne peux en supporter.

CNE503

Je ne crois pas avoir dit autre chose, et si mon indignation n'est pas aussi vive que la votre, je la comprends parfaitement.

Il me semble qu'il y a une ambiguïté sur le terme de "fusillés pour l'exemple." Pour moi ça ne concerne pas les déserteurs et évidement pas les faits de droit commun. Je pense qu'on ne parle pas de 2000 fusillés, mais de quelques dizaines de cas particuliers, au maximum, et à condition encore d'y compter les 37 fusillés des mutineries de 1917, ce qui peut se discuter. (Il était impensable qu'une mutinerie massive ne soit pas réprimée, et je pense au contraire qu'elle a bénéficié d'une certaine mansuétude, d'ailleurs compréhensible.)

il faudrait voir si cette exposition fait vraiment l'amalgame, en considérant que tous les fusillés de la Grande Guerre l'ont été pour l'exemple. Je serais surpris que l'armée ait apporté son concours à une exposition qui ferait cet amalgame, ou alors on marche sur la tête.

Au passage, je me demande quelle a été la proportion des droits communs parmi ces fusillés. Je soupçonne qu'elle pourrait être assez élevée. (Je vais regarder si cet aspect est évoqué dans l'étude dont Jadis a donné le lien.)

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Message Publié : 09 Fév 2014 0:07 
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Je l'avais bien compris ainsi, et effectivement je trouverais également intéressant de connaître les proportions de fusillés par motif. Les fusillés pour l'exemple doivent être très minoritaires, mais en raison d'une communication défectueuse voire fallacieuse, on associe tous les fusillés à des injustices quand le sort d'une partie importante d'entre eux, aussi lamentable soit-il, a été jugé équitablement et en vertu des références morales et juridiques de l'époque.

Surtout, le phénomène n'était pas que franco-français, il serait bon de le replacer dans un contexte plus large qui prêterait moins à la repentance et plus à la compréhension intrinsèque des motivations d'alors : il semblerait que certains de nos voisins aient été plus prolifiques encore que nous l'avons été !

CNE503

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Message Publié : 09 Fév 2014 0:22 
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Il existe encore des comités qui demandent, plus de 100 ans après, la réhabilitation de tel ou tel soldat. Parfois avec de très bons arguments en leur faveur. Pas toujours, j'en convient.

Ces comités se sont maintenus tout au long des années, parfois c'est un fils qui a juré à son père de continuer ce qui fut le combat d'une vie.

Les commissions de réhabilitation actuelle trouvent difficile de juger si tard, avec parfois des témoignages douteux. Il faudrait trancher entre la bonne foi des gradés et celle des soldats. Pour certains, effectivement, le plus simple serait de réhabiliter tout le monde. Ce serait un geste politique présenté comme un geste d’apaisement et on n'aurait pas à faire un douloureux travail de tri.

Il me semble qu'il y a eu des études et des livres sur ces fusillés. Tous les auteurs reconnaissent qu'à certains moments la justice militaire a eu la main lourde. Des gens furent exécutés pour que certains généraux puissent cacher leurs erreurs. D'autres furent mis dans des conditions où ils ne pouvaient que désobéir. La SGM est passée par là et aujourd'hui, on aurait le droit de ne pas être d'accord avec certains ordres. De là à ne pas les exécuter ? Je ne suis pas sûr que le jour où la justice martiale devait à nouveau s'appliquer qu'on ferait plus preuve de discernement dans certains cas.

Je suis d'accord avec Pierma : sans une adhésion viscérale des poilus, la guerre aurait été plus courte. On sait depuis longtemps qu'une armée sans moral est une cible facile où la mortalité augmente en flèche. En 1917, ce sont les unités de l'arrière qui se rebellent, souvent après avoir quitté le front et après avoir tenu face à l'ennemi dans des conditions difficiles.

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Message Publié : 09 Fév 2014 0:30 
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Citer :
Oui, là : "Pourtant cela ne correspond absolument plus à notre société. nous vivons aujourd'hui dans un pays en paix avec ses voisins et ces critères ne sont absolument plus à l'ordre du jour." J'en déduis donc que comme aujourd'hui nous sommes en paix, il n'y a plus de soldats qui meurent, et donc que tout ce folklore d'arriérés on n'en a plus besoin.
En ce qui me concerne, ça ne pourrait être plus erroné.



Vous avez donc mal compris. Si vous lisez exactement ce que j'ai écris sans y voir ce que vous voulez y voir, vous comprendrez peut-être mieux. De plus la France aux dernières nouvelles n'est pas limitrophe du Mali ou de l'Afghanistan.


Citer :
Elle n'est pas drôle. Tendre à l'objectivité la plus complète - même si je conviens sans difficulté que l'atteindre est impossible - est une nécessité en Histoire. Quand on s'immerge dans la subjectivité que procure des sensations, on ne fait plus de l'Histoire mais de la politique. Et on réécrit allègrement l'Histoire en disant que Louis XIV et Napoléon étaient d'infâmes esclavagistes, entre autres perles récentes.



Personnellement, par ce que vous expliquez, on a l'impression qu'un choix est obligatoire entre objectivité et subjectivité. on peut tout à fait adopter ces deux attitudes. Encore une fois vous poussez à l'extrême.

Citer :
Mais quel est le rapport ? Ici on ne fait pas de la psychologie ou de la sociologie, on fait de l'Histoire. Zola avait le droit d'accuser, pendant l'affaire Dreyfus, c'était un contemporain, il s'exprimait dans un contexte qu'il maîtrisait avec sa sensibilité de contemporain. Mais nous, de quel droit le ferions-nous ? Vous me faites penser à ceux qui disent, bien confortablement assis dans leur fauteuil et installés dans leurs certitudes, qu'ils sont bien certains qu'en 1940 ils auraient rejoint de Gaulle, tiens : aucune relativisation ou mise en contexte, on juge de ce qui est bien des décennies après les faits que l'on juge, sans se rendre compte que les faits ne se jugent pas, qu'ils sont.


La sociologie et la psychologie se marie très bien avec histoire. Ces disciplines sont centrales pour pouvoir expliquer les liens tissés au sein de la société. Et vous garderez vos insinuations pour vous !.

Citer :
La remise en question des jugements des fusillés de la Grande Guerre est une affaire médiatique et politique, absolument pas historique. Si elle l'était, on creuserait le pourquoi, on étudierait en détail le système judiciaire militaire d'alors, on mettrait en avant l'incroyable détermination, issue de l'état d'esprit revanchard post-1871 qui s'était emparée très majoritairement des Français, on viserait l'historique récent de l'unité incriminée, pour avoir une idée de l'enchaînement des combats qui ont pu amener à une telle conclusion malheureuse, bref on chercherait un faisceau de causes explicatives d'un fait qui est, et qui ne sera pas révoqué jusqu'à ce qu'on invente la machine à remonter le temps.
Mais aujourd'hui, on s'attaque au ressenti actuel, à la sympathie de la démarche (après tout, ça ne coûtera rien à personne et puis ça fera plaisir aux petits-enfants), au fait que les descendants peuvent mieux faire leur deuil, comme ça. Bref, que des considérations actuelles bien éloignées de l'Histoire. Et pendant ce temps, on occulte les autres, ceux qui ont vomi leurs poumons sous les attaques chimiques parce qu'ils avaient refusé de fuir en dépit de la protection dérisoire qu'on leur avait donné ; ceux qui ont été vaporisés par les obus de gros calibre à tel point qu'il ne restait plus assez de dépouille identifiable pour qu'on puisse les inhumer et leur rendre les honneurs qu'ils méritaient ; ceux qui ont été tués dans des corps-à-corps à la pelle de tranchée et au coutelas, dans le sang, la boue et la sueur ; ceux qui ont été affreusement blessés dans leur chair parce qu'ils sont restés à leur poste jusqu'au bout, et qui ont dû vivre avec ça le restant de leur vie...



Arrêtez de dire que l'on "occultes les autres". Nous allons pendant quatre ans rendre hommage à tous ces hommes et ces femmes morts pour défendre leur "patrie". La présence de monuments dans chaque communes de France, l'enseignement de la PGM !. arrêtez ces calomnies.

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Message Publié : 09 Fév 2014 1:07 
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Il serait bon que le ton de cette discussion redevienne plus serein ...

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Message Publié : 09 Fév 2014 1:18 
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Le document proposé par Jadis est intéressant, mais ne donne pas de chiffres par catégorie.

Malgré tout, quelques chiffres intéressants :
Citer :
En France, les historiens spécialistes de la question s’accordent pour dire que c’est près de 2400 combattants de la Grande Guerre qui ont été condamnés à la peine de mort ou aux travaux forcés à perpétuité, parmi lesquels 600, environ, ont effectivement été exécutés.

Avec 600 fusillés, on est donc très en dessous du chiffre de 2000, qui se rapproche plutôt du chiffre des condamnations.

A noter que sur ces 600 fusillés, 500 le sont en 1914 et 1915, ce qui signifie que le phénomène devient marginal par la suite. Sur cette première période, en dehors des cas incontestables de désertion, il semble que le commandement est travaillé par la crainte de refus collectifs d'obéissance, et perde un peu son sang-froid sur des protestations parfois justifiées (assauts qu'ils jugent voués à l'échec) spécialement pendant les mois très difficiles de 1914. Cette crainte disparaîtra par la suite.

A ces 600 fusillés militaires français, il faut ajouter quelques dizaines de civils français et de soldats allemands fusillés pour pillage, ou très exceptionnellement pour "espionnage."

Ce chiffre ne comprend pas les exécutions sommaires, dont on sait qu'elles ont existé, mais dont l'étude indique que les historiens n'ont aucune base pour les évaluer.

Aucune indication sur le nombre de fusillés de droit commun. (???)

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Message Publié : 09 Fév 2014 1:27 
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Les premières semaines de la guerre sont effectivement les plus propices :
1) le haut-commandement rôde ses procédures, et veut montrer qu'il a la situation bien en main, tant au politique et à la population qu'à ses propres soldats ;
2) les soldats sont tous des "bleus", pour l'écrasante majorité confrontés pour la première fois à la mitraille et aux obus en août et septembre 1914, ce qui pourrait expliquer le nombre plus élevé relativement de cas de lâcheté ou de refus d'obéissance ;
3) c'est la période la plus sanglante de la guerre, bien plus que Verdun, puisque de mémoire les six premières semaines de combat provoquent la mort de plus de 300 000 soldats français ; et dans ce contexte difficile le commandement accroît la pression (ce qui est un autre avatar du fait qu'il "limoge" des fournées entières de généraux dès les premières semaines de combat).

Par la suite, si on a à peine une centaine de fusillés en 1916-1918, cela montre que la perception que l'on a de la dureté du commandement est à relativiser. En tout cas, rien de semblable aux décimations italiennes - mais il faut dire que nous n'avons pas eu de désastre semblable à Caporetto...

CNE503

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Message Publié : 09 Fév 2014 1:44 
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Je suis tout à fait d'accord avec cette analyse.

Si on n'a aucun chiffre sur les droits communs, on peut penser malgré tout que cette période de guerre de mouvement a pu donner lieu à des actes de pillages de la part de soldats français. (Si on a fusillé quelques dizaines de civils et de soldats allemands pour ce motif, il serait très étonnant que les soldats français en soient exempts.)

CNE503 a écrit :
2) les soldats sont tous des "bleus", pour l'écrasante majorité confrontés pour la première fois à la mitraille et aux obus en août et septembre 1914, ce qui pourrait expliquer le nombre plus élevé relativement de cas de lâcheté ou de refus d'obéissance ;

Oui, c'est même dans cette période de 1914 qu'est condamné le seul général français fusillé pendant la guerre : il perd son sang-froid et crie "sauve qui peut ! " devant un assaut allemand. Ce sont ses officiers qui le calment et remettent les soldats en ligne. (Cela se passe en Lorraine.)

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Message Publié : 09 Fév 2014 3:51 
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Il faut se rappeler la guerre de 1870, et les généraux qui commandent en 1914 ont participé ou ont été abreuvés de l'histoire de ce conflit. Dans la seconde partie, après la chute de l'empire, les armées de la Loire, du nord ou même de Paris ont été souvent victime de crises de panique de la part de certains régiments ou bataillons de moblots. En 1914, il n'y a pas de panique, mais on n'en est pas loin, et tout est fait pour maintenir l'ordre militaire par crainte de ce qui c'est passé durant le conflit précédent.

Ce n'est pas inutile, on le verra en 1940 sur la Meuse où la panique de quelques- uns scellera la ruine de l'Armée et du pays malgré le courage des troupes par la suite.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 09 Fév 2014 10:17 
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Salluste
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cne503 a dit

"Sinon ces critères seraient peut-être à réviser. Mais bon, on en est loin, 200 en 40 ans c'est peu de choses par rapport à 2 000 en quatre ans, vous avez raison.
Voilà qui devrait participer à votre élévation (et encore, ce n'est que pour l'armée de terre : http://www.defense.gouv.fr/terre/base/in-memoriam)."

je me permets de te corriger, Loïc, d'après le rapport du général Thorette remis en octobre 2011, depuis 1962, en OPEX, 616 soldats étaient "morts au service de la France" dont 375 "morts pour la France" auxquels il faut rajouter les tués en Afghanistan d'octobre 2011 au repli, ceux du Mali, de RCA et de Somalie (contrairement à ce qu'on pouvait penser ce n'est pas l'Afghanistan le théâtre le plus meurtrier mais le Liban, 127 MPLF, puis le Tchad avec 93)

le site que tu mets ne prend en compte que ceux depuis 2009, semble-t'il.

Par ailleurs, pour en revenir au sujet, entièrement d'accord avec tous tes commentaires, il est triste de ne commencer les "célébrations" que par ce seul aspect.
Comme dit précédemment, on évoque toujours les mutineries de 1917 (où sur près de 500 condamnations il y eut 26 fusillés, les autres ayant été commuées ou graciés) alors que le pic est en 1914 pour les raisons qui ont été développées.


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Message Publié : 07 Mars 2014 13:27 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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J'ai un peu loupé le coche mais...

Citer :
Et pendant ce temps, on occulte les autres, ceux qui ont vomi leurs poumons sous les attaques chimiques parce qu'ils avaient refusé de fuir en dépit de la protection dérisoire qu'on leur avait donné ; ceux qui ont été vaporisés par les obus de gros calibre à tel point qu'il ne restait plus assez de dépouille identifiable pour qu'on puisse les inhumer et leur rendre les honneurs qu'ils méritaient ; ceux qui ont été tués dans des corps-à-corps à la pelle de tranchée et au coutelas, dans le sang, la boue et la sueur ; ceux qui ont été affreusement blessés dans leur chair parce qu'ils sont restés à leur poste jusqu'au bout, et qui ont dû vivre avec ça le restant de leur vie...


D'une part, ceux qui ont été fusillés pour l'exemple (ou pas d'ailleurs!) faisaient bien souvent partis de ceux que vous évoquez dans le passage que je cite. Beaucoup de cas de refus d'obéissance le furent suite à des combats très durs, et beaucoup de mutins de 17 ou probablement ceux qui écrivirent la chanson de Craonne étaient des vétérans, des types qui avaient connu l'horreur que vous décrivez et qui s'étaient parfois illustré par leur conduite au feu (et c'est souvent cela le plus tragique! Je pense à ce pauvre type dont la lettre à sa femme est restée célèbre, qui avait été capturé par les allemands lors d'une escarmouche et qui était parvenu à s'enfuir et à regagner les lignes françaises à l'occasion d'un bombardement...... il a été fusillé pour "abandon de poste devant l'ennemi"... Il dit dans sa lettre que si il s'était contenté de rester prisonnier, il aurait probablement survécu à la guerre.... bref...).

D'autre part, et c'est ce qui me dérange le plus dans vos propos, c'est que vous nous postez un long paragraphe sur la nature de l'histoire, la nécessaire objectivité que réclame sa pratique, la dépolitisation et la nécessité de dépassionner cette "science" pour ne garder que les faits, parfois en des termes lénifiants, voire méprisants, et juste après, vous nous sortez le passage cité.... J'ai bien l'impression que la belle vision d'une histoire objective qui ne juge pas les faits mais se contente de les étudier (dans les faits, c'est faux en plus, sinon à quoi servirait l'histoire? Pour moi elle sert à comprendre l'homme et les mécanisme qui le régissent, et pour cela, il faut bien à un moment, porter un jugement, non? Jugement étayé, critique, argumenté, nuancé, certes, mais jugement quand même), vous la brandissez quand ça vous arrange et vous l'oubliez de même.

Je ne vois pas bien la différence, dans la démarche, entre qualifier Louis XIV et Napoléon "d'infâmes esclavagistes" et dans le fait de parler d'une "incroyable détermination" des français pendant la guerre de 14...... Pour moi, il s'agit dans un cas comme dans l'autre de considérations réductrices qui ne rendent pas état des faits justement, dans toute leur complexité et leur ambiguité. On oublie un peu vite que durant la grande guerre, les combattants n'étaient pas des volontaires. Dans la plupart des témoignages que j'ai pu lire ou entendre, c'est survivre qui poussait à se battre. Les "morts pour la France" n'ont bien souvent pas eu le choix de mourir pour elle....


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Message Publié : 07 Mars 2014 13:51 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Conseils de lecture ?
J'en étais resté à Pedroncini il y a trente ans et maintenant le général Bach
autres suggestions ?

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il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer


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Message Publié : 07 Mars 2014 23:07 
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bourbilly21 a écrit :
Conseils de lecture ?
J'en étais resté à Pedroncini il y a trente ans et maintenant le général Bach
autres suggestions ?

Il y a l'ouvrage dirigé par André Loez et Nicolas Mariot, Obéir/désobéir : les mutineries de 1917 en perspective (2008).
Le livre de Guy Pedroncini reste une référence indémodable et encore beaucoup citée en milieu universitaire.

_________________
« But thought's the slave of life, and life's time fool. » (William Shakespeare)


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Message Publié : 08 Mars 2014 15:08 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Concernant Guy Pedroncini, il y a un fil qui a été ouvert il y a 5 ans à son sujet.
Voir viewtopic.php?f=47&t=19610

Concernant les soldats fusillés il serait intéressant de faire des comparaisons avec les autres armées.
Il y a le cas italien avec la décimation suite à la défaite de Caporetto.

Mais y a t-il eu beaucoup de "fusillés pour l'exemple" dans les armées britannique, américaine, russe, autrichienne ?

_________________
Le souvenir ne disparait pas, il s'endort seulement.
Epitaphe trouvée dans un cimetière des Alpes

La science de l'histoire est une digue qui s'oppose au torrent du temps.
Anne Comnène, princesse byzantine (1083-1148)

Le passé fait plus de mal que le présent
Proverbe Albanais


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