Faget a écrit :
Alain.g a écrit :
Mais est-ce bien du courage et pas plutôt de l'inconscience ? L'émotion dégagée par le cliché ne provient-elle pas du rapprochement entre le caractère tragique de cette guerre de 1914-1918 et l'insouciance des soldats ?
Inconscience, insouciance
On voit que vous n'avez jamais dû être confronté à une mort possible et que malgré tout, en toute connaissance de cause , vous surmontez votre peur et vous accomplissez la mission. C'est ça le vrai courage. Oui, je sais que mes propos peuvent paraitre pompiers, mais je les assume.
Vous avez raison. On oublie souvent :
- que les gens du passé étaient plus souvent que nous confrontés à la mort. On voyait son premier mort avant ses 10 ans. Voire plus tôt. Et les accidents étaient assez courants.
- que dans les métiers où l'on se sait exposé, on agit souvent par bravade. Surtout que c'est souvent celui qui a peur de tout qui risque le plus. A un moment, la peur paralyse et empêche de voir froidement la situation. Avoir peur, c'est normal quand on est dans un situation à risque. Savoir mettre sa peur de coté et agir quand même, c'est cela le courage.
- quand la mort est banalisée, on ne voit plus les choses de la même façon et on est content d'avoir un support pour son repas en espérant l'utiliser pour un autre usage le plus tard possible.
Le témoignage de nombreux rescapés de combats ou de situations mortifères montrent que parfois on "sait" qu'un tel va mourir. Il semble détaché de la vie et ne fait plus assez attention. D'habitude, on les met à l'écart de peur de devenir une victime collatérale.
Entre autres choses, je suis formé à la fonction de chef de secours. En cas d'accident ou d'incendie, je devrais commander localement une équipe de 5 personnes qui devra peut-être rentrer dans un local en feu ou enfumé. Je devrais aussi accompagner et assister les pompiers ou les secours. Je ne sais pas comment je réagirais le jour où je devrais utiliser mes savoirs. Pour l'instant, j'ai surtout eu à gérer des petites choses insignifiantes et de la bobologie. Je considère donc que ça ne compte pas. Je saurais si je suis courageux le jour où je me trouverais face à un vrai sinistre. En fait, j'ai quand même mon idée sur la question puisque j'ai eu des entrainements dans des "maisons du feu" et que je ne suis pas sorti en courant et en hurlant. J'espère ne jamais a avoir à utiliser ces talents. Mais, s'il le faut, j'espère pourvoir me dire que ce fut utile. Dans nos équipes, il y a 3 genre de gars. Ceux qui deviennent fébriles dès que l'alarme retenti (parfois même quand ils savent que c'est un exorcise ...). Ceux qui adorent jouer au pompier et qui le sont parfois en dehors du boulot. On les voit changer au fil des années. Au début ils sont tout feu tout flammes, puis un jour ils comprennent. Et puis, il y a ceux dont ce n'est pas la vocation, mais ça fait partie du boulot et le boulot on doit le faire du mieux possible. Je pense que certains d'entre nous seraient capables de se retrouver dans des situations proches de celles de la photo. On connait les risques. On nous a appris à nous en protéger. On fera tout notre possible pour faire notre boulot et en sortir vivant. Nous ne nous sentons pas concernés par des éventuels cercueils et nous serons profondément peinés pour ceux qui en auraient usages. Peut-être même qu'on en fera des cauchemars ... après. Parce que si on les fait avant, il vaut mieux changer de métier. Ceux qui gambergent de trop et ce font des films sont dangereux. Pour eux et pour les autres.
Et euhhh .... comment décrire le shoot d'adrénaline au moment où retentit l'alarme.