Par contre, certitude, les services d'écoute français avaient capté des messages faisant état de la destruction des armées russes à Tannenberg, Joffre disant :" Nous savions désormais que nous étions seuls."

A Tannenberg, les Allemands sauvent la Prusse-orientale de l'invasion, mais seule une armée russe est défaite à plate couture. Il y a encore celle de Rennenkampf, et puis bien entendu les armées qui affrontent les Austro-Hongrois et constituent un réservoir de forces important (surtout quand, après Rawa Russka, les Austro-Hongrois seront forcés à une retraite humiliante hors de Galicie).

Et encore une fois, être seuls, c'est une chose, mais les Russes ont attiré à eux sept des quarante corps d'active et de réserve de l'armée allemande, et c'est loin d'être une bagatelle au final.

CNE503

Est-ce que le commandement français était au courant du basculement de ces deux corps d'armée allemands vers la Prusse orientale ?

Pendant ce temps, Joffre profitait du réseau ferré pour faire roquer allègrement ses corps d'armée de l'aile droite à l'aile gauche...

Ageron, avez vous la référence d'un ouvrage sur cette manœuvre logistique?

Il parle aussi de 30 trains /jour. (hommes ,chevaux,pièces d'artillerie)

P. Miquel cite un commandant Marchand d'une efficacité redoutable.Sitôt connues les demandes de l'EM ,mise en place des trains dans les deux heures avec lieu et heure d'embarquement et débarquement.(+itinéraire bis en cas de déplacement du front).

Est-ce que le commandement français était au courant du basculement de ces deux corps d'armée allemands vers la Prusse orientale ?

Joffre avait été parfaitement informé de l’affaiblissent de l'aile droite allemande par les prélèvements successifs de dix divisions au moins, retenues par le siège d'Anvers, et par celui de Maubeuge qui se prolonge, ainsi que par l'envoi de renforts sur le front de l'est.

Dans la nuit du 1er au 2 septembre, il avait appris la bonne nouvelle de l'embarquement pour la Russie des divisions allemandes.

S'il ignorait les succès de Galicie, Jofre pouvait par contre soupçonner la défaite de Tannenberg : pendant la nuit du 30 au 31, « nous apprîmes, écrit-il dans ses Mémoires, qu'à Belfort un Radio allemand avait été intercepté, disant : "le sucés de la bataille de Tannenberg est encore plus complet qu'on le croyait tout d'abord : trois corps d'armées russes sont complètement anéantis ; 70 000 prisonniers... la 2°armée n'existe plus..." » Et Joffre d'ajouter : « Quelle créance fallait-il donner à ces nouvelles ? » Elles confirment pourtant le renseignement qu'il reçoit le lendemain et qui lui importe grandement : « Deux corps d'armée allemands venaient de quitter notre front pour se rendre en Prusse orientale. »

Lopez fait ce constat dans ses livres sur le front russe du second conflit: les états modernes ont une résilience qui obère pratiquement toute possibilité de guerre courte (à la condition bien sûr que les premiers jours ne soient pas décisifs comme dans le cas de la campagne de France de 1940).