Narduccio a écrit :
La PGM rappelle effectivement qu'une civilisation peut disparaitre. Et effectivement, pour les gens qui considèrent qu'elle est une civilisation parmi d'autres, il ne s'agirait pas de la mort de la civilisation, mais de la mort d'une civilisation.
Je suis d'accord avec cette remarque. C'est d'ailleurs ce que montre Zweig dans "le monde d'hier" : la PGM a mis fin à une culture, une civilisation européenne millénaire. C'est un fait sans précédent dans l'histoire de États.
Pour continuer sur les leçons de la PMG, je reviens sur le fonctionnement de la politique dans les siècles précédents : jusqu'en 1914, un État entrait en conflit avec un autre pour obtenir un avantage dans ses négociations diplomatiques. C'est la logique Clausewitzienne de la guerre. La PMG est aussi une rupture car elle a entrainé la destruction des Empires européens, sans pour autant amener une solution de fond au casus belli. La SDN tire sa raison d'être de cette leçon : maintenant que les civilisations ont la capacité d'entrainer les ressources du monde entier pour servir leurs ambitions, que celà entraine des instabilités importante dans l'ordre politique du monde, il faut amener une solution diplomatique à l'échelle mondiale plutôt que faire jouer le jeu des alliances et attendre le règlement du conflit à l'échelle locale.
Pour développer ce raisonnement, je précise simplement que les guerres napoléoniennes peuvent déjà être perçues, à leur échelle, comme des guerres totales, entrainant toutes les ressources d'un État dans un conflit. De ce point de vue, la PMG n'apporte pas de nouveauté. D'ailleurs, les traités en vigueur en 1914 précisent bien que les villes servant à la fabrication de l'armement ou au logement des unités combattantes sont considérées comme des cibles militaires légitimes.
En ce qui concerne l'armement, la campagne d'Italie de 1859 et la guerre de 1870 ont montré les nouvelles capacités de l'artillerie, des fusils et des mitrailleuses. Là encore, ce n'est pas un enseignement de la PMG et aucun réglement en 1914 ou après la PGM ne vient en limiter l'emloi (en dehors du protocole de Genève 1925 sur les armes chimiques et bactériologiques qui sont la vraie nouveauté de la PGM).
Enfin, je ne développe pas sur la guerre de sept ans, qui est, à mon sens, le premier vrai conflit mondial.
Ces trois exemples illustrent pour moi, non pas que l'on pas tiré les leçons de la PMG, mais que l'on a essayé de privilégier la négociation diplomatique pour rompre avec le modèle de Clausewitz.