Alors voici un résumé (très résumé) des propos de l'historien Christine Bard :
Le mouvement féministe à la veille la Première Guerre mondiale est une nébuleuse composée de dizaines de groupes féministes aux buts et orientations variées. Entre 1868 et 1914, on compte 112 groupes, associations ou ligues féministes.
Les groupes suffragistes, cad dont le but est le droit de vote des femmes, forment une partie considérée par beaucoup comme la plus radicale.
Le combat suffragiste en France est initiée par Hubertine Auclert. Elle s'approprie le terme "féministe" créé par Alexandre Dumas fils dans son roman "L'homme-femme" de 1872 et crée elle-même en 1877 "le Droit des femmes" premier groupe suffragiste.
En 1909 les suffragistes se réunissent au sein de l'UFSF (Union française du suffrage des femmes), section française de l'AISF (Association internationale pour la suffrage des femmes).
En 1914, les suffragettes françaises pensent être proches du but. En 1910, des candidates féministes se présentent aux élections législatives et récoltent en moyenne 4% des votes, ce qui n'est pas rien puisque les voix seront considérés comme nuls. En Isère Elisabeth Renaud fait un score de 27,5% !
En mars 1914, un meeting pour le suffrage des femmes réunit 1300 personnes à Paris. "Le Journal" propose un référendum sur le suffrage féminin, qui est un franc succès : 114 contre, 505 972 pour.
L'entrée en guerre interrompt brutalement tout activisme suffragiste. Les mouvements décident de se rallier à l'Union sacrée dans une guerre jugée légitime, car une guerre de défense. En outre, pour certaines, être activiste en cette période pourrait être contre-productif car mal perçu. Ce qui n'est pas sans provoquer sans quelques heurts au sein de certains groupes.
Le congrès féminin de la Haye en 1915 prône la pacifisme, ce qui va provoquer des remous au sein des sections de l'AISF. Les sections des pays neutres, comme les Etats-Unis , souhaitent que l'AISF penche plus du côté du pacifisme laissant le suffrage de côté pour le moment. Néanmoins, la section française a mené une campagne de lobbying intense pour dire qu'au delà des nationalités le vrai but de l'association était le droit de vote des femmes et que le vote des femmes permettra d'éviter les futures guerres. L'AISF tient sur sa ligne suffragiste et la section américaine renforce la position française après l'entrée en guerre des Etats-Unis.
Globalement en 1916, la campagne suffragiste reprend mais marque la rupture entre les partisans du suffrage intégral et les partisans su suffrage par étapes.
Sur le point de vue de la loi, Barrès propose de donner le droit de vote aux veuves de guerre. A travers elles, ce seront les maris qui s'exprimeront. Evidemment les suffragettes sont scandalisées par cette proposition, parlant même de provocation. La proposition sera renouvelée en 1918 par un autre député sans succès. La Belgique votera ce droit en 1919.
En novembre 1916, le député Roulleaux-Dugage propose que soit créé le vote familial. Un mari aura le droit de voter en son nom, celui de sa femme et de ses enfants, une veuve pourra voter en son nom et celle de ses enfants, une femme seule pourra voter en son nom. Mais si cette dernière se marie, elle perdra son droit de vote au profit de son mari.
_________________ "Il n'y a point de place faible, là où il y a des gens de coeur." Pierre du Terrail
"Qui est le numéro 1 ? Vous, Numéro 6. " Le Prisonnier
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