Dupleix a écrit :
Certes , en tant que responsable du GQG, on peut évidemment estimer que Joffre est responsable de tout. Et apparemment, surtout des erreurs mais curieusement pas de la victoire de la Marne ?
Joffre a préparé et gagné la bataille de la Marne. On peut estimer que Gallieni lui a forcé la main sur le déclenchement, mais l'impavidité de Joffre a fait merveille, pour cette bataille là.
Je me borne à noter qu'il n'aurait pas eu à retraiter aussi loin si la bataille des frontières n'avait été une pareille catastrophe.
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Quant à l’outrance, elle semble avoir été bien exagérée et les historiens actuels en reviennent. Il y a loin entre les discours des « jeunes turcs » (que l’on a surtout mis en lumière après-guerre) et les pratiques réelles sur le terrain. Il est tentant d’encenser le bon sens de Lanrezac et de Pétain, mais les deux ont été professeurs à l’école supérieure de guerre, preuve qu’ils n’étaient pas si isolés que cela et qu'ils ont eu l'occasion de former des officiers.
C'est un "jeune Turc", Grandmaison, qui a conçu le plan XVII.
"Je les grignote" c'est de l'outrance. (Les combats aux Eparges, pour prendre un exemple parmi d'autres, ont coûté 10 000 morts.)
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Sur la responsabilité concernant les principes tactiques, j’ai trouvé au hasard de mes lectures les citations suivantes.
Le GQG écrit le 24 août 1914 : « Chaque fois que l'on veut conquérir un point d'appui, il faut préparer l'attaque avec l'artillerie, retenir l'infanterie et ne la lancer à l'assaut qu'à une distance où on est certain de pouvoir atteindre l'objectif. [...] L'infanterie semble ignorer la nécessité de s'organiser au combat pour la durée. Jetant, de suite, en ligne des unités nombreuses et denses, elle les expose immédiatement au feu de l'adversaire qui les décime, arrête, ainsi, net, leur offensive et les laisse souvent à la merci d'une contre-attaque. ».
Il est bientôt temps, pour le généralissime, de s'apercevoir des manquements tactiques de son armée 3 semaines après le début de la guerre.
Cela dit, les officiers réfléchissent (d'autant qu'il limoge les incapables, même si ça comprend quelques injustices je ne vais pas le critiquer d'avoir su trancher quand c'était nécessaire) et l'armée française de cette période a fait preuve d'une capacité d'adaptation très réelle. (qui a, entre autres, impressionné les Anglais.) Georges Blond note que dès la bataille de la Marne la coordination avec l'artillerie est plus régulièrement mise en oeuvre.
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En janvier 1916 : « on ne lutte pas avec des hommes contre du matériel », et il faut « éviter de donner trop de densité à la ligne de combat ».
ça c'est en janvier, en février se déclenche la bataille de Verdun, où Joffre ne fera pas autre chose que lutter avec des hommes contre du matériel. Pétain devra pleurer de l'artillerie lourde, que Joffre ne lui accorde qu'avec parcimonie. Joffre la réserve pour son offensive "décisive" de la Somme. Il a constaté que dans "le charnier pâteux" de Verdun la résistance de l'infanterie suffit à empêcher la progression allemande.
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Et enfin, sur l'erreur majeure consistant à vouloir attaquer dans les Ardennes impénétrables : je me dois de rappeler que le leçon sera parfaitement retenue par Gamelin en 1940.
Comparaison n'est pas raison : la théorie de l'état-major en 1940 est que les Ardennes ne sont pas un terrain
pour les chars, une problématique bien différente de celle de 1914.
En 1914, on peut se borner à constater que les Ardennes ont coûté cher. (J'ai en tête un combat où une division française progressant sur une une route unique s'est trouvée encagée par la destruction d'un pont et partiellement détruite par l'artillerie lourde allemande. Je crois que c'est à la 4e armée.)