Effectivement, sur le sujet, il faut mentionner que les conditions de vie des civils dans les zones occupées étaient dures. Dans le nord de la France, elles peuvent même être considérées comme pire que dans la seconde. Outre les destructions, les militaires pouvaient saisir toute nourriture, ce qui pouvait être dramatique en hiver. De plus, comme en 1870, tout civil pris les armes à la main était fusillé sans autre forme de procès. Les Allemands étaient très attentifs à éviter de se laisser embarquer dans une guerilla, et réagissaient violemment.
Un autre aspect, c'est que cette violence était exploitée dans la propagande française, jointe à des exagérations comme les mains coupées des enfants.
Mais le plus important dans le sujet, à mon avis, c'est la notion que le peuple et l'armée forment un tout. On est en plein dans la doctrine de Clausewitz : guerre et politique sont liées. Donc, les dirigeants des États en présence sont conscients du fait que :
- Les mauvaises nouvelles du front sont mauvaise pour le moral des civils à l'arrière (d'où la censure)
- Une dégradation des conditions de vie est également mauvaise pour le moral des civils
- Si le moral des civils s'effondre, la guerre ne pourra plus être continué. C'est évident pour une démocratie. L'État-Major du Kaiser se croit protégé des soubresauts politiques en ayant verrouillé tous les moyens d'expression, mais le mécontentement dus aux années de privation et aux échecs militaires emportera le régime en entier
On pourrait rechercher des discours de l'époque décrivant la guerre comme l'affrontement de deux volontés. De là l'affirmation d'un général :
"Nous percerons le front quand nous le voudront".
Il faudrait voir si le blocus auquel ont été soumis les empires centraux a également été vu par les Alliés comme une arme stratégique pour affaiblir l'ennemi par l'arrière. En réponse, l'Allemagne a développé une industrie de l'ersatz alimentaire.
Enfin, je pense qu'il faut également mentionner l'attention portée sur les conditions de vie des soldats, là encore car leur moral est pris en compte. On n'est plus dans le registre "l'intendance suivra !", même si les Français, avec leurs tranchées de boue, sont largement en retard sur les Allemands avec leurs abris bétonnés (l'idéologie entre en ligne de compte : pour les premiers, on est dans le temporaire puisqu'il s'agit de récupérer le terrain perdu).
On notera tout de même les progrès médicaux, l'amélioration de la logistique, ainsi que la mise en place de relations - contrôlées - avec l'arrière, comme le courrier des marraines de guerres.