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Pétain, l'imposteur de Verdun
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Auteur :  Ormazd [ 26 Oct 2016 23:18 ]
Sujet du message :  Re: Pétain, l'imposteur de Verdun

De mémoire, 1916 m'avait paru pas mal... Cela fait longtemps qu'Historia n'a pas retenu mon attention: loin d'être bon, un tantinet sentimental et pas toujours fiable... Faget, "ce monsieur" est historien... Sa thèse est loin d'être mauvaise, mais peu connue des néophytes dont les connaissances se limite à l'avant, à l'histoire militaire et technique... Il use des sources et, comme tout historien qui se respecte, il révise les connaissances que l'on a ou croit avoir... Le titre après doit être vendeur surtout pour une revue non spécialiste

Auteur :  Huyustus [ 27 Oct 2016 22:39 ]
Sujet du message :  Re: Pétain, l'imposteur de Verdun

Jean-Marc Labat a écrit :
Citer :
Si, par malheur, en d'autres temps, en l'extrême hiver de sa vie, au milieu d'évènements excessifs, l'usure de l'âge mena le maréchal Pétain à des défaillances condamnables, la gloire qu'il acquit à Verdun, qu'il avait acquise à Verdun vingt cinq ans auparavant et qu'il garda en conduisant ensuite l'armée française à la victoire ne saurait être contestée ni méconnue par la patrie.


Je crois que de Gaulle a tout dit. Lors du cinquantenaire de la bataille de Verdun, les anciens combattants sont encore nombreux.


Quel style inimitable. On l'entend en le lisant.

Auteur :  Borsig [ 18 Nov 2016 16:08 ]
Sujet du message :  Re: Pétain, l'imposteur de Verdun

Avant de revenir plus en détail sur l'article de Le Naour, notons quelques phrases plus ou moins lapidaires :

Citer :
Non, Pétain n'est pas le vainqueur de Verdun. (p. 24)
[...]
Une gloire politique fabriquée de toutes pièces (p. 27)
[...]
En 1916, les politiques, Clémenceau en tête, rêvent de se débarrasser de Joffre. En tissant des lauriers à Pétain, ils préparent l'opinion à cette succession. (p. 28)

Auteur :  Liber censualis [ 27 Nov 2016 0:18 ]
Sujet du message :  Re: Pétain, l'imposteur de Verdun

Dans 1916, Le Naour évoque plutôt Castelnau et son action du 25 février venant rétablir le front de Verdun en désavouant le général Langle de Cary et en intronisant Pétain responsable du secteur, lequel, malade, n'a participé à rien ce jour décisif.

Auteur :  Liber censualis [ 27 Nov 2016 9:36 ]
Sujet du message :  Re: Pétain, l'imposteur de Verdun

Dans l'article, rien d'iconoclaste : Pétain est arrivé à son commandement après que Castelnau ait donné les ordres pour redresser une situation mise à mal par l'impéritie de Langle. Sa réputation a été forgée par des politiques désireux de faire pâlir l'aura de Joffre. L'historien lui reconnaît l'organisation plus humaine du front, avec la rotation rapide des unités via la voie sacrée. Il souligne qu'il n'a commandé le secteur "en direct" que 2 mois puisqu'il est vite "promu" par joffre (soucieux de le placardiser quelque peu), chef du GAC, et est remplacé par Nivelle (qui lui commandera 7 mois le secteur de Verdun). Il rappelle enfin que le GQG lui a constamment reproché son pessimisme, son obsession de la retraite, alors que la reprise du terrain perdu est à mettre au crédit d'un Nivelle plus combattif...

Auteur :  Pierma [ 27 Nov 2016 14:36 ]
Sujet du message :  Re: Pétain, l'imposteur de Verdun

Liber censualis a écrit :
Il rappelle enfin que le GQG lui a constamment reproché son pessimisme, son obsession de la retraite, alors que la reprise du terrain perdu est à mettre au crédit d'un Nivelle plus combattif...

On sait assez de quelle façon Nivelle reprenait le terrain.

Deux jours après la dernière offensive allemande, arrêtée devant le fort de Souville - le 11 juillet, je crois - Nivelle lance successivement deux attaques, à deux divisions chacune, sans préparation et sans préparatifs.
Résultats : lourdes pertes, gains nuls.

"C'est alors, nous dit Georges Blond, que Pétain sort de sa réserve de chef du GAC, et fait savoir que les offensives à Verdun seraient désormais décidées par lui, "en raison de l'importance des moyens dont disposent les chefs de groupements". On lui promettait pour l'automne les mortiers qu'il demandait pour Douaumont, il décida d'attendre en préparant le terrain - et en réduisant quelques saillants - pour une contre-offensive majeure à Verdun."

La contre-offensive, soigneusement préparée par Mangin - routes empierrées, positions d'artillerie camouflées, chemins remblayés et boyaux dégagés - était évidemment sous le commandement nominal de Nivelle, à qui fut porté le crédit de la reprise de la majeur partie du terrain, spécialement auprès des politiques, auprès de qui il avait "de bons couloirs", i.e. une bonne renommée.

Pour "l'obsession de la retraite" on savait que Pétain avait préparé un plan de repli en cas de submersion allemande atteignant Verdun. Il ne voulait être surpris en aucun cas, y compris celui-là. J'aurais tendance à dire qu'il faisait son métier. Mais le fait a été connu des politiques, qui lui ont collé cette étiquette de défaitiste. Savoir qui savonnait ainsi la planche à Pétain... :rool:

Auteur :  Faget [ 27 Nov 2016 16:51 ]
Sujet du message :  Re: Pétain, l'imposteur de Verdun

Oui, c'est ce que nous avons évoqué sur ce Forum : un état-major prépare d'avance des scénarios possibles pour éviter la surprise au cas où... Tout au moins devrait travailler ainsi sous l'impulsion d'un chef énergique. Notre histoire nous a montré que ce n'est pas toujours le cas. Bien évidemment ces travaux restent presque toujours dans les cartons, ce qui peut donner lieu à des critiques faciles et ironiques de la part de ceux qui ne savent pas. Les parlementaires dans le cas qui nous intéresse.

Auteur :  Pierma [ 27 Nov 2016 18:58 ]
Sujet du message :  Re: Pétain, l'imposteur de Verdun

Georges Blond rapporte que Poincaré avait été défavorablement impressionné par un exposé de Pétain, indiquant comme très difficile une reprise de Douaumont, alors qu'il montrait les lignes françaises à 400 m du fort. De fait une opération à préparer avec le plus grand soin, mais pour un non spécialiste ça paraissait être un manque de "mordant."

"Mordant est le mot à la mode. Nivelle, lui, a du mordant. Il ne dit pas "une contre-offensive ça doit se préparer". Il dit : une contre offensive ? Mais parfaitement ! Et après celle-là, une autre ! " :rool:

Auteur :  Pierma [ 27 Nov 2016 19:01 ]
Sujet du message :  Re: Pétain, l'imposteur de Verdun

Faget a écrit :
Oui, c'est ce que nous avons évoqué sur ce Forum : un état-major prépare d'avance des scénarios possibles pour éviter la surprise au cas où...

Oui, nous l'avons déjà évoqué. Il me semble que là quelqu'un exploite ce travail nécessaire pour montrer Pétain sous un mauvais jour.

Auteur :  bourbilly21 [ 28 Nov 2016 8:30 ]
Sujet du message :  Re: Pétain, l'imposteur de Verdun

Pierma a écrit :
Georges Blond rapporte que Poincaré avait été défavorablement impressionné par un exposé de Pétain, indiquant comme très difficile une reprise de Douaumont

Oui, il faut dire que Pétain était difficilement impressionnable par qui que ce soit
Lu chez Loustaunau Lacau et de mémoire
Conférence au front, au QG de Pétain et ses principaux subordonnés et visite de Poincaré
à l'issue de la conférence, Pétain s'adresse à Poincaré
M le Président, je vais renvoyer mes officiers rejoindre leurs troupes, avez-vous quelque chose à leur dire avant leur départ ? ?
Poincaré , pris de court, s'était tu
Conclusion de Pétain : messieurs, le Président de la République n'a rien à vous dire, vous pouvez disposer

Auteur :  Borsig [ 06 Déc 2018 13:43 ]
Sujet du message :  Re: Pétain, l'imposteur de Verdun

En février 2016, la revue Historia publie un article de Jean-Yves Le Naour : PÉTAIN, L'IMPOSTEUR DE VERDUN.

Citer :
Pétain, vainqueur de Verdun. L'affirmation a tant de fois été répétée qu'elle est devenue une vérité. Même la déchéance et la condamnation du maréchal pour trahison, en 1945, n'ont pas réussi à ébranler cette affirmation admise par tous, sans jamais être démontrée. Un siècle après les événements, il est temps de s'interroger sur cette vulgate qui ne va pas de soi. Non, Pétain n'est pas le vainqueur de Verdun. Dans la mémoire favorable au général Pétain, construite dans l'entre-deux guerre, le Picard apparaît comme un sauveur dès sa prise de commandement, le 25 février 1916 à minuit. Selon les souvenirs de son chef d'état-major, Bernard Serrigny, les officiers en position auraient été soulagés à l'annonce de sa nomination. Le commandant Pineau, qui fait lui aussi partie de son état-major, soutient même que la situation s'améliore immédiatement sous le coup de cette nouvelle, « comme par enchantement ». Pétain lui même se donne le beau rôle, se prétendant prédestiné puisqu'il écrit, dans La Bataille de Verdun, qu'il étudiait déjà les cartes de la région fortifiée avant que l'on ne fasse appel à lui. «Je considérais comme extrêmement probable ma désignation sur le front de Verdun», affirme-t-il. Or, cette figure du Pétain thaumaturge qui, par sa seule présence, rassurerait les combattants et redresserait les énergies, est une légende.

Auteur :  Pierma [ 06 Déc 2018 15:27 ]
Sujet du message :  Re: Pétain, l'imposteur de Verdun

Borsig a écrit :
En février 2016, la revue Historia publie un article de Jean-Yves Le Naour : PÉTAIN, L'IMPOSTEUR DE VERDUN.

C'est déjà cet article que vous avez utilisé pour lancer ce sujet.

Liber Censualis, qui l'a lu, en a fait un très court résumé un peu plus haut.

Auteur :  bourbilly21 [ 06 Déc 2018 17:55 ]
Sujet du message :  Re: Pétain, l'imposteur de Verdun

Conseils de lecture
Yves Gras (sa bio sur le général de Castelnau ou l'art de commander)
thèse de l'auteur : c'est Castelnau qui ordonne les premières mesures défensives, avant la prise de commandement de Pétain, qui n'a donc fait que suivre lesdites instructions et par là-même a privé Castelnau des lauriers...

Auteur :  Ormazd69 [ 10 Déc 2018 15:24 ]
Sujet du message :  Re: Pétain, l'imposteur de Verdun

Borsig, vos posts sont étranges, leur suivi surtout... Il en est de même pour votre argumentaire...

Citer trois phrases détachés de tout contexte, me paraît un poil saugrenu ! Chacune sont précédés et suivis d'autres. Pour avoir rencontré Le Naour comme lu plusieurs de ses livres, je sais qu'il n'est pas aussi lapidaire que vous le pensez. Comme tous historiens qui se respecte, il a des sources (vous n'en donnez pas) et, oui, il déconstruit le tissu mémoriel qui est une reconstruction à posteriori... Un de mes professeur et maître disait en substance, fort à propos, insistant et revenant sur le dernier mot (à vous de relire la définition et de revoir l'historiographie et l'épistémologie concernant la mémoire) : "un historien peut et se doit d'être "révisionniste"". Sans compter bien évidement, que l'Histoire est aussi un récit et que l'on use aussi d'effet rhétorique...

"Non, Pétain n'est pas le vainqueur de Verdun". (p. 24)
En cela, Le Naour n'a pas tort, avant la fin de la bataille Pétain n'est plus responsable de cette section du front, dont il n'a jamais été seul responsable et dont il n'a pas vu l'importance... Nivelle et Castelnau en sont les "moteurs"...
"Une gloire politique fabriquée de toutes pièces" (p. 27)
Oui, l'Histoire a ses mythes, construit pendant et après... En 14-18, la guerre est aussi une guerre de l'esprit. On ne va pas donner trop d'importance à des militaires trop peu républicain et qui ne sont pas dans le vent... On retire à certains et on donne à d'autre. Finalement, on redistribue largement les cartes... C'est le cas pour Verdun, d'autant que la propagande de Vichy a aussi œuvré dans l'histoire

Auteur :  nico86 [ 10 Déc 2018 16:44 ]
Sujet du message :  Re: Pétain, l'imposteur de Verdun

Ormazd69 a écrit :
"Non, Pétain n'est pas le vainqueur de Verdun". (p. 24)
En cela, Le Naour n'a pas tort, avant la fin de la bataille Pétain n'est plus responsable de cette section du front, dont il n'a jamais été seul responsable et dont il n'a pas vu l'importance... Nivelle et Castelnau en sont les "moteurs"...
"Une gloire politique fabriquée de toutes pièces" (p. 27)
Oui, l'Histoire a ses mythes, construit pendant et après... En 14-18, la guerre est aussi une guerre de l'esprit. On ne va pas donner trop d'importance à des militaires trop peu républicain et qui ne sont pas dans le vent... On retire à certains et on donne à d'autre. Finalement, on redistribue largement les cartes... C'est le cas pour Verdun, d'autant que la propagande de Vichy a aussi œuvré dans l'histoire


Ce point de vue est également partagé par Marc Ferro, il l'explicite très clairement dans ''Pétain en vérité''

Ce mythe Pétain, ayant permis la construction matricielle du régime de Vichy, perdure à tel point que encore aujourd'hui ce prisme historique est venu polluer la démarche mémorielle.

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