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Les planqués
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Auteur :  Roy-Henry [ 28 Nov 2005 16:22 ]
Sujet du message : 

Ungern a écrit :
Plusieurs réponses :

a) pou le tirage aux boules : c'est effectivement vrai ,mais "en dehors des périodes de mobilisation générale .


Ben non... ça n'existait plus en France depuis la loi sur le service militaire obligatoire de 1872.

Par contre, les Belges appliquaient encore jusqu'en 1911 ou 1912 la loi Jourdan. En gros, un sur deux des hommes non-mariés étaient astreints à faire leur remps sous les drapeaux.

Auteur :  Ungern [ 28 Nov 2005 17:08 ]
Sujet du message : 

Oui,oui,mais c'était avec un tirage au sort .
Si pas avec des boules,avec des numéros,mais c'était bien un tirage au sort .

Auteur :  Roy-Henry [ 28 Nov 2005 17:11 ]
Sujet du message : 

Ungern a écrit :
Oui,oui,mais c'était avec un tirage au sort .
Si pas avec des boules,avec des numéros,mais c'était bien un tirage au sort .


C'est ce qu'on vous dit: en Belgique, jusqu'en 1911 ou 12. Avec des boules ou un numéro, peu importe...

Ceci n'existait plus depuis 1872 en France.

Auteur :  Vitalis [ 14 Déc 2008 12:33 ]
Sujet du message :  La chasse aux embusqués

A partir de 1917 et de l'arrivée au pouvoir de Clémenceau une impitoyable chasse aux embusqués fut lancée. Auriez-vous des précisions sur cette aspect de l'histoire de la grande guerre ?
Les embusqués débusqués étaient-ils fusillés pour l'exemple, envoyés au front dans des bataillons disciplinaires ?
Quels étaient les moyens que l'on utilisait pour les chasser ?

Auteur :  Cuchlainn [ 14 Déc 2008 16:21 ]
Sujet du message :  Re: La chasse aux embusqués

Pas d'infos précises mais quelques remarques :

Citer :
Les embusqués débusqués étaient-ils fusillés pour l'exemple, envoyés au front dans des bataillons disciplinaires ?


Pourquoi fusillés ?
Un embusqué n'est pas un déserteur, c'est un homme théoriquement apte au combat qui a réussi à y couper par un moyen parfaitement légal : ajournement pour raison de santé, travailleur aux compétences jugées indispensables à l'arrière, affectation à un poste non combattant - l'embusqué type, aux yeux des poilus, c'était l'affecté au service automobile sur le secteur de Paris. On disait dans les tranchées qu'embusqué s'écrivait avec un A, le A qui formait l'insigne de ce service.

Dans ces mêmes tranchées, on reconnaissait aussi qu'on était pratiquement toujours l'embusqué de quelqu'un.
La chasse aux embusqués, ce sont les conseils de révision, qui reviennent sur des décisions officielles et légales prises en d'autres temps et affectent l'homme au service armé. Duhamel, dans un chapitre de "Civilisation", décrit l'un de ces conseils.
La guerre se prolongeant, les hommes manquant, on raclait les fonds de tiroir. Je me rappelle d'images où des soldats qui avaient déjà perdu une jambe parcouraient, en béquilles, un dérisoire parcours d'obstacles, une baderne ayant proclamé "Même un unijambiste peut faire son devoir". Heureusement, on n'alla pas jusque-là, mais je peux vous citer l'un de mes arrière-grands-oncles, grièvement blessé dans les Vosges en 14, puis à Souchez dans l'Artois le 14 octobre 1915, qui le 8 novembre 1916 fut tout de même jugé encore bon pour l'artillerie lourde. Il est mort de la grippe espagnole quatre semaines avant l'armistice.

Auteur :  Hélène [ 17 Mars 2009 15:50 ]
Sujet du message :  Re: La chasse aux embusqués

Un livre récent sur le sujet :
http://rha.revues.org/index6732.html

Auteur :  eulben [ 20 Août 2009 15:50 ]
Sujet du message :  Re: La chasse aux embusqués

Je déterre un peu le sujet.

Il faut bien définir de quoi l'on parle. Un embusqué est qqn qui va couper à son devoir par des moyens légaux, qui va s'arranger pour ne pas avoir un poste trop dangereux. On dirait aujourd'hui un planqué. Ceux-là n'ont pas eu de soucis puisque de toute façon, il faut bien des hommes à l'arrière.
Ceux qu'on a traqué, ceux sont ceux qui ont commis des des actes d'insubordination, c'est-à-dire quelqu'un qui ne se rend pas à son ordre de mobilisation sciement, pour différentes raisons (à l'époque, l'objection de conscience n'est pas reconnue), ensuite les déserteurs (ceux qui désertaient en présence de l'ennemis, abandonnaient leur poste ou ne revennaient pas de permission) et enfin ceux qui ont participé à des mutineries, les plus connues étant celles de 1917.
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, et meme s'il y a eut des fusillés pour l'exemple, on n'a pas fusillé systématiquement tous les mutins en 1917 sinon il aurait fallu passer par les armes une bonne partie de l'armée française. On a surtout éxécuté les meneurs. Il ne faut pas oublier qu'en 1917, les hommes font "la greve de la guerre", non pas par pacifisme, ils ne refusent pas le combat, et d'ailleurs les premières lignes sont toujours tenues. Ils ne veulent plus etre envoyés au casse-pipe dans des offensives aux gains assez limités et extremement meurtriers, et veulent une amélioration de leurs conditions de vie au front.

Auteur :  Cuchlainn [ 20 Août 2009 16:47 ]
Sujet du message :  Re: La chasse aux embusqués

Le mot d'ordre des mutins de 1917 c'est "on veut bien défendre les tranchées, mais on ne veut plus attaquer car c'est une boucherie inutile". D'ailleurs aucun des actes d'insubordination de cette vague n'a eu lieu face à l'ennemi.

Auteur :  eulben [ 20 Août 2009 17:25 ]
Sujet du message :  Re: La chasse aux embusqués

Globalement le pacifisme n'a que peut d'échos dans les rangs. Les hommes partent au front, non pas de gaité de coeur, il ne faut pas éxagérer, mais résignés et souvent résolus à accomplir leur devoir. On a souvent dépeint, à tort d'ailleurs, comme une corvée imposée au peuple par la hiérarchie militaire toute puissante et peu regardante quand aux pertes, mais il n'en est rien : au final l'insoumission n'a pas entravé le déroulement de la guerre.
Paradoxalement les poilus ne refusent pas de se battre, mais ils cherchent la fine blessure. Pour les plus déséspérés, certains n'hésitent pas à se mutiler volontairement. Outre le fait de se tirer une balle dans la main ou de se couper l'index droit, certains n'hésitent pas à employer des procédés assez extremes, comme se couper un pied. J'avais meme entendu que certains arrivaient à se procurer des morceaux de plaies gangrénés et à se les introduire sous la peau pour que ça s'infecte (mais je n'ai jamais trouvé d'autres infos à ce propos à ce sujet...). Dans un vieux numéro de l'Histoire, il est meme décrit une combine pour simuler la grippe, dans un courrier intercepté par la censure.
Bien entendu, les médecins militaires veillaient et ceux qui étaient pris était bon pour la cour martial. J'ai lu aussi (mais je ne sais plu où) que pas mal de soldats étaient victimes des "pieds de tranchées" si bien que ça en devenait suspect, et que de ce fait les officiers britanniques devaient vérifier que leurs soldats aient toujours des chaussettes sèches de rechange et étaient tenus pour responsables si un de leur soldat contractait ça. J'imagine que c'était pareil chez les français.

Auteur :  nico86 [ 07 Jan 2017 22:35 ]
Sujet du message :  Les planqués

Bonsoir à tous !

Je n'arrive pas à retrouver une évaluation du nombre des planqués et des civils non mobilisés, mais en âge de l'être, ayant réussi à passer à travers les mailles du filet.

Vous remerciant par avance

Auteur :  La mayral [ 08 Jan 2017 0:22 ]
Sujet du message :  Re: Les planqués

Intéressant, y a t'il eu un pourcentage élevé de planqués ? Je ne le pense pas ayant lu ou ouvrage sur l'égalité de la conscription dans l'arrondissement de Narbonne (Aude).
Au vu des chiffres les écarts entre ville et villages et moyenne nationale sont infimes voir inexistants.

Faut voir...........

Auteur :  Faget [ 08 Jan 2017 1:28 ]
Sujet du message :  Re: Les planqués

On peut toujours invoquer les raisons médicales qui dans de nombreux cas sont réelles, mais dans d'autres pouvaient être abusivement sollicitées.Je suppose Nico que vous ne pensez qu'à ceux qui restaient civils , mais il y a aussi le cas qui avaient une affectation militaire dans un organisme de la France profonde. Une telle armée avait beaucoup besoin de soutiens : dépôts, hôpitaux, services administratifs,etc...Tous les mobilisés n'étaient pas au front dans les tranchées. Bien sûr, dans ces postes , il devait y avoir en priorité des classes âgées ou bien des services auxiliaires, mais c'est un intéressant et vaste sujet d'étude.
Je crois me souvenir que dans le langage familier de l'époque ces planqués étaient appelés "les embusqués".

Auteur :  LCL_511 [ 08 Jan 2017 8:36 ]
Sujet du message :  Re: Les planqués

Tiens, et comment sait-on ce qu'est un "planqué" ? Je suis intéressé de savoir si un quelconque ministère (l'Intérieur ? Le Travail ?) en tenait une statistique précise, avec une catégorie spécifique coincée entre "employés" et "agriculteurs"...

Bien entendu, une armée de plusieurs millions de soldats, c'est un certain nombre au front, et un nombre peut-être même plus grand dans les soutiens, à l'arrière. Et pour lui fournir tout ce dont elle a besoin, ce sont des ouvriers qui font fonctionner les industries, et même des agriculteurs qui récoltent pour leur donner à manger.

Il y aura toujours des animosités : le fantassin dans la tranchée méprisera volontiers l'artilleur qui est à quelques kilomètres du front ou l'aviateur qu'il ne voit pas dans le ciel ; l'artilleur n'aura que critiques amères pour le tringlot qui ravitaille, jamais assez souvent et rarement quand les obus tombent, sa position ; le tringlot dira pis que pendre du gendarme, bien tranquille à faire la chasse au déserteur à l'arrière ; le gendarme jalousera l'employé du ministère de la guerre ; etc, etc.
Et dans tout ça, qui est planqué ? Peut-être bien personne.

Cela ne veut pas dire qu'il n'y en a pas eu, mais qu'on en tienne des statistiques, je pense que c'est faire preuve d'un optimisme béat sur la capacité des contemporains à ne pas réagir humainement et à prendre une hauteur bien difficile à atteindre lorsqu'on est les pieds dans la boue et l'âme dans la misère...

CEN EMB

Auteur :  nico86 [ 08 Jan 2017 11:34 ]
Sujet du message :  Re: Les planqués

La mayral a écrit :
Intéressant, y a t'il eu un pourcentage élevé de planqués ? Je ne le pense pas ayant lu ou ouvrage sur l'égalité de la conscription dans l'arrondissement de Narbonne (Aude)


Je le crois aussi !
Cependant au delà du nombre, sans doute ridiculement faible et de la difficulté à apprécier ce qu'est réellement un planqué, c'est le discours tenu et auto entretenu qui me semble intéressant.
L'embusqué devient véritablement l'antihéros et le faire-valoir du combattant. Il est tout à la fois lâche et imposteur, efféminé et concurrent direct des poilus devant les dames... On ne s'étonnera pas que, parmi les stigmates physiques qui lui sont accolés, l'absence de système pileux revienne.

Auteur :  Pouzet [ 08 Jan 2017 11:43 ]
Sujet du message :  Re: Les planqués

Il y avait me semble t-il une commission de députés chargés de la chasse aux embusqués.

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