Artaxerxès a écrit :
Je crois avoir lu quelque part que les Ottomans soutinrent de violentes révoltes en Lybie qui handicapèrent grandement les Italiens. Je crois même avoir lu que l'armée de la Sublime Porte intervint dans cette colonie, ce qui m'a semblé quelque peu étonnant, l'Egypte etant tenue par les troupes britanniques et la Méditerranée par la Royal Navy. Si quelqu'un pouvait confirmer, infirmer et/ou compléter ces quelques éléments, je lui en serais bien reconnaissant.
En furetant un peu partout, je suis tombé sur une page du "Quid" (1992, il me semble), qui, dans son passage sur l'histoire de la Lybie, expliquait qu'en 1915, un soulèvement arabe eut lieu dans la région de Misourata, à environ 300 kilomètres à l'Est de Tripoli. Ce soulèvement, qui s'étendit rapidement à la quasi-intégralité de la colonie italienne força ces derniers, manquant de moyens militaires suffisants, à évacuer la Tripolitaine, à l'exception toutefois des 2 plus grandes villes, Tripoli et Khoms. Au début de 1916, les Turcs reviennent (ma source taît les moyens mis en oeuvre par ceux-ci afin d'arriver à cette fin...), et les Allemands, qui avaient soutenu cette révolte en fournissant quelques armes aux insurgés se virent octroyés le droit de se servir du noyau de la révolution, Misourata, comme d'une base sous-marine.
Le Quid s'arrête sur ce point, mais j'aimerais vraiment en savoir plus...
J'ai également trouvé les traces d'une guerre acharnée en Afrique Orientale Allemande (l'actuelle Tanzanie) où le général allemand Paul Erich von Lettow-Vorbeck (20 mars 1870 - 9 mars 1964) réussit, avec seulement 12 000 hommes (dont une majorité d' "Askaris", c'est à dire de soldats indigènes), à tenir en respect pendant plus de 3 ans une armée britannique près de 3 fois plus nombreuse dès le départ, et qui croissait chaque mois: dès août 1914, il attaquait les positions anglaises en Afrique Orientale Britannique (actuel Kenya) et, entre le 2 et le 5 novembre 1914, se lança même à l'assaut d'un port allemand assiégé par les Anglais, Tanga, dont il réussit à faire lever le siège après en avoir écrasé les assiégeants, pourtant 8 fois supérieurs en nombre (1 000 Allemands contre 8 000 Indiens). Après cette victoire éclatante, il fut promu général et on lui donna carte blanche (malgré le fait qu'il avait ignoré des ordres directs de Berlin et du gouverneur de la colonie, Dr. Heinrich von Schnee, de ne pas se lancer à l'assaut sans avoir longuement préparé à l'avance). Lettow-Vorbeck décida alors de rassembler la maximum de troupes possibles (environ 9 000 Askaris et 3 000 Allemands), et commença à poursuivre les unités anglaises. Les 18 et 19 janvier 1915, cette attitude agressive déboucha sur une seconde bataille à Jassin, cette fois en Afrique Orientale Allemande, et qui fut également une grande victoire allemande. Mais, à la suite de ces victoires, Lettow-Vorbeck se rendit compte qu'il ne pourrait subvenir à de tels besoins en munitions et en hommes pour le reste de la guerre; il décida donc de recourir à la méthode de la guérilla. Pendant près de 3 ans, il conduisit de nombreux et victorieux raids en terre anglaise, que ce soit en Afrique Orientale Britannique ou en Rhodésie, et ce afin d'attirer et de fixer le maximum de troupes loin du théâtre de combat principal, l'Europe. L'Angleterre, qui ne voyait pas d'un bon oeil cette guerre et étaitinquiète des victoires que remportait Lettow-Vorbeck, accorda enfin de l'importance à ce front, et, en mars 1916, on expédia le général Jan Smuts à la tête de 45 000 hommes au Kenya. Patiemment, en se servant de manière ingénieuse du climat et de la topologie tanzanienne, Lettow-Vorbeck mina les ressources en hommes et en matériel de cette armée, sapant du même coup le moral des troupes britanniques. Mais l'Angleterre possédait des ressources humaines colossales, bien plus grandes que celles de l'Allemagne, et s'en servait afin d'ajouter davantage et davantage de troupes, forçant Lettow-Vorbeck à céder du terrain, bien qu'il le vendît chèrement: lors de plusieurs batailles, il infligea des pertes importantes aux Britanniques, comme lors de celle de Mahiwa, entre le 18 et le 23 octobre 1917, où Lettow-Vorbeck, désirant faire lever le siège de la ville homonyme, pulvérisa les lignes anglaises et causa la perte de près de 3 000 soldats britanniques, tandis que lui n'en perdait que 100. Mais le fort taux de blessés allemands (400, sur un total de 1 500 soldats) l'empêcha de maintenir son front malgré la victoire et, le 25 novembre 1917, il décida de faire retraite entièrement l'Afrique Orientale Allemande pour se ravitailler dans le Mozambique portugais, en traversant la rivière Rovuma qui les séparait. Après s'être emparé d'importantes quantités de vivres, d'armes et de munitions en territoire portugais durant tout l'an 1918 (d'ailleurs presque sans résistance, tant était forte la crainte qu'il inspirait), il voulut enfin prendre sa revanche sur les Anglais, en espérant soulager du même coup la pression exercée sur l'Allemagne par l'Entente à ce moment, c'est à dire en août 1918. Après avoir de nouveau pénétré en Tanzanie, il prit de court les Britanniques qui l'attendaient en faisant route vers l'Ouest et en perçant vers la Rhodésie. C'est alors, le 13 novembre 1918, soit 2 jours après l'armistice, que Paul von Lettow-Vorbeck infligea la plus lourde défaite jamais reçue par l'Entente en Afrique et obtint sa plus belle victoire en prenant avec seulement 8 000 hommes la capitale rhodésienne de Kasama, pourtant défendue par près de 25 000 soldats britanniques. Ce soir-là, alors que lui et les lieutenants sous ses ordres célébraient la victoire qu'il reçut une terrible nouvelle, qui le bouleversa profondément: 2 jours auparavant, à 11h du matin, le
Vaterland avait demandé l'armistice, cessant tous les combats. Après bien des atermoiements, Lettow-Vorbeck accepta de capituler avec son armée invaincue dans la ville même qu'il avait prise 2 semaines plus tôt, le 23 novembre 1918.
Il est assez incroyable de savoir qu'
aucun des soldats sous les ordres du général Lettow-Vorbeck ne déserta, durant toute la guerre, d'août 1914 à novembre 1918. Il est également remarquable de savoir que, bien qu'il n'eut sous ses ordres jamais plus de 12 000 soldats à la fois, il réussit à fixer entre 10 et 20 fois autant de soldats britanniques, et ce tout le long de la guerre.
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"Candida pro causa ense candido"
Carl Gustav Emil Mannerheim, héros national finlandais (1867-1951)