Dans les "Mémoires du Chancelier Prince de Bülow", on peut lire :
Citer :
En 1904 ou 1905, quelque temps avant sa mise à la retraite, Schlieffen et moi nous discutâmes la possibilité d'une guerre. Son avis était qu'en cas de conflit avec la France et la Russie, il faudrait tâcher d'abattre d'abord la France, et que pour y arriver, le chemin le plus sûr passait par la Belgique.
S'en suit un long passage dans lequel l'auteur explique qu'il ne serait pas prudent de violer la neutralité de la Belgique. Il cite à l'appui de sa démonstration un article de Bismarck publié quelques années plus tôt dans la revue "Post" de Berlin.
L'auteur décrit ainsi la réaction de Schlieffen :
Citer :
Le comte de Schlieffen — cette conversation ne troubla pas notre amitié — tourna plusieurs fois son monocle dans l’œil, selon son habitude, et fit : « Naturellement, c'est exact encore actuellement ; nous ne sommes pas devenus plus bêtes depuis cette époque. » Il était cependant enclin à penser, ajouta-t-il, qu'en cas de guerre, la Hollande verrait en nous son alliée naturelle contre l'Angleterre. Quant à la Belgique, il était peu probable qu'elle s'opposât par les armes à une entrée de nos troupes, elle se contenterait d'une protestation. Il croyait, au reste, que si une grande guerre éclatait, les Français et éventuellement les Anglais entreraient immédiatement en Belgique, ce qui nous donnerait toute liberté. J'insiste sur ce fait, qu'à ma connaissance il y avait, même au grand état-major, avant la guerre de 1914, des hommes qui ne considéraient pas la marche à travers la Belgique comme le bon moyen de battre la France, et qui, en tout cas, ne croyaient pas que ce fût l'unique moyen. Un de nos généraux les plus connus me dit après la guerre, que nous aurions mieux fait de ne pas prendre la route de la Belgique avec ses terribles conséquences politiques, et d'avoir recours à une autre combinaison.