Plantin-Moretus a écrit :
Puisque le débat porte maintenant sur les sources, rappelons 'dommage quand même qu'on doive le faire) que le Quid n’est pas une source, mais une compilation de sources, il y a une certaine paresse intellectuelle à s’en contenter.
Mais quitte à citer le Quid, pourquoi celui de 1999 comme le fait un participant plus haut ?
Le Quid est un très bon exemple d'infiltration par les négationnistes. Certains des articles correspondent exactement, mot à mot, à ce que Faurrisson à écrit sur le sujet. Ceci dure depuis 1997. Dans ces conditions, le Quid, peut-il encore être considéré comme une source fiable ?
Citer :
Au cours des années 2001 et 2002 le Quid a fait l'objet de poursuites judiciaires parce qu'il citait, parmi d'autres chiffres, l'« évaluation » grotesque, ridiculement basse, du négationniste Robert Faurisson à propos du nombre de victimes d'Auschwitz. Une première fois le Quid a échappé à la sanction en promettant de retirer cette évaluation de son édition 2003. Ce qui n'arriva pas et entraîna une seconde procédure. Le Quid promit de nouveau. Mais le problème va en fait bien au delà de la seule mention du chiffre de Faurisson. Ce que les associations n'ont pas vu est beaucoup plus grave. C'est de cela qu'il s'agit ici...
En préalable, il convient de rappeler que depuis plus de 55 ans, les historiens travaillent et avancent des évaluations du nombre de victimes d'Auschwitz. A l'Ouest, lorsque ces évaluations étaient le fruit de recherches spéficiques, la plupart des évaluations tournaient autour de 1 million de victimes. Aujourd'hui, le chiffre généralement accepté par la communauté historienne est de 1,1 millions de victimes dont 90% de Juifs, pour la plupart assassinés dans les chambres à gaz dès leur arrivée. En Pologne et dans le bloc communiste, suite à un calcul erroné d'experts soviétiques, c'est un chiffre de 4 millions de victimes (en majorité non juives) qui a été avancé. Pour un point sur cette évaluation et sur l'historiographie non communiste, voir :
http://www.phdn.org/histgen/auschwitz/b ... hwitz.htmlLe Quid a la particularité, depuis quelques années, de mentionner, outre un chiffre proche de celui accepté par l'historiographie occidentale, une série d'autres « évaluations » qui se termine par la mention d'un chiffre, extrêmement sous-évalué (mais non présenté comme tel) de Faurisson. Ce qui déclencha l'ire justifiée de quelque associations. Mais ce qu'aucune des associations qui ont poursuivi le Quid ne semble avoir remarqué, c'est que le chiffre de Faurisson n'était pas le seul problème dans le paragraphe en cause.
Citer :
Pourquoi les rédacteurs du Quid ont-ils décidé de donner une si longue liste d'évaluations qu'ils savent être erronées? Dans aucun autre cas, n'est dressée ainsi une évolution de l'historiographie du nombre de victimes d'un événement tragique. Aucun autre camp ne fait l'objet d'un tel traitement...
La première remarque qui saute aux yeux d'un esprit attentif c'est que la liste n'est absolument pas donnée dans un ordre chronologique, mais dans un ordre décroissant. Si l'on écrit la liste de dates des « évaluations » citées cela donne ceci: 1955, 1945, 1951, 1978, 1945, 1945, 1967, 1991, 1946, 1961, 1951, 1973, 1975, 1989, 1983, 1985, 1953, 1994. Aucune date n'est fournie pour le chiffre de Faurisson. Pourquoi une liste non chronologique alors qu'on prétend dresser un portrait historiographique?
Citer :
En réalité, c'est beaucoup plus grave: la liste est intégralement recopiée d'un texte de Faurisson de 1995 intitulé « Combien de morts à Auschwitz ». Ce texte se trouve reproduit dans l'ouvrage Robert Faurisson, Ecrits Révisionnistes (1974-1998), tome IV, Édition privée hors commerce, 1999, p. 1730-1740. On le trouve également sur internet. Ce texte était lui-même basé sur un tract négationniste d'avril 1990 comme on le verra plus bas. Nous proposons une page web où sont reproduits en vis-à-vis le passage du Quid et les passages du texte de Faurisson :
http://www.phdn.org/negation/quid/quidcomp.htmlCiter :
L'épigone de Faurisson qui a « rédigé » l'article pour le Quid n'a évidemment vérifié aucune des sources qu'il prétend citer. Il s'est contenté de recopier Faurisson. Il a d'ailleurs parfois procédé à des raccourcis par rapport à la « version originale ». C'est ainsi que Faurisson donne la source exacte de tous les chiffres qu'il avance (contrairement au rédacteur du Quid), quitte d'ailleurs à en falsifier le contenu comme dans le cas de Nuit et Brouillard. Faurisson cite bien l'ouvrage d'Eugène Aroneanu comme source des deux chiffres évoqués plus haut (ceux de Feigelson et de l'O.R.C.G). Faurisson ne prétend pas que Walesa aurait évalué seul le nombre de victimes d'Auschwitz. Mais c'est bien Faurisson qui sélectionne l'évaluation la plus haute jamais avancée par Höss, sans mentionner les autres, et c'est bien Faurisson qui fait débuter sa liste par son mensonge sur Nuit et Brouillard.
La conclusion est évidente: depuis 1997 au moins, le Quid a été infiltré par un négationniste qui a « placé » la prose de Faurisson à un endroit stratégique. Personne n'a vérifié.
Citer :
Le caractère tendancieux de la présentation du Quid, hors le constat du plagiat d'un texte de Faurisson, est évident dès que l'on fait l'effort d'examiner la liste des évaluations: son caractère décroissant et non chronologique, le caractère très vague des références, le mélange historiens, journalistes, survivants, négationnistes sont autant d'éléments qui devraient susciter la méfiance d'un esprit critique, mais ne sauteront certes pas aux yeux d'un candide.
La consultation d'éditions plus anciennes du Quid apporte des éléments supplémentaires au scénario de contagion. Dans l'édition de 1990, la seule mention de Faurisson se fait à la section « antisémitisme », dans un encart sur la LICRA, pour mentionner qu'il a été condamné pour diffamation pour avoir soutenu que « le mythe des chambres à gaz » était une « escroquerie sioniste ». (Quid, 1990, p. 559). Aucun bilan n'est spécifié pour Auschwitz. L'édition 1991 reproduit le même contenu. De même en 1992 et 1993.
L'édition 1993 voit, en plus de la mention de la condamnation de Faurisson, l'apparition d'un encart sur le « Mouvement dit "des révisionnistes" » (Quid, 1993, p. 739). La présentation est succinte et aurait pu être plus percutante, notamment en évitant de désigner le discours négationniste par le vocable de « thèse ». On peut déplorer l'utilisation de « révisionnistes » au lieu de « négationnistes » et l'absence de toute mention qu'il s'agit d'un discours mensonger et antisémite. Rien de bien grave cependant. Par ailleurs, un bilan chiffré du nombre de victimes d'Auschwitz apparaît qu'il convient de citer dans son intégralité :
« Auschwitz [Silésie, 1940, victimes 1,3 à 1,5 million (et non 4 à 8 comme avancé autrefois, la mention de 5 figurant sur les plaques déposées au pied du monument a été enlevée) dont selon F. Piper, Juifs 1,1, Polonais, 0,15, Tziganes, 0,023, prisonniers soviét. 0,015. 223 000 dép. ont survécu] » (Quid, 1993, p. 679)
On relèvera deux erreurs. Le chiffre de 8 millions de victimes n'a jamais appartenu à aucune historiographie, et c'est un chiffre de 4 millions (et non de 5) qui était mentionné sur les plaques et les monuments jusqu'en 1990. Quelle peut être l'origine de ces erreurs du rédacteur du Quid ? Impossible de répondre. Cependant, le reste du paragraphe ne présente pas de problème et surprend même le lecteur puisqu'il y a fait mention de F. Piper, l'historien qui a élaboré la meilleure estimation à ce jour. Cette présentation est à comparer évidemment à celle qui a court depuis 1997! Le contraste est saisissant.
Citer :
Le caractère malveillant, et négationniste, de cette évolution est tout à fait évident pour qui prend la peine d'examiner de près le contenu des versions successives du Quid au fil des années. Le Quid, infiltré par un négationniste bien informé et probablement proche des milieux négationnistes militants, sinon de Faurisson lui-même, s'est montré sur cette question d'une légèreté impardonnable.
C'est à des centaines de milliers d'exemplaires que les présentations frauduleuses et perverses de Faurisson ont été diffusées, par le Quid depuis 1997. L'opération négationniste en son sein avait cependant commencé trois ans plus tôt.
Voici l'analyse de cette évolution :
http://www.phdn.org/negation/quid/quid.html
et voici l'analyse comparée des 2 textes, celui du QUid et celui de Faurisson :
http://www.phdn.org/negation/quid/quidcomp.html
Pour moi, suite à ce constat, le Quid n'est pas une source fiable et valide.