Si je puis me permettre quelques réflexions sur l'affaire Toukhachevski et la fameuse purge militaire.
-la personnalité de Toukha., à part la fille de l'ambassadeur Davies qu'il taquine sur la liberté des femmes russes sous le bolchévisme, peu d'observateurs extérieurs sont très convaincus de la profondeur des opinions communistes de Toukha. Son profil est plutôt grand-russe et pour beaucoup qui l'ont connu en prison pendant le première guerre, il a rejoint les rouges plus par une sorte de patriotisme (unité russe malgré tout) que par conviction. C'est aussi une personnalité "difficile", assez arrogant et ces rapports avec d'autres responsables ne sont pas toujours très bons, pas seulement Vorochilov, mais aussi celui qui sera son successeur, Chapochnikov.
-Chapochnikov, on se penche rarement sur la personnalité de ce dernier, colonel dans l'armée du Tsar (Toukh. était lieutenant), il a activement participé à la pensée militaire des années 20-30 et son ouvrage Le cerveau de l'armée est resté une référence pendant plusieurs décennies en URSS. Il est aussi le "parrain" de celui qui sera sans doute le plus brillant des généraux soviétiques de la guerre: Vassilevski.
-la liquidation de Toukha. ne signifie pas la liquidation de toutes les théories nouvelles dans l'armée rouge (qui d'ailleurs doivent plus à Triandafillov qu'à Toukh.), ni la liquidation de toutes les compétences. Si les Russes s'interrogent sur l'emploi des blindés, c'est plus une conséquence de la guerre d'Espagne que de la purge, de plus Joukov à Khalkin-Gol utilisent ses blindés "à la Toukh." sans être liquidé...
-les chiffres de la purge militaire (voir Roger R. Reese, The Red Army and the Great Purges in J. A. Getty & R. T. Manning, Stalinist Terror, New Perpectives, Cambribge, 1993) me paraissent de nature à remettre en perspective ses effets délétères: 37.000 officiers (sur environ 300.000) sont arrêtés ou licenciés. 4.000 sont rapidement exécutés (Des généraux, mais ce sont proportionnellement les maréchaux, les colonels et les commissaires politiques qui sont les plus touchés), d'autres mourront plus tard, mais 13.000 sont réintégrés dès 1940. En 1941, l'armée rouge compte 680.000 officiers. Peut-on conclure de ses chiffres que ce sont les plus doués qui ont été liquidés? Ça me paraît difficile, on voit bien qu'au sommet des officiers qui feront preuve de capacités face à l'Allemagne n'ont pas été menacé par les purges.

L'acheminement de LENINE "en train spécial" à travers l'Allemagne vaut largement le "retournement" de VLASSOFF.