Lorsque, dans la nuit du 24 au 25 octobre 1917 (ancien calendrier), les gardes rouges dispersent le Gouvernement provisoire de Kerenski, presque aucune goutte de sang n'est versée.
Le Palais d'Hiver est pris facilement et Pétrograd tombe comme un fruit mûr aux mains de Trotski et de Lénine, tant le Gouvernement provisoire devenait impopulaire aux yeux de la population russe.
Des élections sont alors prévues, afin qu'une Assemblée Constituante donne de nouvelles institutions au pays et un peu partout dans le pays les
soviet urbains prennent le pouvoir - sur la base d'un programme d'un arrêt de la guerre et de la fin de la propriété privée, responsable de tous les maux du pays -, annonçant une nouvelle ère pour le peuple russe.
Pourtant, et cela très rapidement, Les
bolchevik victorieux doivent faire face à une contestation internationale, puisque les pays d'Europe ne reconnaissent pas leur régime et se déclarent solidaires du régime défunt.
Une série de mesures sont prises par Lénine et Trotski pour éviter toute reprise du pouvoir par les "contre-révolutionnaires" :
-Le lendemain de la prise du Palais d’hiver, les journaux « bourgeois » et « socialistes modérés » sont interdits de publication par le Comité militaire révolutionnaire de Petrograd.
-Avant la fin de novembre, le Comité Militaire Révolutionnaire de Pétrogard a créé les catégories d’ « ennemi du peuple » et de « suspect »; Lénine, le 28 novembre, officialise ces catégories dans un décret qui qualifie ainsi les membres dirigeants du parti cadet et décrète leur arrestation.
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le 1er décembre, Trotski annonce que la terreur va prendre forme et qu’il ne s’agira pas d’emprisonner mais d’exécuter les ennemis.
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le 6 janvier 1918, la troupe tire sur des manifestants favorables à l’Assemblée constituante : 20 morts
-printemps 1918 : fermeture définitive de tous les journaux non bolchéviques.
Une guerre civile entre "blancs" (regroupant les tsaristes, cadets, socialistes-révolutionnaires,
menchevik etc.) et "rouges"(
bolchevik et quelques anarchistes) fait alors rage dans l'ancienne Russie tsariste et les Occidentaux - surtout Français et Britanniques - envoient quelques contingents aider les "blancs".
Il se met, alors, en place un "communisme de guerre", qui n'épargne pas la population civile, en instaurant un climat de terreur à l'aide d'exécutions sommaires, déportations, usage de la torture et de "réquisitions" musclées, qui affamment les campagnes russes.
L'année 1921 marque la fin de la guerre civile et l'anéantissement des forces blanches.
Pourtant la politique de terreur menée par les
bolchevik continue de plus belle, provoquant des révoltes de la part de leurs plus chauds partisans.
Je cite pour illustrer cette politique un rapport de Toukhachevski dans la région de Tambov :
"Pour déraciner définitivement les Socialistes-Révolutionnaires et autres bandits, la Commission ordonne, dans les cas où l'on trouverait des armes cachées, de fusiller sur place sans jugement l'aîné de la famille. La famille qui aura caché un bandit dans sa maison est passible d'arrestation et de déportation, ses biens seront confisqués, l'aîné de la famille est fusillé sans jugement."
Signé : Le président de la Commission Antonov-Oséenko, le commandant en chef des troupes, Toukhatchevski.
Les marins de Cronstadt ne tardèrent pas à se soulever contre ce desptotisme et ce régime de terreur permanent :
""Camarades, nous construisons une belle vie nouvelle", disaient les communistes. "Nous démolirons le monde de la violence et nous construirons un radieux pays socialiste", chantaient-ils au peuple.
Qu'en est-il sorti ? Les meilleures maisons ont été prises pour en faire des sections où leurs bureaucrates se sont installés à l'aise et au chaud. [...]
A la place du précédent régime s'est établi un nouveau régime d'arbitraire, d'"amitié", de vol et de spéculation, un régime effroyable, où, pour chaque bouchée de pain, il faut tendre la main vers le pouvoir, où l'on ne s'appartient pas soi-même et où l'on ne peut aucunement disposer de soi-même. Un régime d'esclavage et d'humiliation."
Comité révolutionnaire des marins de Cronstadt, le 25 mars 1921.
Il faut ajouter à cet exemple, devenu célèbre, les nombreux soulèvements paysans contre le pouvoir de Moscou en 1921, qu'il mata dans une sauvagerie extrême. La famine qui s'en suivie fut responsable de près de 5 millions de morts.
Au regard de ces quelques exemples, on est en droit de se demander ce que la Révolution d'Octobre a apporté au peuple russe ? En quoi elle est le symbole d'un progrès quelconque puisque entre 1918 et 1922, il y a près de 9 millions de Russes qui sont morts dans diverses circonstances ; puisque son économie est totalement ravagée ; puisque le peuple souffre toujours autant, sans être entendu, toujours maltraité, humilié et torturé ?
Qu'est-ce qui a échoué devant tant de beaux discours ? Est-ce que les
bolchevik ont singé le régime tsariste en pire ? Avaient-ils prémédité ces conséquences ou est-ce le fruit de facteurs externes ? Pourquoi "cette nouvelle vie" ne semble pas avoir eu lieu ?
Merci d'avance pour votre participation,
duc de Raguse.