Concernant la sociologie des pacifistes français durant l'entre-deux-guerres, deux voies semblent se dégager principalement, d'une part les personnes ayant des idées de gauche (syndicalisme, SFIO, PC) comme Gabrielle Duchêne, compagnonne de route, et d'autre part les apolitiques comme Romain Rolland - cependant homme de gauche -, le "Zweig de France", qui cherchait, à la suite de Gandhi qu'il appréciait grandement, à organiser des actions non-violentes, des sortes de satyagraha. D'autre partPourtant, le pacifisme, de même qu'il transcende les générations (le pacifisme n'est pas la propriété d'une génération donnée), transcende de la même façon les clivages politiques, même si de fait, le pacifisme de droite, s'il n'est pas inexistant, semble marginal. Religieusement, le fondateur du Sillon, Marc Sangnier fut une figure importante, de même qu'Aristide Briand, l'apôtre de la paix comme on l'a surnommé, en politique. Antoine Prost a étudié l'antimilitarisme des Anciens Combattants, dont les deux principales associations étaient l'UNC (Union nationale des combattants, de centre-droit) et l'UF (Union Fédérale, de centre-gauche). L'apogée de ce mouvement des Anciens Combattants se serait en outre situé entre 1927 et 1930. C'est cela qui marque dans le pacifisme de l'entre-deux-guerres, son ampleur, qui explique en partie l'allégresse populaire dans laquelle un Daladier et un Chamberlain furent reçus respectivement en France et en Grande-Bretagne, à l'automne 1938 à l'issue de la conférence de Munich. Pour nombre de contemporains, la paix était sauvée, momentanément du moins. Plus tôt, l'érection d'environ 30 000 monuments aux morts, étudiés par Annette Becker, en perpétuant l'horreur de la guerre, devait en éloigner ceux qui les regardaient.
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