Dupleix a écrit :
Dans les années 20 et jusqu’en 1933, le SPD fait 20 à 30 % des voix
Certes, mais la SPD participe également à la construction de ce mythe - qui n'appartient pas uniquement à la droite conservatrice ou à l'extrême-droite allemandes. Le président Ebert (cité plus haut), entre autres, a également sa part de responsabilité.
Dupleix a écrit :
En réalité, sur le front Ouest, jusqu’à fin septembre 1918 il n’y a pas de désintégration du front.
Il faudrait nuancer : à la fin de l'été, de nombreux cas de désertion et d'indiscipline s'observent nettement. Le front ne se désintègre pas, mais le moral est souvent au plus bas. Les échecs des offensives du printemps, le prolongement des conséquences du blocus, l'incapacité du pouvoir à apporter des réponses à ces situations, font qu'un esprit révolutionnaire "couve". Mais à la différence de la construction réalisée ensuite, c'est après les défaites et non auparavant.
Dupleix a écrit :
Combien de ces soldats (à qui bien entendu le commandement se garde de donner des détails sur le désastre stratégique en cours) ont à ce moment-là la conscience claire que la défaite arrive ?
Le désastre est tactique avant tout. Au regard des contre-offensives alliées de l'automne, les Allemands sont repoussés partout et doivent bientôt avoir à l'esprit qu'ils devront défendre leur pays. Cela ressemble bien à une défaite, inéluctable. Là est le problème : les civils allemands n'ont jamais vu de soldats alliés pénétrer et occuper leur pays.
Sur ce ressenti différent de l'arrière peut prospérer pareille légende.
Dupleix a écrit :
N’est-il pas tentant d’interpréter les désertions, les grèves, les mutineries comme une trahison de l’arrière ?
Oui, à condition que l'état-major allemand ne reconnaisse pas publiquement que depuis le début du mois d'août il a perdu la guerre, que ce n'est qu'une question de mois pour que les Alliés entrent en Allemagne et marchent sur Berlin.
Chose qui n'a jamais été rappelée, même par la suite par le régime de Weimar - qui avait, certes, besoin de l'armée pour se maintenir.
La légende de Ludendorff et d'Hindenburg avait donc de beaux jours devant elle...