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Message Publié : 23 Mars 2013 22:27 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

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J'ajouterai que la négociation navale bilatérale de l'année précédente a du sérieusement donner à penser sur la volonté anglaise de remplir ses engagements envers la France en cas de conflit (et dans le cas de la Rhénanie, beaucoup pensaient qu'après tout, ce n'était que justice et que l'Allemagne ne faisait que récupérer un territoire injustement détaché de la nation... si la France avait mobilisé, il n'est pas impossible qu'elle se soit retrouvée sur le banc des accusés!)...
Pour revenir au sujet de la discussion, à cette époque ni la France ni l'Angleterre ne sont plus assez puissantes et il n'y a qu'alliées qu'elles peuvent espérer faire la loi sur le continent Européen.


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Message Publié : 24 Mars 2013 12:05 
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Georges Duby
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L'absence de réaction de la France à la remilitarisation de la Rhénanie en 1936 ne peut être imputée à la passivité anglaise car l'état d'esprit des gouvernements français est alors de ne pas intervenir.
Le 18 février 1936 le Quay d'orsay est informé par le ministère de la guerre (sic) qu' il est préférable de renoncer à envisager le maintien de " notre droit d'occupation de la zone démitiilarisée", ce qui risquerait de "nous faire jouer un rôle d'agresseur" (sic).
Lors de la remilitarisation, le gouvernement ne donne pas d'ordre, il demande à Gamelin ce que l'armée peut faire. Or, en raison des déclarations gouvernementales de 1935, le chef d'EM n'a rien préparé "parce que l'audace manque aux gouvernants comme aux généraux" (Dixit henry Dutailly, histoire militaire de la France).
On peut ajouter que Pétain joue l'absent en février - mars 1936 et qu'Hitler dira qu'ayant envoyé trois bataillons en Rhénanie, il aurait retiré "la queue entre les jambes" tout si la France avait marché.
Tout 1940 est déjà inclus dans l'inertie française de 1936.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 24 Mars 2013 12:39 
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Jean Mabillon
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Hitler se rend fort bien compte assez rapidement que France et Grande Bretagne ne feront rien l'une sans l'autre,il va même envisager pour résoudre la question un changement des alliances au moment de la succession dynastique avec Edouard VIII (lui qui déclarait"il n'y a pas une goutte du sang qui coule dans mes veines qui ne soit pas allemande") ....C'était en effet constitutionnellement très facile car le souverain choisit et nomme le Premier Ministre dans le parti qui a gagné les élections,il n'est pas obligé de choisir le chef du parti,il suffisait de sélectionner un groupe de membres du parlement favorables au national socialisme en jouant sur leur anticommunisme.Il y en avait beaucoup parmi les conservateurs et les libéraux très largement majoritaires.L'abdication mettra en échec ce plan.


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Message Publié : 24 Mars 2013 13:25 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

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Je crois que cette crainte de passer pour l'agresseur en cas d'intervention en Rhénanie n'est pas infondée. La PGM est déjà loin et l'opinion publique (la France exceptée) est favorable au rétablissement de l'Allemagne dans ses droits. Avec le recul, il est bien sûr facile de prôner l'intervention et le gouvernement de l'époque a sérieusement envisagé cette option. Vu l'attitude de la GB depuis le début des années 30 (l'Angleterre semble privilégier un ré-équilibrage des puissances sur le continent - comme à son habitude d'ailleurs - plutôt qu'une alliance renforcée avec la France), la France n'est en effet pas du tout assurée du soutient anglais (et les commentaires de Churchill montrent bien que cette crainte était fondée) et le risque de l'intervention (que nous savons minime aujourd'hui) est réel.
A moins bien sûr d'imaginer une France à même de faire seule la loi sur le continent (ce qui n'est jamais arrivé au cours de son histoire)...


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Message Publié : 24 Mars 2013 14:52 
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Philippe de Commines
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En fait, l'occasion manquée, c'est peur-être la guerre d'Espagne. Une intervention claire et bien orchestrée pour sauvegarder une république aurait pu nous attirer des appuis internationaux et diminuer l'influence soviétique (ce qui aurait tout au moins atténué la vision "rouges contre noirs").
Et peut-être que ça aurait ouvert les yeux à certains militaires sur la guerre moderne...


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Message Publié : 24 Mars 2013 15:57 
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Georges Duby
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Oui, mais l'affaire de la Rhénanie est quand même révélatrice. Hitler n'ayant envoyé que trois bataillons (propos de Jodl), il n'y avait pas besoin de la GB pour réagir. L' Allemagne de 1936 n'est pas celle de 1940. Hitler en est à ses coups d'essai et il dit lui-même qu'il se serait retiré de Rhénanie en cas de riposte. J'en suis persuadé ... en 1936.
Ce qui introduit le doute, c'est cette position française de n'intervenir qu'avec les anglais. C'est trop commode de fuir ainsi les responsabilités de puissance voisine de l'Allemagne.
En fait, l'accord anglais est un prétexte pour ne rien faire et ne rien faire est devenu viscéral dans les milieux politiques français mais aussi militaires, comme le montre le silence de Pétain, précisé par son collaborateur fidèle le général Conquet, Pétain prétendra qu'il n'avait pas été consulté et mieux que, présent au haut Comité de Défense du 11 mars, il remarqua que le coup de force de Hitler n'était pas à l'ordre du jour. D'où un silence qui montre déjà l' homme politique.

On voit bien que GB ou pas GB, les gouvernants de l'époque font des déclarations fermes en public mais, en fait, personne n'entend répliquer. Dire que l'accord avec la GB était un préalable est un prétexte. Ceci dit, la GB n'avait effectivement aucune intention d'intervenir contre l'Allemagne mais cela ne dispense pas de s' 'interroger sur ce qu'on en pensait du côté français et la réponse est: surtout ne pas bouger. Aucune pression réelle n'a été faite sur la GB.

Conclusion: en 1936, la France ne se sent plus comme une grande puissance malgré l'importance de son armée et de son économie et elle ne veut plus faire la guerre. La population ne le veut pas non plus, une minorité est même ouvertement pacifiste et entend empêcher la guerre. Cette minorité obsède les généraux qui craignent la mobilisation. Pétain était ainsi, qui évoque souvent la nécessité d'une reprise en main de la jeunesse. Weygand également qui met en cause la République et se croit encore au temps de l'affaire Dreyfus: on est avec ou contre l'armée dans son esprit. En 1940, les généraux penseront que de nombreux mobilisés ne sont pas surs et qu'on ne peut compter sur eux. Il y a de nombreux rapports en ce sens. D'où leur décision d'arrêter la guerre dès la percée de Sedan en incriminant les politiques.
Cet état d'esprit est déjà présent en 1936, pour différentes raisons j'en suis d'accord.

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Message Publié : 24 Mars 2013 17:20 
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Philippe de Commines
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Je ne nierai pas les tergiversations des politiques mais pour moi les militaires ont une responsabilité bien plus grande encore. Ils sont la caste qui a remporté la victoire et leur parole ne peut être mise en doute. Ils sont républicains mais surtout pas trop (voire un peu moins!). Pétain (j'attends les Américains et les chars) reste La Référence... Ca, c'est pour la France.
L'Angleterre de son côté joue un jeu plus que dangereux: à ne pas vouloir voir ce qui se passe en Allemagne, elle joue le jeu d'une Europe "équilibrée". Au contraire de la France, elle se croit capable de gérer la situation européenne toute seule. Cette diplomatie joue un rôle important dans les doutes de la France.
Même si nous savons aujourd'hui que l'Allemagne de 1936 est encore un requin sans dent, je ne suis pas convaincu que les politiques et les militaires de l'époque la voyait de la même façon. Et surtout, la crainte des retombées internationales dans le cas d'une intervention sur le sol allemand ne doit pas être sous-estimée.
Quoiqu'il en soit, je crois que nous tombons d'accord sur un point: dans les années 30, la France n'est plus la grande puissance révée par Louis XIV ou Napoléon!
Si je peux me permettre, une petite anecdote personnelle: j'étais à l'étranger et je discutais avec des amis américains (c'était dans le milieu des années 80 et les USA étaient alors au faîte de leur puissance). Nous refaisions le monde comme souvent après quelques verres et l'un des Américains m'a regardé, mi-sérieux, mi-moqueur et m'a dit "Vous les Français, franchement, vous n'êtes pas grand chose, à peine un point sur la carte et pourtant vous êtes tellement convaincu de votre importance et de votre place dans le monde que de facto, vous êtes une grande puissance!"
J'avais alors trouvé la reflexion un tant soit peu humiliante (mais bon, de la part d'Américains... :)) mais au final...


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Message Publié : 24 Mars 2013 18:10 
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Jean Mabillon
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1968/70-Londres- "Nos politiciens ne valaient pas mieux que les vôtres, ils étaient prêts à nous faire déposer les armes: heureusement, nous avons eu Churchill, nous avons écouté son discours, nous nous sommes dit: voila un vrai Anglais ! et nous l'avons suivi . Lui savait qui nous étions, pas les autres" J'ai toujours été surpris à cette époque par l'accueil fraternel que je recevais de la part d'Anglais qui avaient connu la guerre. Ce n'était pas du tout le cas des jeunes de mon âge qui pensaient que les Français n'étaient bons qu'à pleurer ou mettre la crosse en l'air......


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Message Publié : 24 Mars 2013 18:53 
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Blague anglaise :
- Pourquoi y a-t-il des arbres le long des routes françaises ?
- Pour que l'armée allemande puisse marcher à l'ombre !

On n'est pas sortis glorieux de cette débâcle là.

Sur 1936, une remarque et une question :
Remarque : une intervention militaire française aurait pu avoir des répercussions sur la politique allemande. Si Hitler doit reculer, il y a des généraux qui n'attendent que son humiliation pour le virer et prendre le pouvoir. (Ils ont fait l'erreur de prendre des contacts avec Londres - qui n'a pas exploité cette possibilité - plutôt qu'avec Paris.)

Question : en 1936, est-ce qu'il existe un traité défensif signé entre la France et l'Angleterre ?

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Message Publié : 24 Mars 2013 23:19 
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Philippe de Commines
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la réponse n'est pas si évidente que ce que je pensais! je vais y regarder de plus près. Tout ce que j'ai trouvé c'est que l'entente cordiale est toujours en vigueur (je ne sais pas si elle comportait un volet d'assistance mutuelle).
Je sais que les marines s'étaient partagées les taches (Mediterrannée pour la France, le reste pour l'Angleterre) mais je ne sais pas à quand remonte cet accord.


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Message Publié : 24 Mars 2013 23:40 
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cush a écrit :
la réponse n'est pas si évidente que ce que je pensais! je vais y regarder de plus près. Tout ce que j'ai trouvé c'est que l'entente cordiale est toujours en vigueur (je ne sais pas si elle comportait un volet d'assistance mutuelle).

Non, l'entente cordiale n'impliquait pas un engagement automatique des Britanniques.

L'ambassadeur français à Londres en 14 en a eu des sueurs froides. C'est l'entrée allemande en Belgique qui a mis fin au débat interne des Anglais.
Churchill n'avait pas attendu. Premier lord de l'amirauté il avait déclaré l'état de guerre pour la Navy et lancé son regroupement. - à Scapa Flow, je crois.
Churchill, déjà.

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Message Publié : 25 Mars 2013 8:22 
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Jean Mabillon
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Je crois que c'étaient les conventions de Locarno qui étaient en vigueur. La seule alliance est l'alliance franco belge dénoncée d'ailleurs sous Leopold III ,autrement l'intégrité des territoires définie à Versailles aussi bien allemands que français ou belge est garantie par la Grande Bretagne et l'Italie qui se doivent d'intervenir


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Message Publié : 25 Mars 2013 11:50 
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Georges Duby
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Les rapports entre la France et la GB n'ont pas donné lieu à ma connaissance (faible) à des dispositions contractuelles d'alliance en cas de troubles concernant un pays. La GB en est restée au traité de Versailles et à la SDN qui est la formule de sécurité par ses interventions en cas de conflit. Or les EU n'ont pas ratifié ce dispositif et la GB considère qu'elle est également libre d'apprécier sa réaction en cas de conflit. Locarno ne constitue pas je crois un accord de protection mutuelle.
C'est donc à vue que la GB apprécie les situations.
Par contre, s'est instaurée d'après ce que j'ai compris, une collaboration étroite entre les deux pays, qui se concertent en permanence. Ainsi quand Hitler envoie des troupes en Rhénanie, notre ministre des affaires Etrangères est à Londres en concertation bilatérale. Il y a probablement une décision décidant cette procédure de consultation bilatérale, mais quand et qui, sous quelle forme ? Informelle ? A voir.
Ce qui est certain, c'est que la GB, comme les EU, s'est dégagée du traité de Versailles et que la sécurité de la France pour elle relève de la SDN désavouée par son allié américain, donc de rien en fait ou presque rien.

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Message Publié : 25 Mars 2013 13:25 
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Jean Mabillon
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En1936 Hitler dénonce les accords du traité de Locarno et fait réoccuper la frontière face à la France et à la Belgique. France et Belgique d'après le traité sont en droit d'intervenir dans la zone démilitarisée allemande et d'après les conventions Grande Bretagne et Italie devaient accomplir leurs fonctions de garantie des accords,ce qu'elles ne font pas....... Tout marche de travers à partir de ce moment,la Grande Bretagne refusera même des conversations d'états majors jusqu'en 1938 et encore,à ce moment les français ne pourront avoir de contacts que par l'intermédiaire du général de la mission militaire en poste à l'ambassade de Paris......Il faudra attendre 1939 pour une amélioration de la situation de ce point de vue.


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Message Publié : 25 Mars 2013 15:18 
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Sir Peter a écrit :
la Grande Bretagne refusera même des conversations d'états majors jusqu'en 1938 et encore,à ce moment les français ne pourront avoir de contacts que par l'intermédiaire du général de la mission militaire en poste à l'ambassade de Paris......Il faudra attendre 1939 pour une amélioration de la situation de ce point de vue.

Perseverare diabolicum...
C'est proprement effrayant. D'où tenez vous cette information, Sir Peter ?
Avec Churchill, la Grande Bretagne revient décidément de très loin.

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